Récession inévitable pour le BTP en 2024 et 2025 : "Réveillez-vous !" s'insurge la FFB

Ce 13 décembre, la FFB fait état d'une baisse de 0,6 % de l'activité bâtiment en volume en 2023, en raison d'un recul de 7,8 % du logement neuf. 2024 marquera "l'entrée en récession" du secteur, prévoit l’organisme.

"La catastrophe annoncée est bien là et entraîne le reste du bâtiment dans la récession" annonce Olivier Salleron, président de la FFB, en introduction de la conférence de presse conjoncturelle de la Fédération Française du Bâtiment ce 13 décembre. La chute du logement neuf semble même affecter le PIB du pays. Les chiffres se succèdent, souvent historiquement bas :

 

 

Evolutions (en volume) prévues par la FFB :

  2022 2023 estimé 2024 prévu
Neuf +1,1% -4,4% -14,6%
... dont logement -0,2% -7,8% -21,3%
... dont non résidentiel +3% +0,4% -6%
Amélioration entretien +1,7% -0,6% -5,5%
Emploi bâtiment +20.600 -3.000 (à minima) -90.000

"C'est le logement neuf, qui représente 30% de l'activité bâtiment, qui entraine l'ensemble du secteur vers le bas", résume M. Salleron. Source : FFB - 13/12/2023

 

Les prévisions pour 2025 sont encore plus basses que celles de 2024 comme l'indiquent ces courbes montrant, en bleu, les volumes de production en millions d'euros et en vert l'emploi. Source : FFB.

 

 

 

La rénovation énergétique pourra-t-elle pousser le secteur vers le haut ?

 

On peut encore espérer une légère hausse de l'activité pour la rénovation énergétique, poussée par l'augmentation du budget de MaPrimeRénov'.

 

MaPrimeRénov' : une réforme qui apporte son lot d'inquiétudes

 

"L'activité est en croissance, mais elle se tasse, puisqu'après 2,6% d'augmentation en 2023, on prévoit seulement, malheureusement 1,6% en 2024", commente Olivier Salleron. En effet, malgré la bonne nouvelle de l'augmentation du budget des aides à la rénovation énergétique MaPrimeRénov' de 2,4 milliards à 4 milliards d'euros en milieu d'année, les réformes annoncées semblent mettre "des bâtons dans les roues" de certains ménages.

 

"Si ce qui est proposé par le gouvernement est voté dans quelques jours pour MaPrimeRénov', il y aura moins de gestes simples de rénovation. La réforme pénalisera les ménages en les obligeant de changer la production de chauffage avant ou en même temps que les autres gestes de rénovation, afin de toucher la prime dans sa totalité. Les gens qui n'avaient prévus de faire que l'isolation de fenêtres, de sol, de mur ou autre, seraient obligés de mettre 10, 15.000 € pour changer leur chaudière. On voit bien qu'ils risquent de reporter leurs travaux à plus tard dans ces conditions", indique le président de la FFB.  

 

Il évoque ensuite la mise en place de Mon Accompagnateur Rénov', "une bonne chose" selon lui, mais "qui n'est absolument pas prête". En effet le recrutement n'est pas encore à la hauteur de ce qu'il devrait être : "Ils devraient être 2.500 sur le territoire. Aujourd'hui ils n'en ont recruté que 300", s'inquiète M. Salleron, qui craint que le manque d'accompagnateurs ne freine encore davantage l'accès aux aides à la rénovation. 

 

Trois espoirs pour le secteur

 

La crise du BTP est un problème pour toute l'économie

 

Olivier Salleron cite une analyse récente de l'Insee sur la crise du logement neuf et ses conséquences sur le PIB du pays : "depuis mi-2022, un seul grand facteur pénalise le PIB français, c'est l'investissement des ménages, composé à plus de 80% de dépenses de construction de logement en moins et de gros travaux sur le logement. Donc le bâtiment, à lui seul, plombe à 80% le PIB."

 

Relancer la consommation des ménages sur le logement serait donc un moyen efficace de sortir de la crise.

 

La FFB rappelle que les recettes de l'Etat dépendent en grande partie des revenus liés à l'immobilier (taxe sur les revenus immobiliers, taxes d'urbanisme, TVA sur terrains, TVA sur logements neufs, TVA sur amélioration entretien...). Le logement serait une véritable "rente pour la nation". Aider les ménages à investir serait donc logique afin de s'assurer ces recettes. 

 

Le prêt à taux zéro (PTZ), le Pinel, sont des petites dépenses comparées aux autres dépenses de l'Etat liées au logement, et qui devrait être vite rentabilisé par le gouvernement.

 

Les combats de la FFB

 

Sur le neuf, la FFB souhaite que le prêt à taux zéro, aujourd'hui à 20%, soit remonté à 40% pour aider les ménages à accéder à la propriété. Sur l'investissement locatif privé, la FFB demande à ce que le Pinel soit prolongé jusqu'à fin 2024, dans sa version 2022.

 

Pour MaPrimeRénov', la FFB demande l'abandon des conditions de changement de système de chauffage, et une mise en place de Mon Accompagnateur Rénov' une fois les recrutements finalisés. "On ne demande pas un report, mais à mettre les bouchées doubles pour que ce système soit mis en place rapidement."

 

La FFB souhaite que, pour les aides MaPrimeAdapt', toute personne de plus de 70 ans, avec ou sans situation de handicap, puisse être éligible au crédit d'impôts.

 

Sur la REP Bâtiment, Olivier Salleron fait entendre une fois de plus sa colère : "ça n'avance pas. Il n'y a pas de reprise des déchets sur chantier et en entreprise. Les tarifs 2024 sont encore inconnus. Par contre, la taxe est bien collectée, mais le service n'est pas à la hauteur. J'ai alerté le ministère de la Transition Ecologique car ça commence à fumer de partout sur tout le territoire." 

 

Cependant, c'est sur une note plus positive qu'Olivier Salleron a choisi de conclure : "Nous restons des optimistes réalistes sur la suite du bâtiment sur les 50 prochaines années, nous savons qu'il faut continuer à construire du neuf d'une façon écologique, d'ailleurs nous sommes les champions du monde avec la RE2020 dans ce domaine. Nous en sommes fier. Nous nous sommes adaptés depuis 2 ans et nous allons continuer."



Source : batirama.com/ Emilie Wood / Photo © Freepik

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