En assemblée générale, IBC a constaté l’activité soutenue de ses membres et élu un nouveau président, Gaëtan Genes, auréolé par le travail de son agence ECSB dans le cadre de la reconstruction de Notre Dame de Paris.
Riche de 70 adhérents français (une exception wallonne), IBC (Ingénieurie Bois Construction) regroupe des bureaux d’ingénierie indépendants qui se consacrent majoritairement à la structure et la construction bois, après avoir fait valider leur expérience par une commission technique. Ils exécutent en sachants spécialisés une ou plusieurs des missions de l'ingénierie ou de l'expertise : AMO, conception en maîtrise d’œuvre, études d'exécution, plan d'atelier et de chantier (PAC), diagnostics, expertises.Ce qui veut dire qu’on n’y trouvera pas un pôle bois d’un BET généraliste, ou les puissants BE intégrés de la construction bois.
Assemblée générale d'IBC à la CCI du Mans. Ceux qui ne sont pas là le jeudi viennent le vendredi.
La respectabilité
En 2022, IBC parvient enfin à organiser un atelier technique au Forum de Nancy. En 2023, IBC parrainera deux ateliers techniques, sur les chapiteaux (B1) et les passerelles (B5), à quoi s’ajoute le test d’une nouvelle formule d’atelier collaboratif sur le diagnostic (vendredi 14 avril à 9h en petite salle). Et pour couronner tout cela, le Forum honore l’un des piliers d’IBC, Olivier Gaujard. Après un 20e anniversaire fêté au Forum de Paris en 2021, IBC parvient enfin à créer un poste de permanent. La longue période de présidence de Sylvain Rochet (Teckicea) a fait progresser IBC en termes de reconnaissance par la filière.
Olivier Gaujard et Jean-Louis Vigier, deux piliers d'IBC.
Le nombre d’adhérents n’a pas bondi, mais plutôt leurs effectifs, de plus en plus souvent au-delà de la barre de dix. La doctrine des sapeurs-pompiers ne semble pas leurs causer des nuits blanches, ni remettre en cause la poussée du marché français vers la construction biosourcée. Ils vivent un âge d’or et le tour de table préliminaire entre collègues qui se connaissent vire à une succession de constats quant à la bonne tenue du marché. Aujourd’hui, les ingénieurs d’IBC sont recherchés dans la filière, à cause de leur prise directe sur la réalité du marché.
Yves-Marie Ligot et Sylvain Rochet, autres piliers.
La crise de la doctrine des sapeurs-pompiers a renforcé le rôle d’IBC, paradoxalement, car les ingénieurs ont convenu de faire corps avec la filière (UICB, FFB-UMB, IBC). Dans la recomposition actuelle de la filière, les IBC ont de quoi se faire courtiser entre leur partenaire FBF et l’UICB qui a besoin de leur expertise. Bois de France est venu au Mans suite à un partenariat signé à Batimat, dans une situation où la part du bois français plafonnerait toujours à 30% dans la construction bois, tandis que les importations de sciages et notamment de sciages d’ingénierie vont de record en record.
Un savoir-faire
La technique n’est pas une histoire d’application de réglementations. Les IBC ne sont pas des opérateurs de Cadwork. Cela vient apparemment de la matière vivante et fibreuse qu’ils manient, c’est comme chez les compagnons, le savoir-faire prime. IBC regroupe une élite mais ne l’affiche pas. Et ce n’est pas une élite de calculs comme aux temps glorieux de Dominique Calvi. C’est apparemment plus subtil et très utile aujourd’hui ou tout le monde fonce vers le bois.
Haute-Couture, centre ville du Mans, logements en béton avec FOB.
Tout le monde fonce vers le bois, vraiment ? Au Mans, on dirait qu’il n’y a bien que le nouveau chapiteau de Christophe Theilmann qui soit en bois. Tout de même, non loin de la CCI où se tenait l’AG, on trouve en chantier le projet Haute-Couture, un R+6 en construction à structure béton, mais avec une FOB (Glot Charpente), pour une résidence de standing. Ce n’est pas beaucoup, mais il s’agit de deux chantiers marquants actuels pour le chef-lieu de la Sarthe. A l’image du temps : construire moins, construire mieux.
Nouveau chapiteau permanent au Mans (architecte : Christophe Theilmann, BE bois : Yves-Marie Ligot)
L’AG a abordé les sujets actuels comme la réglementation incendie, le réemploi, les eurocodes, le nouvel atelier collaboratif pour le Forum Bois Construction, la fin d’AdivBois, la frugalité heureuse et créative, la construction en feuillus. De l’écoute plutôt qu’une séance de la Convention, et pas de résolutions. En fin de journée, Sylvain Rochet détaille son aventure de construction de ses propres bureaux avec du bois scolyté. Bref, construire avec de l’épicéa français, aujourd’hui, c’est s’approvisionner sur un marché qui occulte sciemment l’existence d’une destruction massive, laisse les forestiers sans ressources et ne modifie en rien ses pratiques, y compris celle de l’ingénierie du bois.
Est-ce la gestion de la crise des scolytes depuis 2018 est le modèle à suivre pour les menaces sanitaires qui pèsent aujourd’hui sur la plupart des essences des forêts françaises ? C’était la fin de la journée et cette question n’a pas été débattue. Mais par sa démarche et son entêtement, Sylvain Rochet l’a posée et clôture ainsi son mandat, prolongé le lendemain par sa nomination comme vice-président, la présidence revenant à Gaëtan Genès de ECSB, fondateur de la grande agence française d’ingénierie bois du patrimoine.
Source : batirama.com/Jonas Tophoven/© JT