"Ce n'est pas l'appareil qui faut bannir, mais le gaz qu'il faut verdir" fustige Coénove dans un communiqué le 23 mai, suite aux annonces gouvernementales annonçant l'élimination progressive des nouveaux équipements gaz.
Photo : Jean-Charles Colas Roy, président de Coénove. © Coénove
"Interdire l'installation de nouvelles chaudières serait un contre-sens historique, au moment même où elles affichent leur compatibilité avec le gaz vert - énergie stockable, renouvelable et produite en France" indique le communiqué de Coénove, association regroupant des acteurs majeurs de l'efficacité énergétique dans le bâtiment (ingénieurs, industriels et autres professionnels). On notera dans le conseil d'administration des représentants de Qualigaz, France Gaz Liquides, GRDF, Ariston Thermo France, Vaillant Group, Bosch Thermotechnology France, Frisquet etc...
Déception, inquiétude et incompréhension sont les sentiments qui sont exprimés par l'association Coénove après l'annonce gouvernemental lundi 22 mai du projet d'élimination des nouveaux équipements en chaudières à gaz devant le Conseil National de la Transition Ecologique.
Une décision qui concerne un Français sur deux
Coénove rappelle que non moins d'un Français sur deux est chauffé par une chaudière et sera concerné par ces annonces, et souligne que la filière des professionnels du gaz représente plusieurs centaines de milliers d'emplois. De plus, l'association souligne qu'aucune décision d'interdiction ne devait être prise sans une "phase intense de concertation préalable avec l'ensemble des parties prenantes et les professionnels concernés".
Les conséquences d'une interdiction des chaudières, selon Coénove
L'association exprime ses craintes des "conséquences économiques désastreuses pour les ménages français et les finances publiques" qu'une interdiction des nouveaux équipements de chaudières gaz pourraient engendrer. Elle cite notamment :
- L'accentuation des inégalité sociales et territoriales, l'impact sur le pouvoir d'achat des Français, sachant que près de 12 millions de foyers sont alimentés au gaz. L'association rappelle que les pompes à chaleur coutent environ 10.000 € de plus qu'une chaudière gaz performante "avec une durée de vie moindre et des coûts de maintenance supérieurs". "Les ménages aux revenus modestes (...) pourraient être incités à prolonger au maximum la durée de vie de leur chaudière, voire à basculer sur du chauffage à effet Joule, peu performant, contribuant à les précariser davantage."
- La fragilisation du système énergétique et effets contre-productifs sur la trajectoire de décarbonation du pays. Coénove craint que le remplacement immédiat du gaz ne crée de nouvelles tensions sur le système électrique français.
- La perte de souveraineté industrielle et la menace sur les emplois et compétences. En effet, les chaudières sont majoritairement produites en France et en Europe, tandis que la majorité des composants des pompes à chaleur proviennent d'Asie. "Des sites industriels français vont devoir s'adapter, entraînant une menace sur des emplois locaux et des savoir-faire développés depuis des décennies.
- Les impossibilités techniques de mise en œuvre de la mesure. Coénove rappelle que dans certains cas de figure, le remplacement des chaudières gaz par des pompes à chaleur électriques n'est pas possible. Difficultés d'installations, nuisance sonores des unités extérieures, diamètre des canalisations de distribution d'eau et de chauffage, dimensionnement du réseau électrique... de nombreuses contraintes techniques et réglementaires pourraient être rencontrées dans certains cas.
Jean-Charles Colas Roy, président de Coénove, conclut "L'atteinte des objectifs de décarbonation fixés par l'Europe 'Fit for 55' est possible tout en permettant à la France de préserver la résilience énergétique du pays, le pouvoir d'achat et les finances publiques. Cela passe par la sobriété choisie et pérenne, l'accélération de la rénovation performante et globale des bâtiments et un soutien au développement des gaz renouvelables pour atteindre 20% de biogaz à 2030. Ne nous trompons pas de combat, ce n'est pas l'appareil qu'il faut bannir mais le gaz qu'il faut verdir."
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Source : batirama.com/ Emilie Wood