Le projet Horizeo, d'un coût de 600 millions d'euros, prévoit la construction d'un parc photovoltaïque d'une puissance de 800 mégawatts (MW) sur 680 hectares de forêt à Saucats, à 20 km au sud de Bordeaux.
Ce mardi 5 mars, à Bordeaux, Engie et Neoen ont annoncé le dépôt des demandes d'autorisation afin de construire en Gironde ce qui s'annonce comme l'un des plus vastes parcs photovoltaïques d'Europe. Toutefois, les dimensions initiales de ce projet, baptisé Horizeo, ont été revues à la baisse.
Olivier Rémy, le directeur d'Horizeo, a donc confirmé le dépôt des demandes de permis de construire et d'autorisation environnementale, et ce seulement quelques jours avant la mise en place de la loi "d'accélération des énergies renouvelables", votée l'an dernier, qui interdira à partir du 10 mars 2024 les nouveaux projets de construction de parcs photovoltaïques supérieurs à 25 hectares en zone forestière. Devant la presse, Olivier Rémy a défendu un projet "ambitieux, pragmatique, accélérateur de transition énergétique", basé sur un modèle "sans subvention" de contrats de gré à gré destinés aux entreprises, qui "a beaucoup évolué" pour répondre "aux enjeux du territoire".
Olivier Rémy (à droite) remplace Bruno Hernandez à la direction du projet Horizeo. © Thierry David / "Sud–Ouest"
Le projet Horizeo
Le projet, d'un coût de 600 millions d'euros dans sa dernière version, prévoit la construction d'un parc photovoltaïque d'une puissance de 800 mégawatts (MW) sur 680 hectares de forêt à Saucats, à 20 km au sud de Bordeaux, au cœur du massif des Landes de Gascogne. Ce parc photovoltaïque (à l'origine, de 1 GW, autrement dit l’équivalent de la consommation annuelle de 740 000 personnes) a pour but de produire une énergie verte et compétitive, avec des technologies d'avenir, comme de s'inscrire durablement dans les objectifs nationaux et régionaux d’accélération de la transition énergétique. Inédit dans sa capacité de production, ce parc se veut aussi précurseur dans son modèle économique, au travers de contrats de vente d’électricité de gré à gré (PPA) conclus directement avec les entreprises, et ce tout en produisant une électricité renouvelable compétitive sans subvention. Le projet Horizeo entend ainsi démontrer la compétitivité économique des énergies renouvelables.
Concernant les financements du projet, une première tranche de 60 % est portée par Engie à 90 % et la Caisse des dépôts – Banque des Territoires pour le restant (10 %), tandis que l'autre tranche, minoritaire, de 40 %, est prise en charge par Neoen.
Il est à noter que dans sa première version, Horizeo prévoyait un milliard d'euros d'investissement, 1 000 hectares de parc de panneaux solaires et plusieurs unités complémentaires (production d'hydrogène vert, batteries de stockage et centre de données), des prévisions amincies depuis.
Un ensemble de conditions favorables
Le projet Horizeo trouve ses origines dans trois éléments fondamentaux, dont :
– Les caractéristiques de son site d’accueil, sur la commune de Saucats, un espace clôturé de 2 000 hectares (ha), d’un seul tenant, découpé en deux ensembles entièrement clôturés et inaccessibles au public ;
– Un emplacement idéal, avec un poste électrique RTE situé à environ 3,5 km à vol d’oiseau, disposant d’une capacité de raccordement au réseau électrique national hors du commun, placé sur l’axe stratégique d’interconnexion entre la France et l’Espagne et acheminant de l’électricité sur des lignes Très Haute Tension à 400 000 volts, la plus haute tension existante pour le transport ;
– Et, enfin, un contexte politique et réglementaire favorable à la transition énergétique puisque les maîtres d’ouvrage ont pris appui sur les politiques de transition énergétique, à l’échelle nationale (à l’image de la Politique Pluriannuelle de l’Énergie) comme régionale (avec le Schéma Régional d’Aménagement de développement durable et d’égalité des territoires).
Prendre en compte la biodiversité
Horizeo prévoit d'associer son parc photovoltaïque à de l’agri-énergie, portée par Engie. Ainsi, ce sont pas moins de 8 ha, au nord-ouest de la parcelle du projet, qui seront dédiés à de l’agri-énergie. Cette activité est basée sur la cohabitation sur une même surface d’une production agricole principale et d’une production d’électricité photovoltaïque secondaire, et ce afin de garantir une alimentation locale pour les collectivités du territoire.
De plus, sur les 2 000 hectares de forêt à leur disposition, les porteurs du projet ont annoncé conservé 500 hectares pour "la gestion de biodiversité" et 800 autres pour la sylviculture. Ils prévoient également de larges bandes de terre débroussaillées pour se prémunir du risque incendie et se sont engagés à "reboiser essentiellement en Gironde", notamment sur des parcelles de vignes à l'abandon, le double de la surface forestière qui sera défrichée pour le projet.
Magré tout, au niveau local, le projet se heurte à de nombreux opposants (syndicats sylvicole et agricole, chasseurs et associations environnementale) qui s'inquiètent d'une augmentation des risques d'incendie et d'inondation ainsi que d'un accaparement de la forêt.
Source : batirama.com / AFP / Laure Pophillat