Pouget Consultants change de locaux et réhabilite 800 m2 bureaux à Nantes. Il veut prouver que, même en rénovation, la plus haute performance énergétique est possible.
Avec deux partenaires, l'économiste Gestion BAT et le cabinet Magnum Architectes, Pouget Consultants s'est porté acquéreur du bâtiment Monte Cristo dans l'Île de Nantes. Le but est de rénover le bâtiment, d'ajouter des extensions sur le toit pour créer 800 m² de bureaux au total.
Les ambitions des concepteurs sont importantes. Ils visent tout d'abord le bien-être et la santé des occupants, ensuite une empreinte environnementale la plus faible possible, enfin, une performance énergétique hors normes.
Pour atteindre ces objectifs et compléter leurs propres compétences, ils se sont entourés d'une équipe de conseils : le cabinet Gamba pour l'acoustique, Medieco (suzanne Déoux), pour la qualité de l'air intérieur et Wigwam Conseil pour l'étanchéité à l'air de l'enveloppe.
Qualité de l’air : vigilance sur les produits de finition
La qualité de l'air intérieur sera garantie grâce à une grande vigilance quant au choix des produits de finition et grâce à la mise en œuvre d'un traitement d'air efficace. Ils ont fait le choix d'un caisson double-flux Swegon Gold RX / Compact avec récupération de chaleur.
Le débit d'air retenu atteint 3 fois le débit réglementaire de manière à améliorer la qualité de l'air intérieur. Naturellement, malgré l'efficacité de la récupération de chaleur, cela entraîne un surcroît de consommations qu'il faut compenser ailleurs.
La diffusion d'air sera réalisée par des gaines textiles, démontables et lavables, dans la partie des bureaux occupée par Pouget Consultants. Les autres bureaux, plus cloisonnés, sont pourvus de bouches d'insufflation classiques.
Chauffage urbain : la plus faible empreinte environementale
En ce qui concerne l'empreinte environnementale, les concepteurs ont effectué une étude préalable d'approvisionnement énergétique, financée avec le soutien de l'Ademe. Cette étude s'est penchée sur l'ensemble des solutions de chauffage disponible à cet endroit.
Il en ressort que celle dont l'empreinte CO2 est la plus faible est le réseau de chauffage urbain, en cours de développement sur l'Île de Nantes. Il ne sera pourtant pas disponible dés la mise en service du bâtiment, prévue pour 2014. Une chaudière électrique sera donc installée et fonctionnera pendant un an environ, en attendant l'arrivée du réseau urbain.
Une grande attention a été accordée à l'amélioration des performances thermiques de l'enveloppe. Les règles d'urbanisme ne permettent pas la mise en œuvre d'une isolation par l'extérieur sur ce bâtiment. Les concepteurs se sont donc lancés dans la confection d'une « boîte dans la boîte », idée chère à Pouget Consultants.
Isolants : plusieurs solutions selon les supports
Selon la paroi à traiter, une grande diversité d'isolants a été retenue. Les sols sont en général traités par 100 mm de Polyuréthane (R = 4,65) sur lesquels seront coulées des chapes flottantes. Cette solution améliore à la fois l'acoustique et la thermique.
Certains planchers sont également isolés par 120 mm de laine de roche en sous-face. La créativité des concepteurs s'est particulièrement exercée sur les parois verticales. Elles sont le plus souvent isolées par 135 mm de laine de verre (R = 4,50).
Mais, un mur donnant sur l'extérieur au premier étage est isolé par 40 mm d'isolant sous-vide distribué par Siniat (R = 5, 70) pour minimiser la perte de surface intérieure. Certaines embrasures de fenêtres et retours en tableau sont traités par 30 mm d'aérogel de silice Spaceloft distribué par Porextherm. Les planchers hauts sont traités par laine de roche, flocage ou isolant sous vide.
Les performances visées
Du point de vue administratif, cette rénovation relève de la RT ex 2005, puis les extensions sont inférieures à la fois à 150 m² et à 30 % de la Shon préexistante. Mais les concepteurs ont décidé de viser également le label BBC rénovation, la conformité avec la RT2012 pour montrer qu'en rénovation on peut atteindre d'aussi bons résultats qu'en construction neuve.
Ils visent aussi le label Passivhaus rénovation EnerPHit (parce qu'ils n'ont peur de rien !) et le label Bepos Effinergie 2013 conçu pour la construction neuve : une sorte de cerise sur le gâteau.
L'intérêt de la plupart de ces labels est que, bien sûr, ils reposent sur une phase de conception et de calculs approfondis, mais aussi que plusieurs points clefs, dont l'étanchéité à l'air doivent être vérifiés expérimentalement en cours de chantier et lors de la livraison.
Ces ambitions sont élevées, mais les calculs montrent qu'il est possible de les atteindre. Le plus dur reste à faire cependant : consulter et choisir des entreprises, conduire le chantier de manière attentive. Si les concepteurs atteignent leurs buts, sans surcoût dissuasif, cette opération aura apporté la démonstration que même en rénovation, la plus haute performance énergétique est possible.
Source : batirama.com / Pascal Poggi
Les premiers résultats… à confirmer
Pour l'instant, nous n'en sommes qu'à la phase conception et calculs. Les premiers résultats montrent une conformité facile avec la RTex et le label BBC dans l'existant grâce à Ubat inférieur de 47 % au Ubat ref, un Cep de 33,7 inférieur de 50 % au Cep ref.
De la même manière, le calcul RT2012 montre un gain de 3 % sur le Bbio (67,8 contre 70 pourle Bbio max) et un gain de 48 % sur le Cep (47,8) par rapport au Cep max (91). C'est un peu plus difficile en ce qui concerne le label Passivhaus en rénovation. La consommation totale d'énergie atteint 128 kWhEP/(m².an). Ce qui correspond aux exigences Passivhaus en rénovation.
Il faudrait, pour que ce label soit effectif, atteindre une consommation de chauffage annuelle inférieure ou égale à 25 kWh/m². Les calculs montrent une consommation de 39,4 kWh/(m².an). Les concepteurs ont donc réfléchi à une série de modifications pour réduire cette consommation.
En réduisant les débits d'air neuf grâce à un pilotage de la ventilation par une sonde de CO2, en augmentant les apports internes, en réduisant par intermittence la température intérieure en dessous de 20°C et en mettant en œuvre des volets intérieurs isolants pendant la nuit, la consommation de chauffage, au sens de l'outil PHPP du label Passivhaus, atteindrait alors 22,7 kWh/(m².an).
Le label BEPOS Effinergie 2013, dont on vous passera les formules de calcul, montre pour sa part qu'avec une production d'énergie de 38 kWhEP/(m².an), le bâtiment pourrait être labellisé. Cette production correspond une surface de 94 m² de capteurs photovoltaïques montés en toiture. Il y a juste la place nécessaire.