A l’occasion du levage manuel d’une ferme de la charpente de la nef le 29 juin, reportage en images aux cœur des Ateliers Desmonts, chargés de réaliser les charpentes de la nef et du chœur de la cathédrale.
Perriers-la-Campagne : cette petite bourgade de l’Eure nichée dans la vallée de la Risle abrite un trésor de savoir-faire : les Ateliers Desmonts, spécialisés en charpentes traditionnelles, comptent une dizaine de salariés et un atelier de fabrication de 500 m² qui a dû être agrandi spécialement.
Charpentiers sans Frontière
Au plus fort de la fabrication, une trentaine de charpentiers venus de tous horizons auront participé à cette fabrication hors-norme, dans le cadre de Charpentiers Sans Frontière, association créée par François Calame.
Ils auront tracé les épures, effectué le lignage, le piquage, la taille et le pré-assemblage des bois en atelier, puis réassemblé sur site.
Le montage à blanc est une étape nécessaire pour s’assurer de la qualité de l’ouvrage des charpentiers. Il permet de vérifier la bonne exécution des assemblages avant le montage au-dessus des voûtes de la cathédrale, qui interviendra dans les tout prochains mois.
Le montage de l’ensemble de la charpente de la nef (longue de 35 m, large de 14 m et haute de 10 m) dans la cathédrale sera achevé en début d’année 2024.
La charpente médiévale, tout un art
L'Equarissage des grumes © EJH
Cet art de la charpente, à partir de bois vert, naît en France fin 12ème et début 13ème siècle avec la construction de Notre-Dame-de-Paris. Un relevé réalisé il y a une dizaine d’années a permis de reconstituer avec précision les détails des différentes charpentes. 400 assemblages ont été calculés par le bureau d’études des Ateliers Perrault avant de passer à la fabrication des 57 fermes (principales et secondaires) formant 11 travées.
Les étapes, visible sur notre vidéo, sont les suivantes :
- 1200 grumes ont été sélectionnées avec soin dans les forêts françaises. De chevrons de 12 m de long en 18 x 18 cm en seront extraits.
- L’équarrissage des grumes est d’abord réalisé à l’aide de haches de dégrossi, par les charpentières et charpentiers.
- Puis la poutre est affinée à la doloire pour obtenir des faces “propres”.
- Une épure (plan à l’échelle 1/1) est dessinée au sol, pour positionner les pièces de bois à assembler.
- Ces pièces sont taillées à mesure.
- Un chef d’orchestre guide les opérations de levage, délicates.
- Un ensemble de câbles, poulies et chèvres de soutien permet d'effectuer le levage
- Il s’agit de tirer symétriquement sur les câbles, sans à-coups afin de ne pas voiler la charpente.
- Mission accomplie : la ferme est calée presqu’à l’aplomb de la ferme précédemment levée ; un léger dévers permet de lever ensuite 4 chevrons-fermes et de poser la lierne haute.
Pour plus d'informations, vous pouvez lire notre dossier : Notre-Dame-de-Paris, la renaissance d'une icône, partie 1/2 et partie 2/2.
Source : batirama.com / Emmanuelle Jeanson