Depuis le temps qu?on en parlait? C?est fait ! Les 3 lettres BBC pour Bâtiment Basse Consommation sont, depuis le 1er janvier 2013, devenues également la règle pour tous les logements.
Définie par la Réglementation Thermique 2012 désormais en vigueur, la consommation d’énergie primaire ne doit pas dépasser 50kW.h/an.m² (chauffage + refroidissement + ventilation + production d’eau chaude sanitaire + éclairage) modulable par un coefficient de rigueur climatique selon la zone géographique et l’altitude.
Ce niveau, rappelons-le, représente une consommation trois fois moins importante qu’un bâtiment conforme à la RT 2005 et n’est encore qu’une étape sur le chemin des bâtiments à énergie positive visés en 2020.
Pour respecter ces nouvelles dispositions, la qualité de l’isolation thermique et le traitement des ponts thermiques sont indispensables. La RT 2005 imposait de nombreux garde-fous qui ont tous disparu dans la version 2012 excepté celui concernant les ponts thermiques.
Une valeur “plancher” est dorénavant fixée à Ψ = 0,65/m.k aux liaisons plancher intermédiaire / façade et le ratio de transmission thermique linéique moyen global doit être inférieur à 0,28W/m2.K.
AVIS D’EXPERT
| Hervé Pétard, délégué général Briques de France au sein de la FFTB, Fédération Française des Tuiles et Briques. |
« Associer intelligemment les technologies présentes sur le marché… »
« Les exigences de la RT 21012 conduisent à utiliser des matériaux permettant d’atteindre une résistance thermique R des parois opaques de 5,5m2.k/W sans imposer de modes constructifs particuliers…
Il faut avant tout associer de manière intelligente, les techniques et technologies présentes sur le marché et favoriser un certain nombre de choix en termes de conception : conception bioclimatique, enveloppe étanche à l’air parasite, isolation thermique performante, système de renouvellement d’air efficace… sont les points clé de réussite.
Il existe trois types de maçonnerie : courante comme pour la plupart des blocs de béton qui présente une résistance thermique R de 0,23m2.K/W, de type “b” ou de type “a” (pour les briques de terre cuite ou les blocs de béton cellulaire par exemple) renvoyant à une résistance thermique R comprise entre 0,5m2.K/W et 1m2.K/W pour la classe “b” et R>1m2.K/W pour la classe “a” la plus performante.
Ce choix va directement impacter sur l’épaisseur de l’isolant rapporté (qui peut aller jusqu’à un gain de 2 à 3cm) et sur les déperditions en ponts thermiques notamment au droit des liaisons plancher intermédiaire / façade.
Concernant l’étanchéité à l’air, une paroi maçonnée enduite à l’extérieur est étanche à l’air, indépendamment de la nature du matériau de maçonnerie testé, du type de montage (joints minces ou épais) et du remplissage ou non-remplissage des joints verticaux.
Il est donc superflu de prévoir des dispositifs supplémentaires d’étanchéité à l’air (enduit intérieur, membrane…) pour atteindre l’objectif réglementaire. »
Solution 1 : Briques de terre cuite
Elles offrent d’excellentes performances tout en simplifiant la pose grâce au joint mince et à leur légèreté.
La brique de terre cuite se décline en deux modes constructifs: brique de 20 ou 25cm d’épaisseur à compléter d’une isolation rapportée ou monomur de 30 ou 37,5cm d’épaisseur à isolation répartie. Les briques sont classés maçonnerie de type “b” ou, de plus en plus, de type “a” avec R supérieur à 1m2.K/W.
Ces performances intrinsèques permettent d’atteindre facilement une résistance de paroi de 4 à 5m2.K/W voire au-delà en utilisant une brique de 20cm et un isolant rapporté. Certes moins performant en termes d’isolation, le monomur (R=3 m2.K/W) a pour avantage d’assurer une forte inertie thermique indispensable pour le confort d’été.
Mais que ce soit en version brique ou monomur, du fait de leur classe “a” ou “b”, le traitement des ponts thermiques est simplifié : on s’affranchit de rupteur thermique en utilisant des planelles en terre cuite en about de dalle.
Dans la pose à joint mince, l’épaisseur de l’ordre du millimètre du mortier - colle réduit également considérablement les déperditions. Pour garantir une bonne homogénéité de l’ensemble du bâti, le traitement des points singuliers à l’aide des gammes d’accessoires (planelle, linteau, coffre de volet roulant…) est indispensable.
Des fabricants proposent d’ailleurs des systèmes complets, en pack, avec les accessoires appropriés.
Intérêt :
un système constructif complet isolant, étanche à l’air parasite et pérenne.
Solution 2 : Blocs de béton lourd ou léger
Produit classique par excellence, le bloc béton se décline dans une large gamme pour répondre à toutes les contraintes techniques et environnementales.
Le bloc de béton de granulats courants permet d’atteindre les exigences BBC à condition de l’associer à des rupteurs de ponts thermiques pour créer une coupure au niveau de la dalle de compression.
Associé à des épaisseurs d’isolant de 10 à 14cm, il est possible d’obtenir une résistance thermique Rmur de 3 à 4m2.K/W. Avantage, un bloc de béton lourd offre une résistance minimum à la compression de 4MPa (classe B 40) contre 2 à 3MPa (classe L 25) pour un bloc en béton léger (certains industriels proposent des blocs L 40) ainsi qu’une classe de résistance à l’arrachement RT3 contre RT1 ou RT2.
Concernant la mise en œuvre, un bloc de béton lourd se pose à joint épais mais il existe des versions aux faces rectifiées pour une pose à joint mince (D4 ou D3) identique à celle des blocs légers, blocs de pierre ponce ou de béton cellulaire.
Ces derniers se déclinent, en plus, dans une version monomur. Un monomur de béton cellulaire de 30cm offre une résistance R de 3,46m2.K/W (5,67m2.K/W en monomur de 50cm et 5,24m2.K/W en version bloc de 20cm d’épaisseur +12cm d’isolant intérieur rapporté Th 32).
Intérêt :
il offre un large choix de technique constructive: isolation rapportée ou répartie, épaisseurs de 20 à 50 cm, différents blocs accessoires…
Solution 3 : Blocs de béton à isolation intégrée
Ce bloc, 2 en 1, permet de réaliser lors d’une seule opération le mur porteur et l’isolation thermique par l’extérieur et ainsi gagner en temps de mise en œuvre.
Comme le bloc de béton standard, ce bloc se décline en version granulat courant ou granulat léger. Il se compose de deux blocs en béton reliés mécaniquement, en usine, par quatre tenons en queue d’aronde, à une plaque isolante en polystyrène expansé moulé (7,5 ou 10cm d’épaisseur).
Entre le bloc béton et la plaque isolante, une lame d’air discontinue de 2cm permet de réduire la température de la paroi extérieure en plein soleil, de s’opposer aux effets de condensation nocturnes et de créer une coupure de capillarité efficace.
Un bloc courant mesure 50 ou 40cm de long, 20 cm de hauteur pour une épaisseur totale de 32,5 ou 35cm permettant d’obtenir un coefficient U du mur fini de 0,39W/m2K (7,5cm d’isolant) et 0,31W/m2K (10cm d’isolant). Pour obtenir les mêmes performances avec un système bloc standard + isolation thermique intérieure, il faut compter 16 à 19cm d’isolant!
Ce bloc se met en œuvre traditionnellement au joint de mortier (posé exclusivement sur les parties en béton à l’aide d’une règle de pose qui va le calibrer et le délimiter).
Intérêt :
la plaque isolante mesurant quelques millimètres de plus que le bloc, la mise en œuvre assure la continuité de l’isolant éliminant les ponts thermiques au droit des planchers et refends.
Solution 4 : Blocs de béton à bancher
Alternative aux banches traditionnelles, ces blocs servent de coffrage perdu au béton coulé en œuvre pour réaliser des murs en béton plein, sans étayage.
Les blocs à bancher sont constitués de deux parois extérieures en béton de granulats courants ou légers, reliées entre elles par deux ou trois entretoises qui à l’empilage forment des alvéoles servant de coffrage.
Ces blocs se posent à joints verticaux décalés d’un lit sur l’autre (décalage correspondant au 1/3 de la longueur du bloc), de façon à former un escalier pour un remplissage optimal de béton, par effet de cascade, effectué à la pompe ou à la benne.
La hauteur maximale réglementaire de coulage est fixée à 1,50m par jour, les caractéristiques mécaniques des blocs ne permettant pas de résister à la poussée du béton frais pour une hauteur de coulage plus importante.
Le béton de granulat courant utilisé doit avoir une classe de résistance C20/25, une classe de consistance S4 pour remplir les moindres recoins des alvéoles et enrober les armatures, et une granulométrie de 0/12 (pour un bloc de 20cm d’épaisseur).
Dans la plupart des cas, des armatures verticales et horizontales sont nécessaires en partie courante. Ces blocs existent en version “pose traditionnelle” ou “pose à sec” sans joint de mortier (les faces sont alors rectifiées), avec un isolant intégré (Polystyrène Expansé Haute Densité) ou non.
Intérêt :
cette technique permet de construire contre des murs existants (avec pas ou peu de place pour utiliser la technique des murs banchés) ou lorsque l’on se trouve en côte bloquée.
INFOS PRATIQUES
Réglementation
- Depuis peu, un amendement au DTU 20.1 “Travaux de bâtiment - Ouvrages en maçonnerie de petits éléments – Parois et murs” d’octobre 2008 intègre les blocs de coffrage à enduire de granulats courants ou légers pour lesquels la mise en œuvre est dorénavant considérée comme “traditionnelle”. Restent exclus de cet amendement, les blocs à bancher à base de granulats très légers (billes de polystyrène expansé, vermiculite…), de granulats de pierre ponce ou encore ceux intégrant un isolant. Leur mise en œuvre relève encore d’un Avis technique Européen.
- Conformément à ce DTU, les mortiers-colle utilisés en pose à joint mince doivent faire la preuve de leur compatibilité avec le support bloc béton et être accompagné d’un Document technique d’Application ou d’un Avis technique, pour vérifier la compatibilité de la pose avec le support.
- Les blocs de granulats légers peuvent faire l’objet d’une certification NF TH, extension de la marque d’application volontaire NF Bloc béton, qui valide leurs propriétés thermiques sur la base des règles ThU.
Outil technique
La calculette BBClic® du Cerib, Centre d’Etudes et de Recherches de l’Industrie du Béton, permet de savoir si une construction est BBC ou pas grâce à série de paramètres qu’il suffit de définir : département et zone climatique, système de chauffage, nature de l’isolation, caractéristiques des baies, présence d’énergies renouvelables…
Source : batirama.com / Virgine Bourguet