Patrick Liebus, président de la Capeb*, estime que les artisans sont aujourd?hui victimes du mépris du gouvernement qui ne donne toujours pas de réponse alors que le Bâtiment est en danger.
« La situation est grave, affirme d’emblée Patrick Liebus, lors de la présentation de la note de conjoncture trimestrielle. Le pays doit se reprendre car il est sur une pente vertigineuse ».
Et de citer les résultats négatifs de l’activité de l’artisanat du bâtiment pour le 4e trimestre 2012 : -2,5 % en activité globale, -4 % dans le neuf, -1,5 % en entretien rénovation. Seul le secteur des travaux de la performance énergétique s’en sort avec + 1 %.
Les prévisions d’activité pour 2013 ne sont guère réjouissantes, selon la Capeb qui table sur une activité globale en recul de 3 %, dont -6 % dans le neuf et -0,5 % dans l’entretien amélioration. « La trésorerie des entreprises est au plus mal, s’alarme M. Liebus qui n’hésite pas à qualifier la situation de dramatique.
Hausse de la TVA : un énorme problème
Sans oublier les carnets de commande, qui pour nombre d’entreprises, ne dépassent pas trois mois. Pour Patrick Liebus, les signaux d’alerte se multiplient avec une réduction drastique des permis de construire et des marchés publics, compte tenu du manque de visibilité des collectivités locales sur leurs finances.
Quant aux mesures annoncées par le gouvernement (ndlr : libération du foncier public, construction de 500 000 logements, rénovation énergétique de 500 000 logements, création du dispositif Duflot), elles ne sont toujours pas mises en œuvre, affirme le responsable qui soulève en outre l’énorme problème posé par la hausse de la TVA à la fin de l’année (10 % au lieu de 7,5 % pour les travaux de rénovation).
« Notre activité et nos marges vont encore baisser avec la hausse de la TVA car les clients vont, soit nous demander de prendre à notre charge cette hausse, soit se tourner vers des auto entrepreneurs qui ne facturent aucune TVA » poursuit le président dont l’organisation conteste ce statut dans le BTP (voir encadré).
40 000 emplois supprimés entre 2013 et 2014 ?
La Capeb qui attend des réponses de la part du gouvernement (Elle a proposé 10 mesures pour soutenir le secteur de l’artisanat du Bâtiment) pousse donc un cri d’alarme. « C’est agaçant, car on ne voit rien venir et notre secteur devrait être celui qui porte l’économie » reprend P. Liebus.
L’organisation professionnelle pronostique la perte de 40000 emplois entre 2013 et 2014 si rien ne bouge. Le secteur, il est vrai, a besoin de former ses salariés, et développer les métiers pour s’adapter à l’évolution réglementaire (RT 2012). Et la baisse des effectifs de l’apprentissage depuis 3 ans, inquiète grandement la filière.
« Si on aide nos clients, nous pourrons maintenir l’emploi", reprend le responsable, qui annonce que certains adhérents veulent débaucher ou ne plus recruter d’apprentis. « Mais on va se battre, car nous avons développé des marques pour nos entreprises (Eco artisan, Handibat) et nous avons encore beaucoup de choses à faire… »
* Confédération artisanale des petites entreprises du bâtiment
Source : batirama.com / Fabienne Leroy
Auto entrepreneur : « on va le payer »
Alors que des décisions doivent être prises par Sylvia Pinel, la ministre en charge de l'Artisanat et du commerce, dans le cadre de sa mission d’évaluation du régime de l’auto entrepreneur, la Capeb ne cesse de réclamer la disparition de ce statut dans le secteur du BTP. « On va finir par le payer » affirme Patrick Liebus. « La plupart des auto entrepreneurs ne sont pas assurés car les compagnies d’assurance ne veulent pas couvrir les risques. Et si la sinistralité augmente, on va finir par le payer au niveau de nos cotisations d’assurance décennale ».