Idex, le plus petit des gros du chauffage urbain

Idex développe et exploite des réseaux de chauffage urbain, exploite des installations thermiques et des bâtiments, produit de l’électricité à partir de biomasse, etc…

Les réseaux de chaleur et de froid urbains ont le vent en poupe. Le gouvernement encourage leur développement, l’Ademe soutient financièrement la création de nouveaux réseau et l’extension des réseaux existants.

 

Début novembre, sera publiée l’enquête annuelle sur l’état des réseaux de chaleur et de froid en France, réalisée par le Syndicat national du chauffage urbain et de la climatisation urbaine (SNCU). L’an dernier, 798 réseaux de chaleur et 24 réseaux de froid en France ont répondu à l’enquête du SNCU. En attendant l’enquête 2022, il est intéressant de considérer de plus près les acteurs des réseaux de chauffage et de froid urbains.

 

 

De très gros acteurs

 

 

Ce sont largement de très grandes entreprises. Le groupe Engie, par exemple, exploite 250 réseaux de chauffage et de froid urbain en France et environ 420 dans le monde. Engie exploite notamment la CPCU, le réseau de chaleur de la capitale, ainsi que Climespace, le réseau de froid parisien. Dalkia, filiale d’EDF à 100% depuis 2014, exploite quant à lui environ 330 réseaux de chaleur et de froid urbains.

 

Le troisième acteur reste Véolia. Même si l’entreprise s’est défaite de ses réseaux de chaleur aux Etats-Unis, elle gère encore plusieurs centaines de réseaux de chaleur et de froid. Le quatrième acteur en France est nettement plus petit. Il s’agit d’Idex. Nous avons rencontré Benjamin Frémaux, président d’Idex depuis décembre 2019. L'acteur suivant est le groupe Coriance, dont les 420 collaborateurs de Coriance exploitent et développent 39 réseaux de chaud et de froid, dont l’un des plus gros de France, celui de Cergy Pontoise.

 

Le Chiffres d'Affaires de Coriance atteint 325 M€. le groupe exploite 39 réseaux de chaleur et de froid, soit 408 km de réseaux. 65% de la chaleur et du froid produits sont générés par des énergies renouvelables et de récupération.

 

 

Comparativement aux trois entreprises précédentes, Idex est relativement petit. Mais nettement plus agile, revendique Benjamin Frémaux. Aujourd’hui Idex exploite 41 réseaux de chauffage et de froid urbains, 13 UVD (aussi bien des incinérateurs que des sites de méthanisation) et gère un grand nombre de contrats de facility management pour toutes sortes de clients. ©Arnaud Kehon

 

 

Une courte histoire d’Idex

 

 

Commençons par un petit retour en arrière. En 1963, Georges Planchot crée "L’industrielle de chauffage", rebaptisée Idex en 1970. Assez rapidement, l’entreprise combine l’exploitation technique des bâtiments – le facility management –, l’exploitation de réseaux de chaleur urbains et les énergies renouvelables. En 1980, par exemple, elle crée sa première usine de géothermie profonde pour le réseau de chaleur de Mée-sur-Seine.

 

Dès 1990, Idex installe le premier parc éolien français à Port-le-Nouvelle, avec la Compagnie du vent. La même année, elle ouvre sa première "Unité de Valorisation des Déchets" - UVD, on ne dit plus incinérateur – à Sarcelles et sa première usine de méthanisation des déchets ménagers à Amiens.

 

Les premières chaufferies biomasse apparaissent au début des années 2000 dans les actifs d’Idex et l’entreprise crée MUST pour la maintenance multiservices des bâtiments.

 

 

En 2001, Enertherm, filiale d’Idex, devient concessionnaire du réseau de chaleur et d’eau glacée de La Défense. En 2006, Idex remporte l’exploitation et la maintenance du réseau de chaleur et de froid de Seguin Rives de Seine, le plus grand éco-quartier de France à Boulogne-Billancourt. ©PP

 

 

 

 

En 2011, Idex, aux côtés de la Caisse des Dépôts et d’éleveurs locaux investit pour créer Geotexia, une unité de méthanisation dans les Côtes d’Armor. En 2018, Idex, qui était toujours une société familiale, est acheté par le groupe Antin Infrastructure Partners, un fonds d’investissement.

 

En 2020, Idex acquiert Sylvania, la centrale de production d’électricité à partir de biomasse, installée à Brignoles dans le Var. Enfin, en 2022, Idex a repris une grosse unité de valorisation de déchets à Villers-Saint-Paul dans l’Oise près de Compiègne.

 

 

Un acteur local et aussi vert que possible

 

 

En 2018, l’excédent brut d’exploitation d’Idex atteignait 75 M€, il a augmenté à 120 M€ en 2022 (l’exercice annuel d’Idex est clos au 30 septembre) et devrait parvenir à 150 M€ en 2023.

 

Idex est, en France, le dernier acteur présent sur toute la chaîne de l’énergie, depuis sa production jusqu’à son utilisation au plus juste chez ses clients. L’entreprise croît en la convergence entre l’énergie, les déchets, les déchets de bois, le bois tout court, …

 

Quand Benjamin Frémaux dit que les déchets deviennent une ressource pour la production de chaleur, de vapeur, d’électricité, il y croît manifestement. D’ailleurs Idex va investir 111 M€ sur le site de Villers-Saint-Paul. D’une surface de 10 hectares, il abrite pour l’instant un centre de tri d’une capacité de 75 000 tonnes/an, une plateforme ferroviaire et un Centre de Valorisation Énergétique (CVE) avec deux lignes de traitement des déchets de 178 250 tonnes de capacité annuelle.

 

Idex va y construire une troisième ligne de traitement de déchets (80 000 t/an) à haut pouvoir calorifique (HPCI), pour une production d’électricité, vente de vapeur à la plateforme chimique d’Arkema voisine et vente de chaleur à 2 900 foyers de la commune de Nogent-sur-Oise.

 

Un second groupe turbo-alternateur, d’une puissance de près de 10MW, permettra d’atteindre un très haut niveau de production électrique. A l’issue de ces travaux, le coût du traitement des déchets, qui s’élève à 103€/t en 2021, a baissé à 75 €/t en 2022 et atteindra 64 €/t en 2023. En même temps, le CVE de Villers-Saint-Paul sera raccordé aux réseaux de chaleur de Nogent-sur-Oise, Montataire, Creil et Villers-Saint-Paul avec un prix garanti de la chaleur de 18,43 €/MWh.

 

Ces développements à Villers-Saint-Paul illustrent l’approche d’Idex qui se voit comme un acteur complet de la valorisation locale des déchets et des ressources énergétiques locales et un participant très actif dans la transition énergétique.

 

 

Partout où c’est possible, Idex convertit ses chaufferies urbaines à l’utilisation de combustibles verts et renouvelables. Au second trimestre 2023, par exemple, le réseau de chaleur et le réseau de froid de La Défense seront entièrement convertis à l’utilisation d’agro-pellets. ©PP

 

 

Les agro-pellets constituent une valorisation des coproduits agricoles et apparaissent à deux étapes : lors de la récolte (tiges, feuilles, …) et lors de la transformation industrielle (triage, séchage, marc de raisin, balle de riz, paille de colza et de maïs, …). Ceux qui alimenteront La Défense sont récoltés principalement en Île-de-France et acheminés par train jusqu’à La Défense.

 

D’ici deux ans, Idex produira des pellets à Brignolles en utilisant la chaleur fatale de sa centrale électrique alimentée en biomasse.

 

 

De nouvelles acquisitions en réseaux de chaleur

 

 

Idex veut par ailleurs étendre son activité dans les réseaux de chaleur. L’entreprise a acquis une cogénération électricité/vapeur en Picardie, exploite désormais les réseaux de chaleur de Clermont-Ferrand, de Bischwiller, de Soisson (signé en fin de semaine dernière) et s’apprête à reprendre le réseau de chaleur d’Epernay.

 

Idex a levé 200 M€ pour financer cette expansion. Mais surtout, Idex sera sur les rangs pour reprendre pour 25 ans la concession du réseau de chauffage urbain de Paris qui arrive à échéance fin décembre 2024.

 

Si les conditions s’y prêtent, précise Benjamin Frémaux. Ce que l’on peut probablement traduire par "si les jeux ne sont pas faits d’avance". Cette concession est en effet détenue par la CPCU, une filiale d’Engie, depuis 1927.

 

La ville de Paris veut étendre et densifier son réseau de chauffage urbain, atteindre 75% de la fourniture de chaleur à partir d’ENR en 2030 et 100% en 2050. Idex se sent parfaitement capable d’y parvenir. Comme le dit Benjamin Frémaux, Idex est une petite entreprise – environ 5000 personnes – avec de gros moyens et des ambitions plus grosses encore.

 


Source : batirama.com / Pascal Poggi

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