Dans une enquête réalisée par Hellio, 60% des répondants copropriétaires n'envisagent aucune rénovation énergétique. C'est 7% de plus que l'enquête menée en 2021...
L'enquête a été menée entre le 16 et le 31 janvier 2023 par Hellio, entreprise spécialisée dans la maîtrise de l’énergie et les travaux de rénovation énergétique.
376 copropriétaires situés dans toute la France ont répondu. Les répondants sont principalement des propriétaires occupants (89%), impliqués dans la vie de la copropriété (62% indiquent assister à toutes les AG). 53% de ces copropriétaires font partie de structures de moins de 50 logements, 39% entre 50 et 200 logements, seuls 8% de plus de 200 logements.
Dans un communiqué daté du 7 mars, Hellio publie les résultats, plutôt inquiétants pour les promoteurs de la rénovation énergétique du pays.
C'est un non catégorique pour 60% des répondants à la question "Votre copropriété compte-t-elle réaliser des travaux de rénovation énergétique?". 6% répondent oui, dans l'année, 24% oui, dans 2 à 4 ans, et 10% oui dans 4 ans et plus. Le graphique indique l'évolution des réponses par rapport à octobre 2021. © Hellio
Des résultats inquiétants car ils indiquent qu'entre la première étude réalisée par Hellio en octobre 2021 et celle réalisée en janvier 2023, les copropriétaires sont 7% moins nombreux à envisager une rénovation énergétique de leurs logements, le pourcentage passant ainsi de 53% à 60%.
On notera néanmoins que l'étude ne mentionne pas si une partie des répondants a effectué récemment des travaux de rénovation énergétique, expliquant ainsi en partie qu'ils n'envisagent pas d'en refaire dans les années à venir, ni le pourcentage des copropriétaires habitant une résidence neuve ou très récente et n'ayant donc à priori pas besoin de se lancer dans des travaux de grande ampleur.
Pour quelle raison les copropriétaires hésitent à se lancer dans des travaux de rénovation ?
Les raisons invoquées pour ne pas faire de travaux sont les suivantes :
- 81% estiment que les travaux de rénovation énergétiques coûtent trop cher,
- 43% estiment que le processus de décision prend trop de temps,
- 32% que les démarches administratives pour obtenir les aides sont complexes,
- 24% que la réalisation de travaux chez soi peut être anxiogène,
- 14% déplorent que les travaux de rénovation énergétiques prennent trop de temps.
Ainsi, le coût des travaux semble être le frein principal qui empêchent les copropriétaires à se lancer. Parlant de coûts, la majorité des copropriétaires interrogés déclarent payer entre 250 et 500€ de charges trimestrielles pour leur bien. Le poids de l'énergie dans les charges semble augmenter par rapport à 2021 (58% des répondants estiment que le poids de l'énergie représente jusqu'à 30% des charges, 9% de plus qu'en 2021). Hellio précise que la hausse des prix de l'énergie n'a atteint qu'une partie de ces copropriétés, protégées pour certaines par des tarifs négociés sur plusieurs années. Cela devrait changer progressivement.
Le processus décisionnel en assemblée générale est également un frein, jugé trop long par 43% des sondés. Prise de décision en AG, vote nécessaire pour choisir l'assistant à la maîtrise d'ouvrage et celui pour sélectionner les travaux... Souvent il faut compter deux ans pour que des travaux démarrent. Sans compter les blocages potentiels, en assemblée générale, si la majorité n'est pas suffisante afin de les réaliser.
Un frein que le gouvernement envisage de lever par la révision des modalités de vote à la baisse : ainsi le vote de la majorité des copropriétaires présents pourrait devenir suffisant (contre deux tiers obligatoires à présent).
Les copropriétaires connaissent-ils bien les obligation règlementaires ?
Les réponses à la question "Connaissez-vous les obligations qui incombent à votre copropriété (DPE et Plan Pluriannuel) ?" Réponses données en pourcentage. © Hellio.
Depuis la loi Climat et résilience promulguée en août 2021, les copropriétés sont obligées à mettre en place un plan pluriannuel de travaux (PPT) et de réaliser un diagnostic de performance (DPE) collectif. Or presque la moitié des répondants admettent ne pas connaître ces obligations. De plus, 28% indiquent ne pas connaître les échéances qui les concernent.
Les copropriétaires connaissent-ils leur étiquette énergétique ?
En revanche, 62% des répondants ont été capables de citer l'étiquette énergétique de leur logement. C'est 12% de mieux qu'en octobre 2021, preuve que les récentes évolutions réglementaires concernant les interdictions de location pour les logements de passoires thermiques ont poussé les propriétaires à se renseigner davantage.
75% d'entre eux indiquent connaître l'interdiction progressive à la location des logements étiquetés G, F et E.
On note également que 37% des répondants ont réalisé récemment un audit énergétique. Pour 46% d'entre eux, cet audit a pour but la réalisation de travaux de rénovation énergétique. Les répondants qui ont déclaré ne pas avoir fait d'audit sont 53% à indiquer ne pas souhaiter en réaliser un à l'avenir.
Quel budget pour vos travaux de rénovation ?
On constate qu'entre 2021 et 2023, les budgets se resserrent. Pourtant, les coûts des travaux, eux, n'ont pas diminué, bien au contraire ! © Hellio
Les copropriétaires sont 48% à indiquer être prêts à dépenser entre 1.000€ et 5.000€ pour leurs prochains travaux de rénovation énergétique, dans les 5 prochaines années. Une somme limitée, surtout si l'on considère les coûts d'une rénovation globale efficace. Seuls 17% sont prêts à dépenser entre 5.000 et 10.000€, et 5% plus de 10.000€.
Hellio estime, sur la moyenne des copropriétés qu'ils ont accompagné, qu'il faut compter un reste à charge d'environ 10.000€ pour une rénovation globale efficace, en tenant compte des aides de l'Etat et d'un éco-PTZ copropriété.
"La part des répondants souhaitant investir plus de 10.000 € a baissé de 8 % entre octobre 2021 et janvier 2023", précise Hellio dans son communiqué. En effet, le contexte inflationniste fait hésiter les copropriétaires à réaliser ce type d'investissement.
Hellio rappelle que MaPrimeRénov Copropriété fait partie des chantiers prioritaires de 2023 par le ministre délégué au logement Olivier Klein. Depuis le 1er février 2023, les plafonds d'aides ont été réhaussés et les aides individuelles doublées.
- L'aide socle de 25 % du montant des travaux qui était plafonnée à 15.000 € de travaux est désormais plafonnée à 25.000 € de travaux
- Les aides individuelles pour les foyers très modestes (bleus) passent de 1.500 € à 3.000 € et celles des foyers modestes (jaunes) de 750 € à 1.500 €.
Des arbitrages sont également à venir avec des banques partenaires de l’État, qui pourront accompagner aux mieux les gestionnaires et copropriétaires dans le financement de travaux de rénovation globale.
Source : batirama.com