Elisabeth Borne a indiqué le 12 juillet que le budget de MaPrimeRenov’ passera à 4 milliards d’euro en 2024. C’est la plus récente d’une série d’annonces pas toujours très claires.
Souvenons-nous, dès avril 2023, le Gouvernement avait annoncé une profonde réforme de MaPrimeRenov’ à l’automne prochain.
Nous n’en savons toujours pas beaucoup plus, mais en matière de planification écologique, indiquait la Première Ministre le 12 juillet, devant le Conseil national de la transition écologique (CNTE), "je peux le dire, nous avons un plan : ambitieux, … collectif, … concret, … crédible, … équilibré, … répartition juste, … qui pose des moyens en face de chaque action et qui accompagne nos concitoyens dans la transition écologique."
Super ! Vite lisons le plan. Ah non, on ne peut pas, il n’est pas publié et il faudra attendre le projet de budget 2024.
Elisabeth Borne, après avoir déjà indiqué une augmentation de 7 milliards des moyens de l’Etat en faveur de la transition écologique le dimanche 9 juillet, a annoncé plusieurs mesures financières le 12 juillet : le budget de MaPrimeRénov' sera porté à 4 milliards d'euros, soit une hausse de 1,6 milliard d'euros, les moyens de l'État dans les infrastructures de transport augmenteront d'un milliard d'euros (+25%). Elle a également repris à son compte le fait que Bpifrance et la Banque des territoires avaient déjà annoncé une augmentation de leurs interventions pour les porter à 100 milliards d’euros sur 5 ans, … ©SGG
Tout ça pour augmenter l’investissement de la France en faveur de la transition énergétique de 60 milliards d’euros en 2024. Ce n’est pas du tout négligeable.
Mme Borne a également fait un point sur les évolutions des financements consacrés à la biodiversité : "264 millions d'euros de crédits supplémentaires seront consacrés à la biodiversité dès l'année prochaine. Ils s'ajoutent aux 300 millions d'euros du Fonds friche et aux crédits du Fonds restauration pérennisé au sein du Fonds vert, ainsi que 475 millions d'euros supplémentaires pour les agences de l'eau qui ont été annoncées en mars. C'est au total près d'un milliard d'euros qui seront consacrés à la biodiversité dès 2024", at-elle dit.
La FFB est confiante, mais un peu méfiante tout de même
Dans un communiqué de presse, la FFB se félicite du relèvement de 2,4 à 4 milliards d'euros (+66 %) du budget alloué à MaPrimeRénov’ en 2024, annoncé par la Première ministre. La Fédération se réjouit également de la définition à venir d’une "trajectoire de financement de la transition énergétique sur plusieurs années".
"Sous réserve du détail de la mesure – la méfiance est là -, c’est une bonne nouvelle pour l’environnement", poursuit la FFB. "Cette décision donnera un nouveau et puissant souffle à la rénovation énergétique. Elle met en cohérence moyens et ambitions que s’est fixés le pays."
"Elle permet aussi de poursuivre la mise en ordre de marche du secteur, qui a besoin de visibilité pour monter en puissance et investir tant en moyens humains que matériels."
Olivier Salleron, président de la FFB, se félicite : "cette nette majoration des aides à la rénovation énergétique répond à l’une des demandes fortes de la FFB. Il faudra poursuivre sur cette trajectoire pour atteindre les objectifs de 2030, c’est-à-dire programmer un renforcement continu dans les prochaines années, en accompagnement de la planification écologique. Les artisans et entrepreneurs sont prêts !"
Elargissement du rôle de l’Anah
Tout cela demeure encore vague. Heureusement, le 4 juillet, nous avons assisté à une réunion Energiesprong, au cours de laquelle Vincent Feuillette, directeur du Lab Innovation et secrétaire général de l’Anah, a annoncé quelques évolutions plus concrètes.
Pour commencer, il a annoncé un resserrement des aides MaPrimeRenov’ sur les rénovations globales. Si nous avons bien compris, le but est de porter le parc de logements existants au niveau BBC en 2030. C’est bientôt.
Vincent Feuillette, à droite, a également prévu le développement à la fois d’une méthode et d’un encadrement des rénovations par étapes, avec augmentation du plafond du montant de travaux et financement par fonds publics de 90% du coût, dans la limite du plafond, pour les ménages les plus précaires, avec pour les rénovations par étapes l’obligatoire participation d’un pilote de rénovation. L’Anah a, indique-t-il, géré 70.000 rénovations en 2022 et s’organise pour passer à 200.000 rénovations en 2024. ©PP
Vincent Feuillette a réaffirmé la stratégie de décarbonation des moyens de chauffage et réitéré l’objectif de faire disparaître le chauffage au fioul dans les logements privés et de réduire significativement la place du gaz, annonçant l’éventuelle réapparition d’un petit bouquet de travaux englobant la décarbonation du chauffage.
Vincent Feuillette a également annoncé une simplification des démarches administratives pour les ménages. Les CEE seront, dès 2024, intégrés dans les aides gérées par l’Anah, pour éviter que les ménagers ne s’adressent à plusieurs guichets. Questionné sur le devenir des agrégateurs de CEE, il a indiqué que le périmètre des CEE dépassait largement le logement et qu’il n’était pas inquiet pour eux.
Il a enfin expliqué que le confort d’été entrera dans l’assiette de la rénovation globale financée par l’Anah dès 2024. Répondant à une question, il a convenu que les changements trop fréquents des modalités des aides publiques à la rénovation étaient un frein à leur efficacité. Il demande depuis des années l’adoption de budgets pluriannuels, a-t-il rappelé. ©PP
Source : batirama.com / Pascal Poggi