L?isolation de la toiture par l?extérieur permet non seulement d?échapper à la dépose des parements de rampants et plafond pour pouvoir procéder à l?isolation de la charpente, mais offre aussi une isolation limitant les ponts thermiques.
L’isolation de la toiture par l’extérieur permet non seulement d’échapper à la dépose des parements de rampants et plafond pour pouvoir procéder à l’isolation de la charpente, mais offre aussi une isolation limitant les ponts thermiques.
Près d’un tiers de la perte de chaleur hivernale et un quart des températures estivales anormalement élevées résultent de problèmes d’isolation de la toiture. Dans ce contexte, l’isolation de cette dernière par l’extérieur est une solution beaucoup plus performante que sous les combles.
Outre son efficacité contre les ponts thermiques, elle offre une mise en œuvre facilitée et considérablement accélérée par de nouveaux systèmes. De plus, le volume habitable est préservé et la charpente peut rester apparente.
Toutefois, il s’agit d’une solution plus chère que l’isolation par l’intérieur et elle n’est valable que dans le neuf ou en cas de rénovation lourde du bâtiment. Elle nécessite par ailleurs une protection contre la condensation, grâce à un pare-vapeur, sans négliger une ventilation suffisante des combles.
Enfin, dernier inconvénient, la place de l’isolant peut affecter l’aspect extérieur de la toiture par rapport à la maison, car elle sera légèrement surélevée : ce sera à vos clients de décider de leur choix esthétique.
L’isolation d’une toiture par l’extérieur s’appuie sur deux solutions : le sarking et les panneaux auto-portants. Ces deux techniques s’adaptent sur charpente traditionnelle (pannes/chevrons) conforme aux DTU et aux règles neige et vents.
Elles sont complexes en rénovation car il faut tenir compte de la surcharge mise en œuvre : il doit y avoir une reprise de charge du poids de l’isolation sur la charpente existante. Du point de vue de la qualité d’isolation thermique, elles présentent le même avantage en termes de limitation des ponts thermiques.
AVIS D’EXPERT
| Erik Blin, Isover Saint-Gobain |
« Une mise en œuvre attentive permet de réduire les désordres liés à la condensation »
Si le premier exutoire de la vapeur d’eau est la VMC, auxiliaire indispensable à l’isolation d’une maison, il s’agit ensuite de mettre en place des systèmes d’isolation de qualité et d’assurer une étanchéité à l’air parfaite des parois.
Pour éviter toute condensation, il faut tout d’abord assurer la continuité de l’isolation et ainsi réduire la “confrontation” entre l’air chaud chargé de vapeur d’eau et l’air froid, en vue de supprimer ou déplacer le point de rosée dans la paroi.
La mise en œuvre doit donc être vigilante sur la continuité des contacts avec les éléments de la structure du bâti. Une pose en double couches croisées de l’isolant permet déjà, en particulier en toiture, d’y contribuer.
La mise en œuvre, devant l’isolant d’une membrane d’étanchéité à l’air, désormais obligatoire, avec des caractéristiques de perméance à la vapeur d’eau variables et adaptées aux différentes saisons, permettra de compléter l’efficacité du système.
Enfin, un écran de sous-toiture HPV (hautement perméable à la vapeur d’eau) sera mis en place de façon continue directement au dessus des isolants. Les points de vigilance concernent tous les points singuliers et traitement des liaisons pour lesquels, tant au niveau des membranes et écrans que des isolants, un soin particulier devra être apporté à leur mise en œuvre : égout et pannes des longs pans, liaisons au faitage, chevrons de rives de pignons, souches diverses traversant la toiture, ouvertures type fenêtres de toit.
Pour une efficacité durable de l’isolation et de l’étanchéité à l’air, les composants utilisés, adhésifs, et mastics, œillets pour les passages de réseaux devront faire l’objet d’Avis techniques.
Solution 1 : Le sarking
1-chevron ; 2-panneautage ou voligeage ; 3-barrière d'étanchéité (air et vapeur) ; 4-isolation ; 5-sous-toiture ; 6-contre-latte ; 7-latte.
Le sarking s’effectue en plusieurs couches successives, chacune ayant une fonction propre.
Cette solution nécessite de découvrir complètement le toit et de rehausser la couverture d’une hauteur égale à l’épaisseur de l’isolant. Il débute donc sur une charpente nue, la poutraison maitresse et le chevronnage étant en place.
Une première couche consistera à fixer le parement inférieur sur les chevrons. Elle soutiendra l’isolant et servira de plafond intérieur. Elle est généralement constituée de plaques de plâtre hydrofuges et ininflammables, de panneaux de contreplaqué, d’aggloméré ou d’OSB traités contre l’humidité.
Il faut ici penser à reporter sur cette base l’emplacement des chevrons, car ils serviront à fixer l’isolant. Pour une plus grande fiabilité de l’étanchéité, et particulièrement en zone montagneuse, le parement est ensuite recouvert d’un écran de sous-toiture étanche, pare-vapeur ou autre.
Lors du déroulement de ce film, une vigilance s’impose quant à la formation d’éventuels plis. Les raccords sont soigneusement étanchéifiés à l’aide d’un adhésif spécial. Puis, l’écran reçoit des panneaux isolants.
Leur disposition s’effectue généralement en quinconce, à joints serrés et alternés. La progression du travail s’effectue d’une rive à l’autre, jusqu’au faîtage, à partir de l’égout de toit. Un deuxième écran de sous-toiture peut venir recouvrir le tout.
Il s’agit généralement d’un voile étanche, d’un film à face réfléchissante ou d’un revêtement bitumineux. Cet ensemble est ensuite maintenu par des contre-lattes clouées ou vissées à travers la couche isolante jusqu’aux chevrons.
L’isolant se trouve ainsi coincé entre la latte et le chevron. Il ne reste plus ensuite qu’à poser les tuiles.
Intérêt :
C’est une solution d’isolation haute performance qui s’adapte à tout type de couverture en neuf et en rénovation.Limite :
La mise en œuvre doit être rigoureuse et minutieuse et nécessite un temps parfois long.
Solution 2 : Les panneaux autoportants
Ces panneaux s’utilisent dans le cadre d’une rénovation ou d’une construction et permettent de supprimer, de remplacer ou de ne pas utiliser de chevrons. Conçus pour être fixés directement sur les pannes de la charpente, ils recouvrent d’un seul tenant toute la hauteur du toit.
Applicables en neuf comme en rénovation, les panneaux autoportants sont des systèmes complets récents qui se répartissent entre panneaux sandwiches et caissons chevronnés, tout en supportant la couverture.
Ils représentent une solution 3 en 1, dans la mesure où un seul bloc regroupe la sous-face décorative pour l’intérieur, la couche isolante et le support de couverture déjà fixé : à eux seuls, ils sécurisent et étanchéifient la toiture, du parement inférieur aux supports de couverture.
Ils se fixent généralement à l’aide de pointes cannelées crantées en acier galvanisé en au moins 3 points (centre, faîtage, égout), directement dans les pannes.
Intérêt :
Ces systèmes complets offrent une mise en œuvre très rapide, une isolation continue et l’absence de ponts thermiques garantie.Limite :
Leur encombrement et leur poids nécessitent l’utilisation d’un engin de levage et rend difficile une manutention non mécanisée.
Solution 3 : Les panneaux sandwichs
Le panneau sandwich se met en œuvre directement sur pannes ou sur chevrons, soit parallèlement, soit perpendiculairement au sens de la pente.
Ces panneaux rigides sont fabriqués en une seule pièce et sont formés de trois couches superposées :
- une sous-face décorative (aggloméré, bois massif, contreplaqué, lambris, plaque de plâtre prépeinte, vynil…) ;
- l’âme isolante (laine de roche ou de lin, polystyrène expansé ou extrudé, polyuréthane projeté, fibre de bois, granulé d’écorce de chêne-liège…) ;
- un parement supérieur hydrofugé.
Les plus sophistiqués disposent par ailleurs de raidisseurs latéraux en bois massif. Généralement, ils comportent d’origine sur la face externe un réseau de contre-liteaux destinés à recevoir les tuiles.
Solution 4 : Les caissons chevronnés
Les caissons chevronnés se posent eux aussi directement sur les pannes de la charpente et assurent à la fois la finition du plafond intérieur, l’isolation thermique, le support des liteaux et la ventilation de la couverture.
Ils sont constitués d’une couche isolante en polystyrène expansé, extrudé, ou en mousse de polyuréthane prise entre deux chevrons longitudinaux servant de raidisseurs et d’une sous-face de plafond.
Ces panneaux sont traités contre les insectes et les champignons lignivores (comme la mérule), et un espace de ventilation est prévu entre l’isolant et la couverture. Suivant les modèles, un film hydrophobe ou de type HPV peut recouvrir l’isolant en partie externe.
Par rapport aux panneaux sandwich isolants, les caissons chevronnés sont plus résistants et autorisent de plus grandes portées entre pannes, les chevrons participant à la rigidité du panneau.
Il est possible de reprendre des entraxes de pannes à pannes jusqu’à 3 m en moyenne (sous charge de 150 kg/m2) pour certains produits. Autre différence, les caissons chevronnés se posent exclusivement dans le sens de la pente de toit (par crochet sur charpente bois ou vis auto-taraudeuses sur charpente métallique).
INFOS PRATIQUES
Zoom sur les écrans de sous-toiture
Elément continu, souple ou rigide, interposé entre le comble et la face interne des tuiles, un écran de sous-toiture agit de sorte que neige et pluie ne puissent pénétrer dans la construction.
Dans les toitures traditionnelles, deux lames d’air garantissent le bon fonctionnement de la construction. La lame d’air sous l’écran évacue l’éventuelle humidité venant de l’intérieur des combles.
En rénovation, lorsqu’il y a une dépose de couverture, suite à la modification intervenue sur le CPT3560 en 2009, un écran de sous-toiture HPV (Haute Perméabilité à la Vapeur d’eau) doit être mis en œuvre (suivant les prescriptions de pose édictées par son Avis technique). Sa nature HPV permet de le poser au contact de l’isolant sans ménager de lame d’air.
Il existe deux grandes familles d’écran de sous-toiture :
- les écrans rigides généralement en bois (panneaux, voliges), fibre-ciment, plaques PVC ou encore panneaux sandwichs ;
- les écrans souples de sous-toiture, qui peuvent être en matériau bitumineux, en matériau synthétique armé ou non, et présenter des caractéristiques techniques fonctionnelles spécifiques (haute perméabilité à la vapeur d’eau HPV, fonction pare-pluie temporaire, fonction barrière radiante améliorant le confort thermique d’été…). Cette seconde famille, la plus répandue, fait l’objet d’une homologation CSTB et d’un classement performanciel EST, qui guident désormais les règles de pose.
Source : batirama.com / Michèle Fourret