Comment préserver la trésorerie des entreprises ?

Réduction des délais de paiement, baisse de l?activité, contraction des encours bancaires, resserrement du crédit? tout concourt à mettre à la mal la trésorerie des entreprises. Voici quelques pistes pour faire face.

« La trésorerie des entreprises du bâtiment en période de crise ». Tel était le thème de l’une des deux tables rondes organisées par la fédération du négoce de Bois et des matériaux de construction (FNBM) dans le cadre de ses rendez-vous annuels du négoce.

 

Une bonne initiative de la part de cette organisation professionnelle qui a réuni des interlocuteurs de qualité pour évoquer la situation préoccupante des TPE-PME de la filière et trouver des solutions pour y remédier.

 

Sabine Basili, vice-présidente de la Capeb a d’abord dressé un état des lieux alarmant. « Nos entreprises artisanales ont assez bien résisté à la première phase de la crise en puisant dans leur fonds propres pour maintenir l’emploi. Mais aujourd’hui, la situation s’est nettement dégradée.

 

Les carnets de commandes se vident, la réduction des délais de paiement pénalise les TPE dont les clients particuliers ne sont pas concernés… les trésoreries sont vides  et le resserrement de l’accès au crédit n’arrange rien. »

 

En effet, selon l’enquête trimestrielle de conjoncture de la Capeb des 25% de répondants qui déclaraient en 2012 chercher entre 5 à 10 KE de prêt, ils étaient 65% eu 1er trimestre 2013 à assurer avoir besoin de 15 KE.

 

Le CICE, une avance de trésorerie

 

Karine Berger, députée et rapporteur du projet de loi sur la séparation et la régulation des activités bancaires, confirme la contraction des encours bancaires. Mais selon elle, le Crédit d’impôt compétitivité emploi (CICE) peut servir à renflouer la trésorerie des entreprises (lire ici)

 

Ce crédit d’impôt sur les sociétés représente en 2013, 4% de la masse salariale des rémunérations jusqu’à 2,5 fois le Smic. « Vous pouvez demander le préfinancement du CICE dès aujourd’hui. Cela représente entre 5 et 6000 euros pour une PME. »

 

Mais selon Sabine Basili, nombre d’artisans travaillant seul, ne peuvent pas bénéficier de ce dispositif. « Pour eux, c’est la double peine. Ils subissent la hausse de la TVA sur la rénovation à 7%, annoncée à 10% pour 2013 et n’obtiennent aucune compensation en retour. »

 

Concernant la nouvelle hausse de la TVA à 10% pour les travaux de rénovation, Karine Berger a tenu à affirmer sa position. « Nous sommes nombreux à l’Assemblée nationale à  réclamer un taux de TVA réduit à 5% pour les travaux d’amélioration de la performance énergétique. »

 

La députée a également précisé qu’elle « militait »  pour obtenir que la commande publique paie ses factures en temps et en heures, déplorant aujourd’hui des retards « inacceptables », dont certains mettent à mal la trésorerie des entreprises.

 

La médiation du crédit


 

De son côté, Jeanne-Marie Prost, médiatrice nationale du crédit aux entreprises, a rappelé que ce service, en place depuis 2008, visait à aider les chefs d’entreprises à trouver des solutions de financement (lire ici)

 

« 80% des demandeurs sont des entreprises de moins de 10 salariés qui ont besoin de proximité. Le dispositif est donc organisé localement. Il y a un médiateur par département. Les banquiers se sont engagés à ne pas couper les lignes de crédit dès lors que le service de médiation a été saisi. »

 

Jeanne-Marie Prost confie que depuis 2008, 17% des dossiers de médiation émanent du secteur du BTP. Elle précise que son service peut aussi être saisi pour les questions relatives à l’assurance crédit.

 

Source : batirama.com / Céline Jappé

 

Finance et commerce main dans la main


 

Bruno Planchais, crédit manager consultant a donné aussi quelques conseils aux négociants en matériaux pour limiter les impayés. Il a d’abord rappelé que le taux de défaillances des entreprises du BTP était 3,5 fois plus élevé que dans les autres secteurs.

 

Selon lui « les clients ne peuvent pas vous payer car leurs propres clients ne les paient pas, estime t-il. Dès lors, comment pouvez-vous les aider, les accompagner ? ». Selon le consultant, les négociants doivent mieux connaître leur client.

 

« Vous devez sécuriser vos transactions ou ne pas faire affaire. La corrélation entre incident de paiement et défaillance est de 3 à 6 mois. Faites travailler ensemble vos équipes financières et commerciales, leur coopération est indispensable.

 

Les premières ont des éléments de discrimination et maîtrisent les techniques de sécurisation. Les secondes ont l’expérience du terrain, connaissent leurs clients. Associer les deux est nécessaire pour mettre en œuvre les solutions adaptées à chaque cas.



 

↑ Allez en Haut ↑