Deux types de bruits passent au travers d?un plancher : les bruits aériens dus aux éclats de voix, musique, télévision? et les bruits d?impact provoqués par la marche, la chute d?objet ? Pour limiter ces deniers, pas d?autre solution que d?isoler le plancher.
Bruits d’impact et aériens se transmettent directement de l’étage supérieur vers l’étage inférieur mais, parfois aussi, compte tenu de la rigidité des matériaux de construction et de la continuité entre les ouvrages, par vibration dans les éléments horizontaux et verticaux de la structure.
La dernière version de la réglementation acoustique RA 2000 (Réglementation Acoustique) impose un niveau de performance de DnTA de 53 dB avec un niveau limite maximal de 58 dB (A) entre appartements pour la transmission des bruits d'impact impliquant de traiter les planchers en les désolidarisant du revêtement de sol.
Si certains revêtements de sol souples (moquettes avec sous-couche caoutchoutée ayant un ?Lw élevé par exemple) constituent une excellente solution curative sur un plancher lourd en béton en amortissant le choc à sa source, ils sont insuffisants sur planchers légers.
De même, un revêtement de sol dur (carrelage, parquet) collé ou scellé n’isole pas plus qu’une dalle nue. En pratique, l’efficacité acoustique est obtenue en mettant en œuvre des solutions répondant au principe “masse-ressort-masse” et, pour limiter les transmissions indirectes, à créer “une boîte dans la boite” en assurant la continuité de l’isolation entre murs/planchers et murs/plafonds.
AVIS D'EXPERT
Patrick Carré - Acousticien, Ingénieur INSA. www.acouphile.fr
« Aucun point de contact entre plancher et revêtement de sol »
« Pour éliminer les bruits d’impact, c’est à la source qu’il faut agir. Lorsque cela est possible, la meilleure solution est d’insonoriser le plancher. L’isolation acoustique par doublage en plafond, sous plancher, attenue les bruits aériens intérieurs mais ne permet pas de régler les transmissions latérales par cloisons ou doublages verticaux.
En construction neuve, la masse du plancher permet de satisfaire aux exigences de la réglementation concernant les bruits aériens mais ne protège pas contre les bruits d’impact. Le procédé le plus courant consiste donc à poser une sous-couche sous chape flottante ou carrelage scellé d’une épaisseur totale de 6 cm.
En rénovation, pour limiter cette surépaisseur (qui impose de remonter les seuils de portes ou encore les plinthes) et la surcharge (100 à 120?kg/m2), plusieurs solutions sont envisageables : une sous-couche résiliente sous carrelage collé ou parquet, une chape sèche sur sous-couche ou des panneaux de laine minérale sur des dalles OSB.
Quelle que soit la solution envisagée, dans tous les cas, l’efficacité acoustique du système dépend du respect scrupuleux des règles de mise en œuvre avec comme principe, la désolidarisation absolue : aucun point de contact ne doit exister entre la couche de circulation et tout élément de construction lié au plancher porteur.?»
Solution 1 : Sous-couche acoustique mince sous carrelage collé, parquet ou stratifié
En particulier en rénovation, c’est la solution la moins onéreuse et la plus simple à mettre en œuvre.
Cette technique consiste à interposer un matériau résilient entre le dalle support et le revêtement de sol : le revêtement de sol (carrelage, parquet, stratifié…) est posé (pose flottante ou collée) sur une sous-couche de matériaux super-resiliant acoustique mince (présentée en rouleaux ou en plaques).
Cette sous-couche se pose en continue, bord à bord, sans chevauchement, sur toute la surface du sol. Sous carrelage collé, les joints des sous-couches en plaques doivent être décalés des joints du carrelage de finition. Un joint mousse périphérique, collé sur tout le pourtour de la pièce au ras du plancher et rabattu sous la plinthe, permet d’assurer la désolidarisation du revêtement de sol et des plinthes.
L’efficacité de la technique repose sur cette totale désolidarisation : le revêtement de sol ne doit pas toucher les cloisons, les plinthes ne doivent pas toucher le revêtement de sol. Le degré d’isolation acoustique est fonction des propriétés d’élasticité de la sous-couche et de son épaisseur (généralement de 3 à 7 mm d’épaisseur), l’atténuation des bruits de choc étant d’autant meilleure que la sous-couche est épaisse. Ces systèmes d’isolation acoustique minces sont soumis à Avis technique et ne peuvent être vendus qu’en kit incluant tous les éléments indispensables à la mise en œuvre du système (colle pour sous-couche, sous-couche, mortier-colle pour carrelage, mortier de jointoiement, joint mousse périphérique…).
Intérêt :
peut se mettre en œuvre sur un ancien carrelage ou sur un plancher chauffant.
Solution 2 : Sous-couche acoustique mince sous chape flottante ou carrelage scellé
C’est la solution par excellence en construction neuve lorsque le plancher peut supporter la surcharge générée.
La technique consiste à poser une sous-couche acoustique (ou thermo-acoustique) sur le plancher existant avant de couler une chape flottante. Largement répandue en construction neuve, (traditionnelle armée ou non, liquide ou d’enrobage dans le cas d’un plancher chauffant / reversible) de 5 ou 6 cm d’épaisseur qui recevra le revêtement de finition.
Pour éviter les ponts phoniques entre plancher / mur, la chape doit être désolidarisée des parois verticales sur toute la périphérie de la pièce. Les lés d’une sous-couche en rouleaux (épaisseur inférieure à 5 mm) seront, par exemple, relevés en angles droits sur les parois verticales.
Lorsque l’épaisseur de l’isolant est supérieure à 5 mm ou lorsqu’il se présente en plaques, un bandeau périphérique de désolidarisation (3 mm d’épaisseur, 5 mm en cas de plancher chauffant) est obligatoire au niveau des plinthes. Il doit dépasser d’au moins 2 cm la surface du sol fini et arasé après la pose du revêtement de sol.
Pour éviter le transfert de laitance dans l’isolant lors du coulage de la dalle, des dispositifs sont également à mettre en œuvre. Sur une sous-couche imperméable, des bandes de recouvrement adhésives de 5 cm de large minium doivent venir en recouvrement des joints entre panneaux ou lés (ces bandes sont parfois intégrées à la sous-couche).
Sur une sous-couche perméable, un film de polyéthylène d’au moins 150 µm doit être déroulé sur l’ensemble de la surface et relevé en périphérie. Alternative à la chape coulée sur des planchers légers (en bois) pour ne pas les surcharger ou en rénovation pour limiter la surépaisseur (20 ou 25 mm seulement) la chape flottante sèche se compose d’un isolant semi-rigide posé sous plancher réalisé en panneaux de particule de plaques de plâtre ou de gypse.
Intérêt :
évite la transmission des vibrations générées sur la chape vers le plancher porteur mais aussi la transmission des vibrations provenant de bruits extérieurs vers la chape.
INFOS PRATIQUES
Réglementation
Soumises à des contraintes mécaniques importantes, les sous-couches utilisées sous chapes flottantes doivent répondre aux exigences du :
- DTU 26.2 (NF P 14-201), “Travaux de bâtiment – Chapes et dalles à base de liant hydrauliques” ;
- DTU 52.1 (NF P 61-202), “Travaux de bâtiment – Revêtements de sol scellés” ;
- NF P 61-203, “Mise en oeuvre des sous-couches isolantes sous chape ou dalle flottantes et sous carrelage - Cahier des clauses techniques”. Cette norme est une partie commune aux DTU 26.2 et 52.1.
Un marquage pour caractériser les sous-couches isolantes
La norme NF P 61-203
codifie les performances techniques des sous-couches isolantes sous chape ou carrelage scellé et définit une classification performantielle permettant de connaitre leur domaine d’emploi.Cette classification doit apparaitre sur l’étiquette du produit :
- Deux classes, SC1 ou SC2, correspondant à la résistance à l’écrasement de la sous-couche. Une sous-couche SC1 peut recevoir un carrelage scellé sur mortier, une chape ou dalle de 5 cm renforcée (treillis ou fibres) ou encore une chape de 6 cm non armée. Une sous-couche SC2 peut recevoir une chape ou dalle de 6 cm d’épaisseur avec armature ou un carrelage scellé sur une forme armée préalable de 6 cm avec mortier de scellement de 4 cm.
A ces deux classes peuvent être associés des indices complémentaires a, b, Ch, A, fluage :
- Les indices a et b expriment la charge d’exploitation autorisée du local, a pour des charges d’exploitation inférieures ou égales à 500kg/m2 (tertiaire) et b pour des charges d’exploitation inférieures ou égales à 200 kg/m2 (résidentiel).
- Un indice chiffré, 1, 2, 3 ou 4, est ajouté à cette lettre a ou b, lors de la superposition de deux sous-couches isolantes, pour indiquer la réduction totale d’épaisseur sous charger à 10 ans. La somme des indices des deux sous-couches superposées doit rester inférieur à 4.
- La présence de l’indice Ch certifie qu’il s’agit d’une sous-couche isolante adaptée aux planchers chauffants.
- L’indice A atteste qu’il s’agit d’une sous-couche acoustique aux bruits d’impact.
A retenir
- Avant la mise en œuvre de la sous-couche résiliente, il faut veiller à l’état du support qui doit être propre (avec un aspect de surface fin et régulier, sinon un enduit de ragréage est à prévoir) et plan (tolérance maximale de 7 mm sous la règle des 2 m ou 2 mm sous la règle des 20 cm).
- Le DeltaLw indiqué sur les notices des sous-couches acoustiques est normalisé, correspondant à la réduction des bruits d’impact obtenue avec la sous-couche mise en œuvre sur une dalle béton de 14 cm d’épaisseur.
- Dans le cas de l’association d’une sous-couche thermique avec une sous-couche acoustique, la sous-couche acoustique doit être disposée sur le dessus.
Source : batirama.com / Virginie Bourguet