Directeur du Mondial du Bâtiment et de la division construction de RX France depuis 2014, Guillaume Loizeaud fait le point sur les évolutions du salon Batimat dans le temps et évoque ce qu’il ne faut pas manquer en 2022.
Qu’est ce qui vous a conduit à devenir directeur du Mondial du Bâtiment ?
Guillaume Loizeaud : J’ai fait toute ma carrière dans le secteur du bâtiment et de la construction, pendant 15 ans pour différentes entités du groupe St Gobain. Par formation et aussi par goût personnel, j’ai un fort attrait et une culture pour tout ce qui est développement et innovation. J’ai occupé dans le groupe St Gobain des fonctions marketing, développement, innovation ainsi que des fonctions de direction générale de business units. Quand l’opportunité s’est présentée, j’ai accepté de relever ce challenge parce que c’est un sacré défi : Batimat est le plus gros salon du bâtiment et de la construction au monde, c’est celui qui rassemble toute la chaîne de valeur, donc c’est un formidable laboratoire à 360° de tout ce qui se passe dans le monde. C’est cette dimension-là qui me passionne.
Quels sont les moments forts que vous avez vécus sur le salon ?
G. L. : Difficile de choisir, on vit des choses passionnantes. On travaille avec tous, on s’emploie à faire venir tout le monde, petits et grands. On a fêté les 60 ans de Batimat en 2019, c’était un grand moment. Je garde des souvenirs inoubliables de mes voyages à l’international comme en France à travailler avec les parties prenantes du secteur pour « construire l’avenir ».
Quelles évolutions avez-vous vécu sur les salons ?
G. L. :Jusqu’à 2010-2015, la démarche était de faire évoluer les produits pour qu’ils soient de plus en plus performants. Après 2015, le monde de la tech est entré en jeu, avec beaucoup de digital, de produits connectés ou connectables. On a vu arriver aussi la logique de plateformisation, ça a été une vague importante. Il y a eu vraiment une profusion d’innovation dans ce sens, ce n’est d’ailleurs pas fini. Mais aujourd’hui, et depuis 18 mois environ, on note une attention très forte et de plus en plus partagée par tous les acteurs, sur comment ils vont décarboner leurs produits, leurs solutions et leurs process. C’est le sujet de toutes les attentions aujourd’hui, et ce sera très visible sur le salon.
Et même le salon cherche à se décarboner ?
G. L. : On est le premier salon au monde de cette taille-là, tous secteurs confondus, à s’être mis dans cette logique de bilan carbone, et surtout à mettre en place un plan d’action qui permet de réduire le plus possible l’ensemble de nos émissions. On a terminé le bilan carbone prévisionnel en janvier 2022. Tout a été passé au crible selon la méthode scientifique : transport, énergie, alimentation, hôtel... On s’est fait accompagner par le cabinet Ecoact, spécialisé sur ce type de démarche. Nous sommes (en avril) dans la phase « plan d’action », en prenant point par point chaque sujet et chaque poste d’émissions pour identifier et mettre en oeuvre les actions de réduction. Le plan d’action sera mis en place d’ici le salon pour réduire ces émissions. C’est une démarche volontaire, et c’est important de le préciser parce que cela engendre beaucoup de contraintes, de coûts aussi.
Votre plus grande attente cette année ?
G. L. : Il y a une forte attente pour le retour des salons du Mondial du Bâtiment à la Porte de Versailles. C’était très attendu par le marché depuis 2013. Depuis mon arrivée j’ai toujours entendu ça. Nous l’avons annoncé il y a plus d’un an, et ça a engendré beaucoup d’enthousiasme. Cela a aussi permis le grand retour de plusieurs acteurs du secteur. Nous voulons en faire un grand événement avec une forte mobilisation de la filière. On veut en faire une édition exceptionnelle, en faire un grand moment de célébration.
Après la pandémie qui vous a forcé à reporter le salon d’un an, nous nous trouvons en pleine crise des matériaux et en plein conflit en Europe. Le Mondial du Bâtiment est-il affecté par tout cela ?
G. L. : Cela nous concerne beaucoup. Ça a mis le sujet de la souveraineté des approvisionnements de matières et d’énergie sur le devant de la scène. Ça met toute la chaîne en tension, et ça va accélérer l’émergence de nouvelles solutions. Pour nous ça ne fait que confirmer la nécessité pour tous les professionnels d’aller beaucoup plus vite sur tous ces grands sujets. L’intérêt d’avoir un événement qui les rassemble tous et qui leur permette d’échanger, de découvrir de nouvelles solutions, d’accélérer les collaborations, est d’une utilité sociétale.
Les grandes thématiques du salon n’ont pas besoin d’être changées, elles sont devenues encore plus importantes qu’avant. Mais nous donnerons un peu plus de place à des sujets comme l’inflation des matières premières et les chaînes d’approvisionnement.
Votre vision du salon à long terme ?
G. L. : Je pense que nous devons aller jusqu’au bout de ce qu’on a entrepris. De mettre en place des marques qui permettent de continuer à inspirer, animer, donner la parole, rassembler les communautés mais toute l’année. C’est un sacré défi, on commence à y travailler. On parle de passer du format d’un événement qui dure 4 jours tous les deux ans à des marques qui rassemblent les communautés toute l’année. Cette stratégie là prend tout son sens aujourd’hui.
Pour l’édition 2022, quel conseil donneriez-vous à quelqu’un qui n’a que peu de temps sur le salon, quels endroits à ne surtout pas manquer ?
G. L. : Sur Batimat, je lui conseillerai d’aller voir l’espace low-carbone construction ainsi que le secteur hors site. Ce qu’il va y avoir sur ces espaces préfigure vraiment le marché de ces cinq prochaines années.
Source : batirama.com / Propos recueillis par Emilie Wood