En 2022, le bâtiment a tenu bon, a indiqué Olivier Salleron, président de la FFB le 13 décembre. Mais la Fédération prévoit une croissance très modeste en 2023 (0,7%) et une diminution du nombre de constructions neuves.
Après avoir subi une inflation à 5,3% en 2022, les prix devraient encore augmenter de 4,3% en 2023 globalement en France. Le PIB du pays, de 2,5% pour l'année 2022, frôlera zéro avec +0,4% en 2023.
Mais malgré les nombreux challenges que le secteur du bâtiment a traversés cette année, le bilan global est bon en 2022 avec une activité qui ressort en hausse de 3,7% hors effet prix par rapport à 2021, et l'emploi de 15.000 postes en solde net (salariés et intérimaires en équivalent emplois à temps plein). Cette activité à la hausse a été portée par le neuf (+5,7% par rapport à 2021), tandis que l'activité amélioration entretien était de +2,1%.
Le logement neuf - permis (en bleu), mises en chantier (en vert) et production (en rouge) - selon la FFB. © FFB d'après MTECT/CGDD/SDES, Sit@delz
En 2023, le marché du neuf sera en recul selon les prévisions de la FFB (-0,8%, dont -2,6% pour les logements). L'activité amélioration-entretien doit se maintenir à + 2%, évitant ainsi au secteur de s'écrouler complètement. L'emploi, par contre, sera en stagnation.
Pour le BTP, la croissance globale prévue, de 0,7%, reste cependant très modeste. Elle se maintient grâce à des carnets de commande rempli sur un peu plus de 7 mois sur l'ensemble du secteur, indique le président de la FFB. Mais les mises en chantier doivent chuter de 9% et tomber à environ 360.000 logements. En effet, les permis de construire doivent chuter à 21,3% en 2023 en raison de l'effondrement des ventes en 2022, chez les constructeurs de maisons individuelles comme chez les promoteurs immobiliers.
Surcoûts de la RE2020, augmentation des coûts de la construction, frilosité des banques et difficultés pour les ménages d'obtenir des prêts... sont quelques-unes des raisons citées.
La situation financière des entreprises reste un sujet d'inquiétude pour la FFB, tandis que le remboursement des PGE a débuté. Les défaillances d'entreprises ont beaucoup augmentées mais restent en dessous des chiffres de 2019. "L'avenir en ce domaine dépendra en large part des évolutions de coûts que devront supporter les entreprises" indiquait Olivier Salleron.
"Un autre scenario reste possible, si le Gouvernement prend la mesure de la crise du logement qui s'annonce", ajoutait M. Salleron.
Les demandes de la FFB pour soutenir le logement neuf... et le bâtiment en général
La frilosité des banques aux vues du contexte économique a rendu l'accession à la propriété de plus en plus difficile. Afin d'aider les ménages, la FFB demande sur les crédits l'assouplissement des obligations du HCSF, la révision de la formule de calcul des taux d'usure et l'indexation des prix jusqu'en bout de chaîne. Pour l'accession à la propriété, le rétablissement d'une quotité de PTZ de 40% dans le neuf en zones B2 et C, avec des barèmes réévalués et indexés en fonction de l'inflation et des crédits d'impôts sur les annuités d'emprunt pour absorber une partie des surcoûts liés à la RE2020.
La FFB demande également le maintien du "Pinel" en 2023 sous sa forme actuelle et un nouveau statut du bailleur privé en 2024. En ce qui concerne le neuf, la FFB souhaite l'assouplissement du ZAN, et pour la rénovation énergétique, une forte majoration des aides.
Assurance chômage, les pistes de la réforme
La FFB a indiqué être sur la même longueur d'onde que le Gouvernement en ce qui concerne la réforme de l'assurance chômage. Elle soutien la réduction des durées d'indemnisation de 25% lorsque le marché du travail est porteur et permet un retour à l'emploi plus aisé. La Fédération soutient également le fait d'assimiler un abandon de poste à une démission qui ne permette pas l'indemnisation au chômage.
Asile et immigration : la FFB soutient le projet de loi, sous certaines conditions
Olivier Salleron a mentionné un titre de séjour "métier en tension" envisagé par le Gouvernement, suite à des déclarations récentes de plusieurs ministres. La FFB, indique son président, souhaite faire la différence entre ceux qui exerçaient leur activité en situation régulière et n'ont pas vu leur titre de séjour renouvelé, parfois simplement pour ne pas avoir effectué des démarches administratives en temps et en heure, et ceux qui ont toujours été en situation irrégulière. La FFB souhaite que les personnes qui bénéficient d'un titre de séjour de ce type aient vraiment les compétences requises pour travailler sur les chantiers.
De plus, le président a indiqué que dans le cadre de ces titres de séjour, l'apprentissage du français ne doit pas être "financé par les seules entreprises", qui contribuent déjà largement aux différents dispositifs de formation professionnelle.
La FFB souhaite davantage de contrôles des chantiers, notamment en soirée et pendant les week-ends, pour éviter le travail illégal ainsi que l'utilisation par tous de la carte BTP, mise ne place depuis plusieurs années, et qui a pour but de faciliter ces contrôles.
La FFB demande depuis plusieurs années aussi de faciliter l'accès au séjour pour les jeunes étrangers ayant bénéficier d'un contrat d'apprentissage en France et justifiant d'une embauche à leur majorité.
Olivier Salleron a souhaité rester positif malgré ce bilan plus qu'inquiétant pour 2023. "On note une prise de conscience très forte du Gouvernement depuis quelques semaines. Mais maintenant on a besoin de décisions fortes et rapides", indique-t-il. "Pendant au moins 6 mois, un an, il y aura une période difficile. Un chantier, ça se prépare 2 ans à l'avance. Mais nous sommes confiants, on se relèvera. Le bâtiment va être un acteur majeur des 30 prochaines années" a conclu le président.
Source : batirama.com / Emilie Wood / Photo © Pascal Poggi