Quels panneaux de contreventement ?

Alors que le marché de la maison à ossature bois se développe, le contreventement, réalisé avec des panneaux d?OSB ou de particules, s?ouvre à d?autres matériaux dérivés du bois, déjà utilisés par les pays voisins.

 

L’ensemble des éléments qui s’opposent aux déformations d’un mur à ossature bois forme le contreventement. On emploie de l’OSB (Oriented Strand Board, à lamelles minces orientées) de type 3 ou 4 (de 8 mm d’ép. au moins), le panneau de particules de bois type P5 ou CTB-H (épais d’au moins 10 mm), voire le contreplaqué résineux type S2, S3 ou CTBX (épais de 8 à 12 mm). Autres solutions possibles : les panneaux en ciment-particule de bois (Duripanel), ou en gypse-cellulose (Fermacell). L’aspect « deux en un », à la fois voile travaillant et de finition, se révèle déroutant au départ, car il élimine la chambre technique. Il faut donc concevoir une autre manière de passer les gaines électriques (chape sèche, pied de cloison, colonne,…).

 

Une même mise en œuvre

 

Quels que soient les panneaux choisis, Charpentiers et menuisiers ne modifient guère leurs habitudes de travail. Ils les fixent à la structure conformément au DTU 31.2, agrafés, vissés ou cloués sur leur pourtour et sur les montants et traverses de l'ossature (pénétration dans le bois de 35 mm au moins). L'espacement entre fixations est au plus de 150 mm sur le pourtour et 300 mm sur les montants intermédiaires (pour augmenter la résistance, il peut être réduit jusqu’à 50 mm).

 

Source : batirama.com / E. Jeanson

 

 

Le principe de l'ossature et de l'isolation est le même pour les divers types de contreventement.

 

1/ Parois avec contreventement intérieur 

 

Placé du côté intérieur du mur, le panneau de structure doit être protégé de l’incendie par une plaque de plâtre s’il est en bois. Les panneaux à base de plâtre ou ciment sont quant à eux, à la fois voile travaillant et voile de finition.

 

A gauche : Paroi non ventilée : le revêtement extérieur est fixé sur l'ossature, contre l’isolant, sans ventilation.

 

A droite :  Paroi ventilée : une lame d'air est ménagée entre l'isolant et le revêtement extérieur. Un pare-pluie est fixé sur l'ossature et le bardage extérieur est posé sur des contre-lattes fixées au droit des montants verticaux.

 

              

 

2/ Parois avec contreventement extérieur

 

Placé du côté extérieur du mur, le panneau doit être protégé des agressions extérieures par un habillage, dit « peau extérieure » (bardage bois, parement pierre, briques, ardoises, crépis hydrauliques sur treillis, etc.)

 

A gauche : Paroi non ventilée : le panneau de contreventement extérieur ne peut recevoir de revêtement adhérent, mais accepte un enduit hydraulique étanche sur armature métallique ou sur panneau de laine de bois (cf. DTU 31.2) ou un système bénéficiant d'un avis technique ou d'un agrément technique européen.

 

A droite : Paroi ventilée : une lame d'air est ménagée entre le voile travaillant et l’habillage extérieur. Un pare-pluie est posé en lés horizontaux sur le panneau de contreventement. Leur épaisseur constituant la lame d'air, les contre-lattes fixées sur l'ossature principale reçoivent l'habillage extérieur : bardage bois, panneaux revêtus, laine de bois, fibres-ciment, pierre, briques, ardoises, etc.

 

     

 

 

 

Ce panneau de gypse (80 %) et de fibres de cellulose (20 %) épais de 12,5 mm a reçu un avis technique AT 2/06-1200 en octobre 2006 pour son utilisation en voile de contreventement de bâtiment à ossature bois, en parement intérieur comme extérieur.

 

A l’extérieur, la plaque sera protégée par un film pare-pluie (de perméabilité à la vapeur d’eau supérieure à 0,5 g/m2.h.mmHg et très supérieure à celle du pare vapeur disposé entre l’ossature et le panneau interne), par une lame d’air ventilée et par un système de bardage rapporté.

 

A l’intérieur, la plaque ne sera mise en œuvre qu’une fois le bâtiment hors d’eau. A l’intérieur comme à l’extérieur, un film pare vapeur (perméabilité à la vapeur d’eau inférieure à 0,005 g/m2.h. mmHg) est systématiquement disposé entre l’ossature bois et le panneau interne.

 

Spécificité : les joints collés

 

Fixer la plaque aux montants verticaux par des pointes, des vis ou des agrafes implantées à une distance minimale de 15 mm du bord des plaques. Avant la fixation, positionner la plaque en respectant un écartement de 10 à 15 mm par rapport au sol et de 2 à  mm par rapport au plafond. Les plaques sont posées bord à bord avec les deux joints face à face, au droit du même montant. La première plaque est fixée sur les montants verticaux. Un cordon plat de colle est déposé à l’aide d’un applicateur, sur le long de la plaque déjà posée.

 

Positionner la plaque suivante sur une cale de façon à ce que son angle supérieur touche la première plaque tout en laissant une étroite fente verticale d’un chant à l’autre (la longueur des plaques est inférieure de 10 mm environ à la hauteur sous-plafond).

 

Solidariser l’angle joint supérieur de la seconde plaque à l’aide d’un premier clou. Retirer ensuite la cale. La plaque se positionne naturellement contre le chant de la première plaque en écrasant le cordon de colle. Le joint ne  dépasse pas 1 à 1,5 mm de large. Puis la plaque est fixée sur les montants  verticaux. L’excédent de colle est raclé à la spatule après séchage. Têtes de fixation et joints sont recouverts d’une couche d’enduit base plâtre.

 

A RETENIR :

 

Intérêts : malgré un surcoût par rapport à la solution bois en extérieur, cette solution est plus intéressante en contreventement intérieur, où elle est voile travaillant et de finition.

 

♦ Incombustible (classé M0)

♦ Pas d’émanation toxique (sans colle)

♦ Haute dureté et performances mécaniques élevées.

♦ La technique à joint collé garantit une tenue renforcée des joints et liaisons du parement.

 

Limites : se pose sur des montants de section 65 mm pour respecter le DTA qui préconise un recouvrement des panneaux de 30 mm. Cette section n’est pas standard, les montants couramment utilisés étant en 45 ou 36 mm.

 

♦ Lourd à manipuler (15 kg/m2, soit 40 % de plus qu’une plaque de plâtre ordinaire)

♦ Production de poussière fine à la découpe, demande une protection par masque et à un système d’aspiration sur les machines.

 

Ce panneau haute densité est composé de particules de bois (28 %) liées à du ciment (60 %). Il est utilisé en tant que voile de contreventement intérieur aussi bien qu’extérieur, sous Avis Technique AT 2/05-1132.*

 

Le bois-ciment, imperméable à l’eau tout en étant perméable à la vapeur d’eau, permet de réaliser un mur respirant. En contreventement extérieur, il ne nécessite pas de pare-pluie excepté pour les murs de grande hauteur et de type 3 (à joints ouverts et isolant à l’extérieur). Duripanel de Eternit peut être revêtu de peinture, revêtements épais ou semi-épais. En extérieur, il est destiné à recevoir un bardage.

 

Mise en œuvre : clouage (pour panneau 12 mm ; au-delà : vissage), perçage, ponçage, découpe, traitement des joints identiques à tous les panneaux dérivés du bois. Découpe à la scie à main ou scie électrique équipée d’un disque au carbure de tungstène, avec le port d’un masque anti-poussières (lunettes de protection recommandées).

 

A l’assemblage : prévoir un jeu minimum entre les panneaux, environ 2 mm en horizontal et 6 mm en vertical, pour permettre les mouvements différentiels (variations dimensionnelles de 2 mm/m de 30 % à 90 % d’humidité relative.

 

A RETENIR :

 

Le taux d’humidité des panneaux Duripanel lors de leur mise en œuvre ne devra pas dépasse 15 %.

 

Intérêts : robustesse, dureté ; insensible à l’humidité, aux champignons et aux insectes, aux variations climatiques ; excellente isolation phonique due à une masse volumique élevée ; ininflammable (classé M1) ; bon rapport performances-prix.

 

Limites : lourd à manipuler ; poussière fine à la découpe

 

Contreplaqué de type S2 ou S3 (qualité NF Extérieur CTBX), OSB 3 ou 4, ou bien panneaux de particules  type P5 (marque de qualité CTB-H), la plupart des panneaux utilisés en contreventement sont à bords droits ou usinés sur 2 ou 4 rives.

 

Ces voiles travaillants doivent être conformes à la NF EN 13986 « Panneaux à base de bois destinés à la construction - Caractéristiques, évaluation de conformité et marquage- », et porter le marquage CE qui garantit l'aptitude aux utilisations structurelles. De plus, ils doivent résister en milieu humide (classe de service II). Certains panneaux de bois agglomérés ou OSB, réalisés avec des colles sans urée formol, sont sans formaldéhyde. Leurs teneurs en lindane, phénol, PCP et formaldéhyde correspondent à celles du bois naturel.

 

Mise en œuvre : en règle générale, le panneau est placé en contreventement extérieur, c'est-à-dire coté extérieur de l'ossature et protégé par un pare pluie, une lame d'air et une vêture extérieure. Il peut être également utilisé en contreventement intérieur, mais devra être protégé contre l'action éventuelle du feu pendant la durée de stabilité requise. Le panneau OSB est cloué ou agrafé sur l'ossature. Procédé peu répandu en France, le contreventement intérieur est intéressant pour créer des murs respirants. Un panneau le plus perméant possible à la vapeur d'eau est alors choisi.

 

Important

 

• Les contraintes hygrométriques et thermiques doivent être prises en compte, particulièrement les risques de condensation dans les parois. Dans le cas d'une paroi sans lame d’air, sans ventilation ni évacuation d'eau, l'emploi des panneaux de particules P5 ou d’OSB est déconseillé en l’absence d’un pare-pluie. Quant au panneau de contreplaqué, il ne doit pas être revêtu d'une peau extérieure imperméable à la vapeur d'eau.

 

• La « perméance » des différents matériaux qui constituent la paroi doit être dégressive, de l'intérieur où elle doit être faible, vers l'extérieur où elle doit être très forte. Il est conseillé de respecter un écart d’un facteur 5 entre extérieur et intérieur. Le plus souvent, un pare-vapeur est nécessaire, placé du côté chaud du mur, en particulier lorsqu'il est fortement isolé, pour se prémunir contre d'éventuels aléas de mise en œuvre. Il est préférable et plus courant de concevoir une paroi à lame d'air ventilée d'au moins 10 mm côté extérieur, avec la possibilité d'évacuer l'eau de condensation.

 

 

 

 

 

« En France, il est réalisé par l’extérieur à plus de 95 %. Assurant la stabilité de la construction, il est ainsi protégé du feu par les isolants thermiques du mur. En outre, le poser du côté extérieur facilite le passage des gaines dans les murs et élimine les éventuels problèmes de dégagement de formaldéhyde. Cela dit, la quasi totalité des panneaux fabriqués en France contiennent moins de 8 mlg pour 100 g. Depuis peu, sont apparus des OSB sans formaldéhyde (Living-board, Kronobois). L’OSB est le plus utilisé des panneaux. Ayant de meilleures qualités mécaniques, il a pris la vedette au panneau de particules CTBH, bien qu’un peu plus cher.

 

Va-t-on vers de nouvelles mises en œuvre ?

 

« En France, la pose de tels panneaux coté intérieur reste marginale. On les trouve surtout dans la réalisation de murs « perspirants » (perméables à la vapeur d’eau et étanches à l’air), qui améliorent le confort hygrométrique. Les panneaux OSB ou de particules sont très peu perméables à la vapeur d’eau. Dans ce type de mur, avec des isolants sensibles à l’humidité, comme la ouate de cellulose ou la fibre de bois, la pose côté intérieur s’impose. Pour autant, l’étanchéité à l’air reste assurée par le pare-vapeur. Le DTU 31-2 actuel ne prend pas en compte le mur perspirant, qui sera abordé dans la révision en cours. Pour le moment, les constructions avec ce type de murs se font hors DTU engageant la seule responsabilité du constructeur. »

 

*chef de projet au CNDB

 

INFOS PRATIQUES

 

TEMOIGNAGES

 

Christian Hervy, 10 employés, Hervy Charpente, à Mesquer (44)

 

«  J’utilise habituellement de l’OSB car étant plus poreux que les autres panneaux à base de bois, il assure un meilleur échange d’air. Posé à l’extérieur, il apporte une « sécurité » pour la tenue dans le temps de la maison. Sans lui, la moindre intervention sur le bardage peut occasionner un perçage du pare pluie et permettre des infiltrations. Pour un bâtiment industriel dont le propriétaire souhaitait avoir toute la partie technique apparente, j’ai choisi le Fermacell en contreventement intérieur. Dans ce cas, un coup de peinture suffit pour la finition »

 

Pierre-Yves Marmion, 6 salariés, Marmion Construction Bois, à Saint Coulomb (35)

 

« Adepte de l’OSB, je me lance dans le Fermacell. Je travaille selon le procédé MBOC, concept développé par le CNDB. Les murs sont pré-fabriqué et montés sur le site : l’ossature est montée à plat et contreventée provisoirement avec un feuillard métallique. Le mur est ensuite levé. Après la menuiserie, le Fermacell est posé par l’intérieur. Ce qui m’intéresse est l’absence de colle formaldéhyde, c’est un produit « sain ». En contreventement extérieur, la solution est plus onéreuse car le Fermacell est plus cher de 2 ou 3 € que les autres solutions, et il faut encore réaliser toute la partie intérieure. En contreventement intérieur,  le panneau sert de support intérieur, le mur réalisé est plus économique, avec une performance acoustique plus performante qu’avec un placoplâtre. Sur le mur fini, je gagne 10 à 15 € par m2 et environ ¼ d’heure par m2. »

 

Quelques sites :

 

AFCOBOIS (association française des constructeurs bois) : www.maisons-bois.org

CTBA (centre technique bois et ameublement) : www.ctba.fr

CNDB (comité national pour le développement du bois) : www.bois-constrution.org

SYMOB (syndicat des constructeurs de maison ossature bois) : www.batibois.org

 

Quelques livres :

 

♦ Construction de Maison Ossature Bois » - guide CTBA Eyrolles Ref : L 271

♦ L'isolation écologique » de Jean Pierre OLIVA - Editions Terre vivante

 

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