L’IAA Transportation de Hanovre est le plus grand salon des camions et utilitaires du monde. L’électricité devenue hégémonique, anime la quasi-totalité des nouveautés présentées sur place.
Hanovre est une ville allemande moyenne, située à une grosse centaine de kilomètres au sud de Hambourg. A priori, rien ne prédestine cette capitale régionale à abriter le IAA Transportation, le plus grand salon mondial des camions et utilitaires. Rien ? Pas tout-à-fait quand même. La ville est en effet, le site historique de Volkswagen Utilitaires qui y possède une très grande usine. C’est là qu’est fabriquée l’ID.Buzz, le nouvel utilitaire électrique du groupe allemand.
Sur place, le parc des expositions impressionne par son gigantisme. Paris et la Porte de Versailles n’ont qu’à bien se tenir. Le campus comprend une vingtaine de halls dont certains paraissent aussi vastes que la gare de Lyon. Il le faut puisqu’ils doivent accueillir des VUL certes, mais aussi des camions et toutes sortes d’engins spéciaux qui sont à l’automobile ce que l’Everest est à la Butte Montmartre. Et pourtant, malgré le gigantisme des installations, les plus imposants de ces engins, les grues notamment, restent à l’extérieur. Déployés, leurs bras, leurs mas perceraient les plafonds des halls pourtant haut comme des cathédrales.
Trop hauts, certains camions sont exposés à l'extérieur. ND
L’électricité toute-puissante
L’avenir de l’auto apparait désormais clairement électrique. Les VUL y viennent eux-aussi. Les artisans doivent s’y préparer. L’édition 2022 du salon de Hanovre, rendez-vous bisannuel, dont l’édition 2020 a été annulée pour cause de Covid, ne laisse plus aucun doute. Et même si Heinz-Jürgen Löw, président de Renault VU, affirme que le marché est encore embryonnaire en Europe, le mouvement est lancé. Les constructeurs d’utilitaires se ruent sur les bornes. Quasi-toutes les grandes nouveautés présentées à Hanovre font en effet le plein à la prise. Sur les stands, les modèles diesel sont vraiment discrets (doux euphémisme). C’est à croire que ce carburant a disparu.
Renault
Le Trafic électrique, la grande nouveauté de Renault. © ND
Le Losange possède un vaste stand. "Nous avons initié le concept du VUL électrique sur le Kangoo voilà 11 ans, bien avant nos concurrents", rappelle Heinz-Jürgen Löw. "Nous nous devons d’occuper le terrain. Aujourd’hui, on sent que la demande est forte aussi sur les VUL moyen. Pour y répondre, Renault lance le Trafic E-Tech Electric", se réjouit le responsable. Il s’agit d’un Trafic électrifié qui sera commercialisé début 2023. A noter que charge utile et volume utile sont identiques à la version thermique. La chaîne de traction est composée du moteur de 120 ch (90 kW) de la Kangoo E-Tech et de la batterie de 52 kWh du Master E-Tech. Résultat, les performances sont un peu justes. Ainsi, avec 240 km d’autonomie, cette nouveauté fait certes mieux que bien des VUL allemands zéro émission mais moins bien que les modèles de Stellantis. Un e-Jumpy Citroën notamment, est donné pour 330 km d’autonomie. Avec l’arrivée de ce VUL, toutes les gammes utilitaires du Losange disposent désormais d’une version aux Watts.
Le stand accordait aussi une belle place à la motorisation hydrogène avec les propositions de Hyvia. Cette co-entreprise réunissant Renault et Plug Power, un spécialiste des solutions clés en main de pile à combustible à hydrogène, a déjà développé trois Master H2-Tech hydrogène. Ils sont en test sur des flottes partenaires.
Ford
Le Ford Transit Custom. ND
Juste à côté de Renault, le stand Ford met à l’honneur le nouveau Transit Custom. Ce fourgon moyen, attendu pour 2023, est présenté en version diesel et électrique E-Custom. Cette dernière offre une autonomie de 330 km, identique à celle des VUL moyens électriques de Stellantis déjà commercialisés. Sur place, le Transit E-Custom est notamment présenté en version cabine approfondie. A noter qu’une version hybride animée par un bloc 2,5 l essence, devrait voir le jour avec une autonomie en électrique frôlant les 60 km.
Ford expose de multiples versions du grand E-Transit déjà commercialisé. Le constructeur dévoile aussi, les nouveaux pick-up Ranger et Ranger Raptor.
VW
Grande nouveauté du salon, l'ID.Buzz de VW inspire les carrossiers. © ND
La star de l’IAA c’est bien sûr l’ID.Buzz Cargo, premier VUL 100 % électrique développé par Volkswagen. Il vient de remporter le prix convoité de “International Van of the Year 2023”. Ce nouvel utilitaire moyen joue sur ses terres puisqu’il est fabriqué à quelques encablures du salon. Il est basé sur une plate-forme spécifiquement dédiée aux motorisations wattées. Le stand VW, le présente en d’innombrables définitions de carrosseries : caisse rapportée, benne, fourgon aménagé pour artisans... Mais on le retrouve aussi au détour des stands des nombreux carrossiers allemands.
Volkswagen présente aussi son nouveau pick-up Amarok qui doit être lancé en 2023.
Iveco
L'Evetta délicieusement vintage. ND
L’E-Daily électrique est la grande nouveauté transalpine du salon. Le nouveau venu disponible en fourgon ou châssis n’a plus grand-chose à voir avec les produits précédents pas très compétitifs. Iveco annonce une belle autonomie de 400 km en cycle urbain. Le nouveau VUL, proposé en fourgon ou châssis-cabine à carrosser, est animé par un moteur de 190 ch au couple maxi de 400 Nm. Les PTAC vont de 3,5 à 7,2 tonnes et la vitesse de pointe est limitée à 120 km/h. Comme Renault, le stand italien laisse une place à l’hydrogène avec un Daily fuel cell, motorisé par une pile à combustible d’origine Hyundai. Il est doté de six réservoirs pouvant emporter 12 kg en tout pour une autonomie de 350 km.
De nombreux petits véhicules urbains électriques font leur apparition, destinés à contourner les restrictions de circulation de type ZFE notamment. Ils se présentent souvent sous la forme d’engins rudimentaires dérivés du vélo. D’autres plus élaborés se classent dans les voiturettes. Le plus charmant d’entre eux est sans conteste Evetta vintage à souhait. Cette mini-auto à roue arrière jumelée singe l’Isetta BMW des années 50. Elle en reprend son architecture originale à unique porte s’ouvrant comme celle d’un frigo. Charmant !
Le E-camion du futur
Un camion à pantographe destiné aux futures autoroutes électriques. ND
Pour finir, penchons-nous un instant sur les camions, même si ce n’est pas notre propos prioritaire. Deux technologies encore en test pourraient se retrouver sur les futurs VUL. L’Allemagne est engagée depuis quatre ans, dans l’expérimentation d’autoroutes électriques. A Hanovre, on croise quelques tracteurs pour semi-remorque, au toit accueillant un pantographe rappelant les bois de quelque gros animal étrange. En fait, avec cet équipement rétractable, ces camions électriques ou hybrides captent l’électricité via des caténaires installées le long de la voie de droite. Ils peuvent rouler sans polluer et sans puiser dans leur batterie. Ce système recycle le principe du bon vieux Trolleybus.
En résumé, le rendez-vous de Hanovre montre que le secteur des utilitaires est lui-aussi engagé sur la voie de l’électricité. Il va falloir s’adapter.
Source : batirama.com / Nicolas Dembreville