Le marché de l’adaptation des logements peine à croître

La France vieillit, inéluctablement. Les logements doivent donc s?adapter à cette évolution. Le marché qui en découle peut se transformer en véritable manne pour les artisans.


« L’espérance de vie progresse en France, d’une année tous les quatre ans, affirme Pierre-Luc Langlet, vice-président du Club de l’Amélioration de l’Habitat (CAH). On estime qu’en 2030, les hommes atteindront 81 ans, alors que les femmes finiront nonagénaires ».

 

Les plus de 60 ans devraient représenter près du quart des Français en 2020, et les plus de 75 ans près de 10 %. « Cet accroissement de la durée de vie et du vieillissement entrainent une nécessaire adaptation des logements », ajoute Pierre-Luc Langlet.

 

D’autant que cette évolution implique que l’on vit plus longtemps avec une infirmité ou un handicap. « Ce marché de la Silver Economy (économie des âgés) qui concerne une population aux revenus supérieurs à la moyenne, devrait donc connaître une forte croissance et créer des emplois », prévoit de son côté, la ministre déléguée aux personnes âgées et à l’autonomie, Michèle Delaunay.

 

Le hic, c’est que la loi (loi du 11 février 2005 et circulaire du 30 novembre 2007) n’impose “l’accessibilité pour tous” que pour les établissements recevant du public (ERP) et la construction neuve. Hors, l’habitat diffus qui représente près de 80 % des logements, abrite la plupart des personnes âgées.

 

Priorité au maintien à domicile

 

Les acteurs sont unanimes pour dire qu’il faut prioritairement maintenir les âgés à domicile. Un souhait partagé par les intéressés et leurs familles. Les pouvoirs publics adhèrent aussi à cette solution plus économique que la construction de maisons de retraite ou de foyers.

 

Aujourd’hui, dans la majorité des cas, les travaux dans un logement débutent après qu’un accident soit survenu. Un accident qui s’il ne se solde pas par un décès (10 000 par an) entraine une perte d’autonomie dans 140 000 cas annuels et mène souvent la personne vers un établissement spécialisé.

 

La solution serait donc d’aménager le logement préventivement. Ainsi, le conseil général de Corrèze a testé des solutions domotiques (interrupteurs lumineux, voyant de balisage des obstacles) sur plus de 2 000 foyers. A l’arrivée, les chutes ont été réduites de 30 %.

 

Mais, le plus délicat est de convaincre les âgés qui refusent en général de se voir impotents, de faire des travaux en amont. La plupart des anciens dispose pourtant de ressources suffisantes. Pour l’instant, ce sont les personnes âgées qui s’adaptent à leur logement et non leur logement qui s’adaptent à eux.

 

Le marché peine à décoller

 

Une étude lancée par le CAH montre que le marché reste embryonnaire. Pourtant, les 650 000 ERP concernés par la loi, devraient à eux-seuls représenter 25 milliards d’euros de travaux d’ici 2015.

 

« Dans l’ancien, le marché de l’adaptation pourrait concerner 20 % du parc, soit 5 à 6 millions de logements potentiels, avance Maurice Manceau, directeur habitat chez Saint-Gobain. Mais, il est difficile d’estimer la facture moyenne d’une réfection, explique le responsable. La note dépend trop du type de bâti et des pathologies des habitants».

 

Une chose est sure, pour profiter de cette manne les artisans doivent se placer sur ce marché. « Mais, pour que le public adhèrent, il ne faut pas que les travaux enlaidissent le logement. Que l’on se croit à l’hôpital », rappelle la ministre. De ce côté, Gabriel Desgrouas, vice-président de la Capeb rappelle que son organisme “a toujours défendu le beau”.

 

Labels et marques pour baliser le secteur

 

Pour changer les choses, les intervenants demandent aux pouvoirs publics de s’engager dans une action de communication vigoureuse. Ils souhaitent aussi la mise en place d’un “observatoire de l’adaptation des logements à la perte de l’autonomie”.

 

Mais les instances professionnelles ou publiques ne peuvent tout résoudre. « Les entreprises sont trop nombreuses à débarquer sur ce secteur sans connaissance, sans grandes compétences, déclare Ida Adamo entrepreneur de la FFB d’Indre-et-Loire.

 

La marque les “pros de l’accessibilité” peut constituer un repère. Elle réunit des artisans ou entrepreneurs du bâtiment, spécialistes de l’accessibilité ou de l’adaptation de logement aux personnes handicapés ou âgées ».

 

Pour en bénéficier, le professionnel doit notamment avoir réalisé 3 chantiers de ce type au cours des trois dernières années ou avoir suivi une formation en accessibilité des bâtiments. « La Capeb organise des séances de sensibilisations, rappelle Gabriel Desgrouas. A la suite desquelles, les plus chevronnés reçoivent le label “Handibat” ».

 

Les débats s’achèvent avec Roger Maquaire, président du CAH qui exhorte les pouvoirs publics à engager “une politique volontariste à la hauteur de l’enjeu”.

 

 

Source : batirama.com / Nicolas Dembreville

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