Derrière le message principal de l’habitat sain se déploie une démarche de fournisseur éco-responsable.
Cette année, FP Bois, nommé d’après les initiales du fondateur, Félix Plantier, fête ses 70 ans d’activité de seconde transformation du pin maritime, marqués notamment par l’arrivée de la quatrième génération des Plantier au sein de l’entreprise. Une véritable entreprise familiale à l’Allemande qui invite à mettre en valeur le talent d’entrepreneur pour laisser entrevoir un avenir encore plus glorieux. Il y a de quoi le faire en France, dans le Sud-Ouest, et dans le bois, quand on constate à quel point le tissu industriel y est fragile et dépersonnalisé.
Histoire du parquet-lambris landais
Eric Plantier, président du groupe FP Bois. © FP Bois
De fait, l’entreprise familiale landaise n’est pas un long fleuve tranquille. Du moins, ça ne l’est plus depuis le 21e siècle. Eric Plantier, petit-fils de Félix, se rappelle du temps où une trentaine de producteurs landais de parquet-lambris produisaient bon an, mal an, 20 millions de m². Cette régularité était même citée dans les écoles de marketing. Après les incendies dévastateurs de l’après-guerre, le massif avait encaissé le déclin de la production de térébenthine par ces 30 glorieuses de la reconstruction et de la consommation.
Les Plantier disposaient déjà d’une scierie depuis un trentaine d’années, et Eric Plantier, membre du bureau de la FNB, aurait tout aussi bien pu tabler sur une célébration de centenaire. FP Bois est pourtant connu surtout pour cette offre de seconde transformation amorcée en 1953.
En fait, FP Bois fête surtout, aujourd’hui, le fait d’être encore là. Dans les Landes, il ne reste plus que quatre fabricants concurrents, qui produisent 5 millions de m². Les tempêtes de 1999 et 2009 ont décimé 40% de la forêt landaise. Le parquet-lambris landais a entamé une descente aux enfers après des décennies où il représentait une solution obligée, notamment pour des aménagements de combles.
Aujourd’hui, il n’existe même plus un tissu industriel qui permettrait de faire des actions nationales de marketing pour changer la perception de cette option de bois français ou local à carbone négatif.
De Verniland à Pure Home
La forêt landaise. © FP Bois
Par contre, FP Bois est devenu un modèle national de l’industrie du bois. Son chiffre d’affaires de 40 millions est respectable, sa part d’export de 30% est enviée et FP Bois représente l’essence même de la scierie qui évolue vers le marché des produits finis. La première grande étape, rappelle Eric Plantier, a été, à un moment où le marché glissait vers le bas prix et les produits bruts déclassés, de commercialiser des produits vernis, générant la marque Verniland très implantée dans les négoces.
Pourtant, aujourd’hui, FP Bois abandonne cette marque et la remplace par celle de Pure Home. Que s’est-il passé ? L’esprit du temps fait que le mot vernis dans Verniland attire moins, de même que les distributeurs insistent aujourd’hui sur une démarche notée de RSE de la part de leurs fournisseurs. Un changement de nom dûment pesé, qui donne à la récente innovation sanitaire de FP Bois la même valeur que jadis le passage du brut au verni. Pure Home renvoie à un brevet et l’un et l’autre couvrent l’Europe et aussi des pays lointains comme le Japon où FP Bois est implanté depuis longtemps.
Sans doute, sans la Covid, la réorientation de la gamme aurait eu lieu un Artibat plus tôt. Aujourd’hui, l’attention est accaparée par le climat, la forêt, le carbone. Et pourtant, la démarche cadre bien avec un nécessaire repositionnement du parquet-lambris landais. Eric Plantier : "nous subissons depuis deux ans l’effet systémique de la tempête de 2009. Le pin sur pied landais valait en gros 30 euros/m³, il est passé à 55 voire 60 euros/m³."
Des investissements pour contrer la hausse des prix
L'entreprise a investit dans une déligneuse automatique © FP Bois
La réaction de FP Bois, c’est d’investir dans une déligneuse automatique (7 millions d’euros) afin de mieux exploiter la matière : "Nous avons désormais un peu de recul par rapport à la machine, même si elle ne fonctionne encore qu’à 70% de ses capacités. Le gain de matière n’est que de 1 à 2%, même si cela est considérable quand on transforme 100.000 tonnes par an. Comme les pins ne sont plus ébranchés, la déligneuse permet d’optimiser la découpe des planches pour aller chercher les meilleures largeurs avec le moins de noeuds. En même temps, les noeuds plaisent plus qu’avant."
L’entreprise familiale va compléter cet investissement par un empiloir pour la scierie. Investir, c’est déjà le signe d’une bonne santé et un gage d’avenir. Il y a cinq ans, FP Bois perdait de l’argent. De quoi remettre en cause la reprise du raboteur Rabopale dans les Charentes, sa première acquisition industrielle en dehors des Landes. Depuis 2014, une vingtaine d ’employés y rabotent essentiellement du pin du Nord et effectuent des traitements, notamment pour des bardages.
Depuis, FP Bois fait une part aux bois français (20%) notamment le Douglas. De fait, le 70e anniversaire s’accompagne du Label Bois-de-France : "Nous avons accompagné la démarche de la FNB dès le début, mais comme l’attribution du Label est tributaire d’un audit apparenté à PEFC, nous ne pouvons l’utiliser que depuis peu", explique Eric Plantier.
Extension de la gamme
FP Bois Absolu © FP Bois
Sur Artibat, FP Bois ne se contente pas de changer de logo en proposant l’un de ces produits d’aménagement à fonction aseptisante, comme on en a vu se développer depuis dix ans. En fait, le changement fondamental est une réinterprétation du lambris-parquet, une réinvention qui passe depuis quelques années par l’extension de gamme, de fonctions et d’essences, la performance éco logique et désormais cette nouvelle fonction bénéfique. FP Bois a développé sa gamme pour devenir un hub logistique pour les négoces. Le traditionnel aspect des lambris parquets landais se perd dans un univers de l’aménagement en bois remis au goût du jour. Du parquet en chêne transformé par un partenaire basque, par exemple, qui lui aussi dispose du verni Pure Home. Jusqu’au bois brûlés tendance.
FP Bois Alpin. © FP Bois
D’un coup, le produit trop vu d’hier devient un matériau d’avenir. A commencer par les lambris et parquets de récupération qui alimentent le marché du réemploi comme
nul autre produit bois aujourd’hui, faciles à stocker, à réutiliser, et non nocifs. Si ce n’est que la mise en place de la REP a eu comme conséquence non voulue de freiner les tentatives de FP Bois pour développer lui-même le recyclage.
Quant à la matière première du pin des Landes, sa valorisation en produits d’aménagements est clairement la plus vertueuse en termes d’écologie, avec un rayon d’approvisionnement à faire pâlir l’ensemble de la filière bois, de 30 km environ pour le site de Mimizan. Les investissements améliorent l’exploitation de la matière et les séchoirs pourraient être alimentés par les nombreux toits industriels du site, sauf qu’actuellement les assurances l’interdisent encore. La logistique ? Des tests sont en cours pour l’acheminement fluvial et maritime à direction d’Anvers. Le bilan carbone des produits est négatif et même si leur marché principal est la rénovation, ce domaine est amené à calculer de plus en plus précisément son coût carbone. En d’autres termes, dans pas mal de cas, la rénovation qui recourt de façon poussée aux lambris et parquet Pure Home gomme son coût carbone. Qui dit mieux ?
Cela donne presque envie à FP Bois de pousser la démarche jusqu’au bois structurel…
Source : batirama.com/ Jonas Tophoven