Des innovations pour plus de sécurité sur les chantiers : Moten Technologies (2/4)

Pour le 2e article de notre série sur les nouvelles solutions sécurité chantiers, voici Moten Technologies, une start-up sélectionnée par le comité de sélection santé et prévention de l'OPPBTP, présentée à Batimat.

Il s'agit d'un petit capteur qui se pose directement sur le muscle ciblé. Il enregistre les efforts musculaires réalisés par la personne qui le porte, dans le but d'identifier les risques de troubles musculosquelettiques (TMS) et de les réduire.

 

C'est Maxime Projetti, ingénieur en micro-électronique, qui a inventé le concept et a créé l'entreprise Moten Technologies en 2018. Le capteur fonctionne en enregistrant les vibrations produites par les muscles pendant l'effort. En effet, lorsque ces derniers se contractent, les fibres se raccourcissent et frottent, produisant un son d'une plage de fréquence particulière. L'intelligence artificielle embarquée vient filtrer les autres sons afin de ne retenir que ceux des frottements. Leur analyse permettra de déterminer le degré d'intensité de l'effort produit.

 

La mission de Moten technologies est donc d'aider les entreprises à identifier les tâches et travaux les plus pénibles physiquement afin de trouver des solutions pour les adapter afin de préserver la santé des collaborateurs. Parmi les clients de cette jeune entreprise, on compte déjà Eiffage, Bouygues Construction et Spie.

 

Le capteur, non invasif (puisqu'il est simplement posé sur la peau à l'aide d'un adhésif), va calculer directement le degré d'effort et de fatigue musculaire de la personne en activité. Le capteur transmet les données à une plateforme d'analyse qui mesure les efforts fournis par le corps. L'intelligence artificielle délivrera ensuite une analyse complète, heure par heure.

 

© Moten Technologies



Cette analyse sera ensuite complétée par le travail des ergonomes qui, sur place, observent le travail effectué afin de mieux comprendre les moments clés où les efforts effectués sont trop intenses. Ainsi, l'analyse de la data obtenue, complétée par l'observation de spécialistes, permettra de mettre en place des solutions pour l'entreprise cliente.

 

 

Raoul Villeroy de Galhau, responsable commercial à Moten technologies, expliquait le fonctionnement de ce petit capteur noir au salon Batimat à Paris, à l'occasion de la présentation du comité de sélection santé et prévention de l'OPPBTP le 4 octobre 2022. © Emilie Wood

 

 

Raoul Villeroy de Galhau, responsable commercial de Moten technologies, explique : "Les capteurs sont posés sur les compagnons juste avant qu'ils effectuent leurs tâches. Selon le cas, on peut avoir besoin d'une analyse de courte durée (20 minutes, une heure) ou beaucoup plus longue (analyse de l'activité sur une demi-journée ou une journée complète). Parfois, on a des surprises, il arrive que les méthodes de sécurité habituellement conseillées ne soient pas forcément les moins risquées." Par exemple, lorsqu'on analyse une même tâche avec ou sans l'utilisation d'un exosquelette, on peut dans certains cas constater que l'exosquelette ne fait que déplacer le problème ailleurs (sur le dos par exemple).

 

 

Analyser ce qui fait le plus mal

 

 

Pour le compte d'Eiffage, Moten Technologies a analysé trois métiers : celui de coffreur, de bancheur, et de maçon finisseur. "Par exemple, lorsqu'on a analysé le métier de bancheur", relate Melki Andres, directeur commercial de Moten Technologies, "les compagnons nous affirmaient que toutes leurs tâches leur faisaient mal. Dans le métier, nous avons comptabilisés une cinquantaine de tâches. En les analysant, on a pu identifier les cinq tâches les plus problématiques. L'une d'entre elle est l'utilisation du marteau piqueur. Or souvent, l'utilisation du marteau piqueur n'est nécessaire que lorsqu'il y a eu des erreurs sur le chantier. Nous avons donc réfléchi à une meilleure organisation et une meilleure communication sur la journée de travail. En favorisant une meilleure communication, on limite les erreurs et le besoin de recourir à cet outil. Une autre tâche douloureuse pour les compagnons : ramasser les outils au sol. Souvent, sur les chantiers, il n'y a pas de tables et tout est posé à même le sol, souvent de manière désorganisée. On a été capable de limiter le recours à cette tache en préconisant l'installations de tables pour poser le matériel de manière plus organisée." 

 

Eiffage a monté un plan d'action pour 2022 basé sur les conclusions de cette étude, qui comporte à la fois des solutions techniques et organisationnelles.

 

Pour Bouygues Construction, une étude de Moten Technologies a permis de comparer l'utilisation de différents outils. Pour Spie, c'est l'analyse du poste de maintenance de chaudières, et la comparaison de différentes stratégies de déplacement de matériel lourd qui a été effectué. Toujours avec une recherche de solutions pour les taches les plus physiques.

 

"Je peux vous le dire sans trembler, on trouve toujours des solutions", a conclu Raoul Villeroy de Galhau à Batimat.

 

Pour plus d'informations, rendez vous sur le site de l'entreprise.



Source : batirama.com / Emilie Wood

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