Le délégué général de la Fondation Abbé Pierre a avoué un sentiment de "gueule de bois" après 6 mois de travail sur le Conseil National de la refondation (CNR) sur le logement, malgré des "avancées positives".
Lors de son discours de clôture des travaux du Conseil national de la refondation (CNR) sur le logement le 5 juin en fin de journée, la Première ministre Elisabeth Borne a déclaré : "Depuis 2017, nous avons agi pour augmenter l'offre de logements, pour donner des solutions pour les plus modestes (...) et pour prendre le tournant de la transition de la transition écologique notamment grâce à MaPrimeRénov'. Malgré ces mesures, nos échanges de ces 6 derniers mois comme le vécu de nos compatriotes convergent, nous traversons actuellement une crise du logement. (...) Nous agirons guidés par un principe : l'efficacité."
Une redéfinition à venir des zones considérées comme tendues
Tout comme annoncé dès le dimanche 4 juin, Elisabeth Borne a redétaillé les mesures retenues par le Gouvernement. Au sujet du prêt à taux zéro, prolongé mais avec des conditions relatives à la zone des logements, elle a ajouté qu'un travail va être mis en place afin de redéfinir les zones tendues. "Pour faire face à l'urgence, notre soutien passe par une révision très rapide, dès cet été, de notre zonage, pour inclure plus de communes dans les zones considérées comme tendues. (...) Nous allons engager des concertations pour une refonte plus profonde de notre système de zonage qui devrait être effective dès 2024."
Réaction des deux co-animateurs du CNR, Christophe Robert et Véronique Bédague
Lors d'un point presse à la Fondation Abbé Pierre, Christophe Robert, délégué général, a évoqué un sentiment de "gueule de bois" après six mois de travail.
"Il y a des choses qui ne sont pas inintéressantes, comme doubler le nombre de personnes qui vont bénéficier de la garantie Visale, ou l'annonce d'importantes mesures à venir sur la rénovation thermique", a-t-il reconnu en ne manquant pas de souligner le "travail très riche, au-delà des différences" des 200 participants.
Pas de mesures fortes pour le logement social
Mais "deux gros sujets d'inquiétude" subsistent, dont l'absence de mesures fortes pour le logement social. "En termes de production de logements sociaux, on est face à une dégringolade hyper importante. L'objectif du gouvernement, c'était 125.000 logements sociaux agréés en 2022, il y en a eu 95.000 et cette année on sera plutôt à 80-85.000. Quand on perd 30.000 logements par an, c'est 30.000 ménages qui ne sont pas logés", a-t-il relevé.
Pas de mesures de régulation du marché
Deuxième inquiétude : l'absence de mesures de régulation du marché, que ce soit sur l'encadrement des prix du foncier ou sur les meublés touristiques type Airbnb, et ce malgré "un rare consensus" des acteurs. "C'est comme si l'idée de pouvoir réguler un peu pour permettre à nos concitoyens de se loger dans de meilleures conditions (...) n'était pas vraiment le sujet de préoccupation du gouvernement", a ajouté Christophe Robert.
Un accès à la propriété pas assez aidé
La PDG de Nexity, Véronique Bédague, également co-animatrice du CNR, a cité des avancées obtenues, comme le constat désormais partagé par Matignon que la question du logement est "systémique". Mais les annonces "pèchent" selon elle sur l'accès à la propriété pour les plus modestes et les jeunes. "On prolonge mais on réduit sensiblement le PTZ (prêt à taux zéro, ndlr). Ce PTZ qui était accessible dans les 35.000 communes de France" ne le sera plus que dans "les zones tendues, 1.100 communes (...) là où c'est le plus cher", a-t-elle expliqué. "On ne traite pas bien nos jeunes (...). Les maisons individuelles qu'on méprise tant et sur lesquelles il n'y a plus de PTZ, c'est les premiers prix, c'est les plus modestes qui ont accès à ces maisons", a-t-elle ajouté, prédisant que "la crise du logement va rattraper le gouvernement".
Source : batirama.com/ Emilie Wood & AFP / Photo Elisabeth Borne livrant les conclusions du CNR Logement le 5 juin capture d'écran © Public Senat