Pour pallier les problèmes de corrosion, de pannes de pompes ou de baisse de rendement, proposez un désembouage à votre client. La diversité des procédures varie selon plusieurs facteurs caractérisant l?installation.
Le désembouage prévient et élimine les boues qui perturbent les éléments d’un circuit de chauffage. Cette opération est indispensable pour améliorer les performances des installations, car tout réseau fabrique des boues. Rappelons que les boues, constituées principalement d’oxydes associés à des sels minéraux, se forment par un processus de corrosion lié aux phénomènes d’entartrage. Ceux-ci sont directement dépendants de la quantité d’eau neuve introduite dans l’installation.
Canalisations colmatées
Les boues ont de nombreuses conséquences néfastes sur l’ensemble de l’installation : ralentissement de la circulation du fluide, augmentation de la consommation d’énergie à mesure du colmatage des canalisations, répartition inégale de la chaleur, pannes des composants de l’installation. Il existe différentes méthodes de désembouage. Un nettoyage mécanique peut suffire dans certains cas, mais quelle que soit la procédure appliquée, il faut veiller à la compatibilité des produits utilisés avec les matériaux présents sur l’installation, en particulier en présence d’aluminium.
Source: M.F / batirama.com
Pour obtenir les débits élevés nécessaires, il faut:
- une canalisation de remplissage, ainsi qu’une pression d’alimentation permettant d’obtenir les débits nécessaires,
- des vannes de vidange de gros diamètre,
- des vannes d’isolement installées de telle façon qu’il soit possible de rincer successivement les différents tronçons.
Pour pouvoir procéder à ces nettoyages, des dispositifs permettant d’obtenir des débits élevés et d’inverser le sens de circulation (attention aux robinets thermostatiques) sont également proposés. Ces dispositifs dotés d’une pompe comporte généralement un réservoir qui permet une décantation des particules emportées par le rinçage. Ils sont utilisés aussi pour introduire les produits de traitement.
À RETENIR :
Avantages/inconvénients : pour être efficace, ce rinçage nécessite l’obtention de vitesses d’eau suffisantes : pour entraîner une particule métallique d’environ 5 mm sur une partie horizontale, on recommande des vitesses d’écoulement minimales d’environ 1m/s, par exemple.
• UN RINCAGE SOUS UNE DOUBLE PRESSION D'AIR ET D'EAU (NETTOYAGE HYDROPNEUMATIQUE)
Le désembouage hydropneumatique est souvent retenu pour des pathologies graves ou pour des nettoyages spécifiques. Il permet, en quelques heures, de désembouer et/ou désoxyder un réseau d’eau, bouclé ou non, par la mise en circulation d’eau sursaturée en air. L’instabilité du mélange permet l’éclatement de micro-bulles d’air au contact de la paroi des canalisations. Ceci a pour effet de décoller les dépôts et la corrosion, qui sont entraînés sous forme de particules par le flux et évacués vers l’égout.
À RETENIR :
Avantages/inconvénients : ce procédé est applicable quels que soient les matériaux constitutifs de l’installation. Il présente l’avantage de fonctionner sans adjonction systématique de produits chimiques, ce qui l’autorise dans les réseaux d’eau destinée à la consommation humaine, sans contrainte particulière.
• LE TRAITEMENT EN CONTINU
Les méthodes actuellement les plus utilisées, surtout sur les installations collectives, de taille importante, difficilement vidangeables et chassables, sont les méthodes dites “douces” ne nécessitant pas l’arrêt de l’installation. Elles consistent à mettre en œuvre un traitement peu agressif permettant progressivement de mettre en suspension les boues de manière à les piéger sur des clarificateurs afin de les expulser du circuit. Le clarificateur cumule les effets d’une captation magnétique à ceux d’une filtration et/ou d’une décantation. Monté en dérivation sur le circuit principal, il permet en général de traiter entre 15% et 30% de la totalité du débit. Il est implanté soit entre l’aspiration et le refoulement du circulateur, si le circuit n’est pas trop étendu et si le circulateur est suffisamment puissant, soit en un point bas en dérivation sur le circuit de retour du chauffage. Dans ce cas, l’installation d’un circulateur en série avec le clarificateur est nécessaire, compte tenu de ses pertes de charge.
À RETENIR :
Avantages/inconvénients : la durée du désembouage est plus longue qu’avec les traitements qui nécessitent l’arrêt de l’installation et s’opère généralement sur plusieurs mois. Un suivi du traitement est indispensable.
• LES TRAITEMENTS AVEC ARRET DE L'INSTALLATION
Ces traitements curatifs consistent à réaliser un nettoyage chimique de l’installation pendant une durée pouvant aller d’une journée à plusieurs semaines, puis à rincer l’installation et à reconditionner l’eau du circuit. Le temps d’application de nombreux produits varie également en fonction de la température d’eau. Une marche forcée de l’installation à des températures de 70/80°C permet une activité souvent plus importante de ces produits et donc un désembouage plus rapide. Dans certains cas, notamment lorsque les phénomènes d’entartrage ont été importants et que les dépôts sont constitués d’une forte proportion de sels minéraux, des produits acides peuvent être employés, à condition d’avoir une maîtrise et un accès total à l’installation. Les nettoyages mécaniques, à grands débits d’eau ou sous une double pression d’air et d’eau, viennent généralement en complément des nettoyages chimiques.
À RETENIR :
Avantages/inconvénients : ces nettoyages chimiques sont plus rapides et appliqués, généralement au moyen de produits non acides, avec arrêt de l’installation, sur les installations individuelles ou les petites installations collectives, dont l’accès est aisé, qui peuvent être vidangées et sur lesquelles des chasses peuvent être effectuées.
• LES TRAITEMENTS "MIXTES"
Pour n’appliquer qu’un nettoyage chimique rapide, il faut être certain que l’installation soit parfaitement chassée, pour expulser toutes les boues, et correctement rincée. De son côté, un traitement en continu ne permet pas à lui seul de désembouer l’installation si les quantités de dépôts sont trop importantes, et en particulier si des zones sont obstruées. On a alors généralement recours à des traitements mixtes, qui consistent à mettre en œuvre un nettoyage chimique rapide avec arrêt de l’installation, puis un nettoyage lent en continu.
À RETENIR :
Avantages/inconvénients : ils conviennent aux installations collectives fortement embouées, vidangeables mais difficilement chassables, pour lesquelles l’un ou l’autre des précédents traitements ne permettrait pas, à lui seul, d’obtenir le désembouage de l’installation.
« Dans le cas d’une installation de chauffage en logement collectif, le traitement de l’eau de chauffage n’est pas du tout une obligation si celle-ci est en bon état. Cependant, avec des installations mal conçues ou mal réalisées, un traitement sera nécessaire, notamment dans le cas d’entrées d’air ou d’eau ainsi qu’en présence d’émetteurs en fonte d’aluminium ou d’aluminium-silicium. En effet, l’aluminium nécessite une fourchette précise de pH : les limites se situent entre 7 et 8,5. Un traitement de l’eau de chauffage est indispensable pour maintenir le pH dans cette fourchette et éviter les percements et la corrosion qui y conduit. Dans l’habitat individuel, le problème avec l’aluminium reste le même, mais il faut également traiter en présence d’une installation de PCBT, pour laquelle on appliquera un traitement chimique avec inhibiteurs de corrosion. Ceci est notamment nécessaire avec les tuyaux en matériaux de synthèse où des entrées d’air sont observées, permettant le développement de la corrosion. »
* Responsable de la division Eaux & Bâtiments.