Le mur en bois massif allie développement durable et valorisation d?un matériau à faible valeur ajoutée. Mise en ?uvre en 4 jours, la 1re maison MHM d?Auvergne bénéficie d?un bon confort thermique et acoustique.
Le mur en bois massif, le MHM (Massiv Holz Mauer), est commercialisé en Bavière depuis 2003. Quelque 1 000 maisons ont été construites selon ce procédé en Allemagne, Italie et Russie. La maison Bouchard est le premier chantier réalisé en Auvergne par l’entreprise de menuiserie et charpente Bouysse, qui fait figure de pionnière. «J’ai découvert ce système et commencé à le mettre en pratique avec cette maison. Nous devons être 4 en France à le faire », explique Christophe Bouysse. Depuis 2005, son entreprise a réalisé 8maisons MHM dans le Cantal et le Puy-de-Dôme.
Comme une MOB
Le principe est celui d’une maison à ossature bois. Les panneaux de bois massif sont calibrés et fabriqués industriellement à partir de plans numériques. Ils sont composés de planches ordinaires de différentes longueurs et largeurs, de 24 mm d’épaisseur, clouées en couches croisées pour limiter les désordres liés au rétrécissement ou à l’étirement du bois. L’étuvage des planches, à 65 °C pendant au moins 8 heures, détruit les insectes de bois frais et permet de réduire le taux d’humidité à 14 %. Les clous d’aluminium ne perturbent pas le champ magnétique naturel et sont découpés aisément par les outils courants de menuiserie. Les planches sont rainurées sur la tranche pour leur assemblage. Une face présente des gorges fines (2 x 3 mm), qui emprisonnent de l’air, augmentant le pouvoir isolant du mur.
Calepinage précis
Les panneaux, découpés très précisément (dimension maximale : 3,25 x 6 m), demandent un calepinage très précis. La mise en œuvre sèche favorise un chantier propre et rapide : cette maison de 240 m2 à un étage a été montée en 4 jours, hors plate-forme en béton. Une rapidité qui limite considérablement la formation d’humidité et contribue au bien être immédiat des occupants.
Le procédé fait école !
Fabriquée à partir d’une matière première renouvelable, sans colle ni produit chimique, selon un procédé permettant une construction sur mesure, la maison Bouchard est en train de faire école. La robustesse des murs massifs assure la stabilité des formes : ils résistent bien au feu et leur mise en œuvre rapide réduit le coût de main d’œuvre. Seul point négatif pour l’environnement : le bois, qui provient d’Allemagne ou d’Autriche, est transporté par camion. Cependant, comme le note l’architecte, Simon Teyssou: «Une filière de murs en bois massifs pourrait émerger en Auvergne, où le bois est traditionnellement exploité.»
Source : batirama.com / Emmanuelle Jeanson
Voir aussi notre Solution Technique consacrée à la maison à ossature bois
Le poids des panneaux, de 1 à 3 tonnes, exige 3 hommes et une grue pour leur déchargement et leur mise en place.
Une garde de 20 cm maçonnés est respectée. Entre la lisse basse, en sapin Douglas, et la dalle de béton, est intercalé un film goudronné. Une bande de mousse cellulaire adhésive assure l’étanchéité à l’air entre le film et la dalle
Toutes les réservations (électricité, plomberie...) sont réalisées en usine, ce qui réduit le temps de
travail sur chantier.
Une précision au mm près est nécessaire pour la pose des lisses, dont les équerrages doivent être parfaits.
Près de 100 m3 de bois sont utilisés pour la structure principale (environ 150 tonnes de CO2 sont ainsi stockées). Les murs, de 20,5?cm d’épaisseur, sont réalisés en épicéa et sapin.
Charpente et solivage sont en sapin local. La charpente traditionnelle contrevente les murs. Le plancher bois est couvert de parquet
Les précadres des huisseries, en mélèze de Corrèze et les fenêtres, en mélèze 58 mm et double-vitrage, sont fabriqués par l’entreprise
Un pare-pluie, posé dès que la maison est couverte et les fenêtres posées, protège les murs de la pluie
Le bardage, 18 mm de lamellé contrecollé de mélèze d’Autriche, est laissé brut et prendra une teinte grise avec le temps.
Une partie du bâtiment est enduite à la chaux naturelle en rez-de-chaussée, pour des raisons purement esthétiques.
Le bardage, tantôt vertical, tantôt horizontal ainsi que la partie enduite, accentuent les décalages de la façade. Les débords de toit et du premier étage limitent les apports solaires en été.
A RETENIR
• Intérêts : l’inertie naturelle du monomur, particulièrement en été, où elle conserve une température intérieure tempérée. L’hiver, le pouvoir isolant et l’inertie de la construction apportent un bon confort en chauffant au minimum. Le bois massif serait 30 % plus isolant qu’une construction “traditionnelle”. Le coefficient d’isolation thermique du mur extérieur brut de 20,5 cm est de 0,41 W/m2 K ; le pouvoir hygroscopique du bois massif régule également l’humidité et protège efficacement des sons, apportant un grand confort aux occupants.
• Limites: son coût (90-100 €/m2) est légèrement supérieur à celui d’un mur à ossature bois (environ 76 €/m2) ; sur cette maison, construite sous la RT 2000, aucun isolant n’a été ajouté. Pour respecter la RT 2005 et, a fortiori, la RT 2010, une isolation par l’extérieur, en fibre de bois, est nécessaire.
FICHE TECHNIQUE
• Architecte : Simon Teyssou, Le Rouget (15)
• Murs massifs : Entreprise MHM Hundegger, Nesselwang (Allemagne)
• Travaux (charpente, solivage, bardage, pose des murs, fabrication et pose des menuiseries intérieures et extérieures) : Entreprise Bouysse
(10 employés), Laroquebrou (15)
• Surface : 239 m2
• Coût : 221 000 € HT
• Durée des travaux : 6 mois
• Localisation : proximité de Riom (15)
POUR EN SAVOIR PLUS : www.habitatboismassif.fr