2024 doit être l'année de la TPE, souhaite Jean-Christophe Repon

Si la Capeb prévoit une récession de -2% en 2024, son président a insisté sur le rôle primordial que jouent des petites entreprises du bâtiment pour sortir le secteur de la conjoncture actuelle.

Après avoir fini l'année 2023 sur une baisse de la croissance de - 0,6%, les chiffres ne devraient pas aller en s'améliorant et la Capeb s'attend à une récession de - 2% en 2024 pour les petites entreprises du bâtiment.

 

Cependant, Jean-Christophe Repon, président de la Capeb, a voulu faire passer un message positif à ses adhérents lors de la conférence de presse conjoncturelle du 17 janvier : "Le bilan 2023 n'est pas positif, mais pour la TPE et l'artisanat, elle reste source d'optimisme. Malgré des voyants dans le rouge, ils sont atténués par la capacité de nos petites entreprises de répondre aux missions qui sont les nôtres, notamment la rénovation énergétique."

 

Une crise du neuf moins impactante pour les petites structures

 

L'année 2023 est en retrait à -0,6%, fortement pénalisée par le marché du neuf. Si les TPE sont également impactées, elles le sont moins que les grands groupes ou les entreprises de plus grande taille. "Notre segmentation sur le marché peut permettre au gouvernement de relever de nombreux défis, et nous souhaitons une vraie reconnaissance de la solution TPE. On pense que 2024 doit devenir l'année de la TPE", indique Jean-Christophe Repon, ajoutant qu'il souhaite que les mesures gouvernementales à venir aident les petites entreprises à atteindre leurs objectifs. 

 

Bilan du 4e trimestre

 

Au 4, l'activité des artisans du bâtiment a reculé de -1,4% par rapport au 4e trimestre 2022. C'est surtout le neuf qui est en chute (-4,5%), tandis que l'entretien-amélioration stagne à 0%. On note cependant que l'activité travaux de performance énergétique tire encore son épingle du jeu (+1,5% en volume).

 

L'activité recule partout, malgré quelques disparités régionales. © Capeb

 

Ce sont les entreprises de maçonnerie dont l'activité souffre le plus, avec un recul d'activité de -2,5% au 4e trimestre, sachant que leur activité étaient déjà en recul les deux trimestres précédents.

 

Autorisations et mises en chantier reculent respectivement de -26% et de -20%, ne laissant pas entrevoir encore le bout du tunnel. © Capeb

 

La conjoncture défavorable se fait sentir au niveau de l'emploi et des intentions des entreprises en matière de recrutement. Ainsi, les derniers chiffres disponibles (3e trimestre) indiquent un recul de -1,6% de l'emploi salarié pour les entreprises de la construction de moins de 20 salariés. Les perspectives d'embauches semblent être encore plus moroses pour 2024, avec la portion d'entreprises envisageant un recrutement au cours du premier semestre 2024 qui tombe à 12% (contre 19% au 2e semestre 2023), et les intentions de non-renouvellement de contrat ou licenciement augmentent pour atteindre 8% - le plus haut taux depuis 2015.

 

Mobilisé pour une révision de la réforme MaPrimeRénov' et l'instauration de certificats de conformité

 

Le président de la Capeb a également rappelé les grands combats que livre le syndicat en ce moment, notamment au sujet de la réforme de MaPrimeRénov'. Il évoque avec fierté la trentaine de signatures récoltées dans le monde du bâtiment, de l'immobilier et de l'industrie, preuve que le secteur croit en ses propositions. 

 

"Comment 60.000 entreprises RGE vont-elles pouvoir réaliser 5 milliards d'euros de chantier en rénovation énergétique ?" interroge M. Repon, évoquant la chute du nombre d'entreprises certifiées. "Personne ne se pose la question. Nous, on a proposé une solution concrète, qui ne coûte rien : c'est le certificat de conformité de performance énergétique" qui concerneraient les artisans non-certifiés RGE - mais néammoins compétents - souhaitant ponctuellement réaliser des travaux de rénovation énergétique. Jean-Christophe Repon souhaite également que les artisans puissent se regrouper momentanément afin d'être en mesure de répondre aux demandes de rénovation d'ampleur des ménages, via un statut de groupement d'entreprises non solidaires.

 

Autres "failles" de la réforme MaPrimeRénov' citées : l'obligation d'avoir recours à une rénovation d'ampleur, difficile à mettre en oeuvre concrètement et dont le coût total, dont le reste à charge est trop important pour les ménages les plus modestes ; ainsi que l'obligation de changement de chaudière gaz, même récente, pour les particuliers souhaitant réaliser ces rénovations d'ampleur.

 

En dehors de la réforme en cours, Jean-Christophe Repon s'est insurgé contre une idée qui circule depuis quelques temps parmi certains membres du gouvernement : la possibilité pour les particuliers de toucher une aide d'état en faisant de l'auto-rénovation. "On demande à nos artisans d'être certifiés RGE et d'un autre côté on laisserait n'importe quel amateur, coaché par un artisan, réaliser des travaux ? Ce n'est pas logique. On ne peut pas être d'accord avec ça. Ou alors il faut de toute urgence mettre en place le certificat de conformité de performance énergétique pour tous." 

 



Source : batirama.com/ Emilie Wood/ Photo © Emilie Wood

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