C'est parti pour le Forum mondial "Bâtiments et climat" !

Près de deux mille responsables politiques, diplomates, professionnels de la construction, investisseurs et citoyens d'une cinquantaine de pays se sont donnés rendez–vous au Forum mondial "Bâtiments et climat", à Paris.

"Pour la toute première fois, des ministres en charge de la construction et du bâtiment du monde entier se rassemblent à Paris avec toutes les parties prenantes pour s’engager sur la décarbonation et la résilience d’un secteur qui génère aujourd’hui 21 % des émissions de gaz à effet de serre au niveau mondial. En rassemblant des pays comme la Chine, les Etats-Unis, l’Egypte ou le Brésil autour de ces objectifs, l’impact et la dynamique de ce Forum seront déterminants pour nous mettre collectivement dans la trajectoire de l’Accord de Paris." déclare Christophe Béchu, le ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires. L'ONU prédisant un doublement des surfaces construites d'ici à 2060 sur le globe, le bâtiment et la construction représentent "un secteur où les émissions mondiales de gaz à effet de serre continuent d'augmenter", surenchérit le cabinet du ministre de la Transition écologique. Christophe Béchu prévient que le secteur "n'est pas sur la bonne voie pour parvenir à la décarbonation d'ici 2050" et que, dès lors, il devient "impératif de repenser fondamentalement la manière dont nous construisons et utilisons nos bâtiments afin d'assurer le succès des politiques climatiques nationales et de respecter l'accord de Paris sur le climat, signé lors de la COP21 en 2015."

Même son de cloche pour Guillaume Kasbarian, le ministre délégué chargé du Logement : "Ce Forum mondial bâtiments et climat est inédit. Il nous permet enfin de positionner le secteur du bâtiment au cœur de l’action climatique, à sa juste place. Collectivement, nous portons une vision où les bâtiments de demain sont une solution au réchauffement climatique, avec des bâtiments plus durables et mieux adaptés au changement climatique. Je souhaite que ce Forum soit une réussite, une première étape fondatrice et le lieu d’engagements ambitieux."

Pour tous, il devient donc plus urgent que jamais de changer la façon dont l'humanité construit et utilise les bâtiments. Le ton est donné !

 

 

 

Un évènement unique

Le Forum mondial sur les bâtiments et le climat est le premier évènement du genre. Il fait suite aux progrès réalisés lors de la récente conférence de l'ONU sur le changement climatique (COP28), et notamment l'initiative Buildings Breakthrough, qui, soutenue entre autres par 28 gouvernements ainsi que la Commission européenne, souhaite à faire des bâtiments à émissions quasi nulles et résilients la nouvelle norme d'ici 2030. Co-organisé par la France et le Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE), avec le soutien de l'Alliance mondiale pour les bâtiments et la construction (GlobalABC), le forum débute aujourd'hui et se poursuivra sur deux jours au Palais des Congrès, à Paris. Il réunit 1 800 participants et environ 80 délégations étrangères.

 

 

21 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre pour le bâtiment

Le secteur du bâtiment et de la construction représente 21 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, 37 % des émissions de CO2 liées à l'énergie, mais aussi 34 % de la demande énergétique et la moitié de la consommation mondiale de matières premières, et ce sans compter que cet impact des bâtiments sur le climat devrait s'accroître au cours des prochaines décennies en raison de la croissance fulgurante, en particulier dans les zones urbaines des pays du Sud (en Afrique, par exemple, 70 % des bâtiments prévus pour 2040 n'ont pas encore été construits). Or, le secteur du bâtiment et de la construction n'est pas en la bonne voie pour parvenir à la décarbonation d'ici 2050...

 

Le secteur du bâtiment et de la construction représente 21 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, 37 % des émissions de CO2 liées à l'énergie, mais aussi 34 % de la demande énergétique et la moitié de la consommation mondiale de matières premières. © Freepik

 

 


Une manne financière

Sur le plan économique, les bâtiments et la construction représentent 7 % de l'emploi mondial, soit 200 millions d'emplois, et 12 % du PIB mondial. En parallèle, les biens immobiliers représentent 55 % de la richesse mondiale, autrement dit 3,4 fois le PIB mondial. Quant à la valeur mondiale des transactions immobilières, elle est estimée à 12 000 milliards de dollars par an, les filières bâtiment et immobilier doivent être placée à l'épicentre des réflexions afin de rendre les flux financiers compatibles avec les objectifs climatiques fixés dans l’Accord de Paris.

Sans doute une importante partie des raisons pour lesquelles les protagonistes, au sens large, de ces filières sont désireux d'impulser un réel changement. Qu'il s'agisse des investisseurs et institutions financières internationales, des industriels, de la chaîne d'approvisionnement de la construction, des promoteurs immobiliers, des architectes, des entreprises de construction, des citoyens ou encore des gouvernements et collectivités locales, tous souhaitent tendre vers des bâtiments et des pratiques de construction plus durables.

 

 


Quels objectifs, pour ce premier Forum bâtiments et climat ?    

Selon le programme officiel, les objectifs dudit forum sont de :

– présenter l'impact du secteur du bâtiment et de la construction sur l'environnement ainsi que son rôle significatif dans la réalisation des objectifs climatiques de l’Accord de Paris,

– démontrer l'importance d'une collaboration internationale à plusieurs niveaux afin de lutter contre les émissions de carbone et contribuer à la transition écologique du secteur,

– promouvoir la coopération et les partenariats entre les acteurs et les organisations internationales afin d'accélérer la transition vers des bâtiments résilients et à émissions proches de zéro,

– offrir une plateforme d’échange et de partage entre décideurs, élus locaux, institutions internationales, financeurs, secteur privé, chercheurs et citoyens,

– explorer les pratiques de conception durable, les innovations technologiques et les solutions,

– inspirer les décideurs politiques pour établir et mettre en œuvre des politiques favorisant l'efficacité énergétique et la résilience des bâtiments, y compris face aux enjeux d’adaptation au changement climatique,

– et, enfin, consolider la place du secteur du bâtiment au service de la coopération internationale et de l’aide au développement nécessaires à la décarbonation et à la résilience des bâtiments à l'échelle mondiale.  

 

Les objectifs du Forum sont, entre autres, d'explorer les pratiques de conception durable, les innovations technologiques et les solutions en ce qui concerne les bâtiments et le climat. © macrovector / Freepik

 

 

 

Quels résultats sont attendus ?

À l’issue de cet évènement, les gouvernements seront invités à entériner une déclaration commune, la Déclaration de Chaillot, censée définir un cadre de collaboration internationale, mais également des recommandations politiques, ainsi que des engagements pour la décarbonation, la résilience et la transition écologique du secteur du bâtiment.

 

 

La conférence exceptionnelle de GCCA et France Ciment dans le cadre de la programmation officielle pré–forum

Ce mercredi 6 mars, à l’occasion du Forum mondial bâtiments et climat, GCCA (Global Cement and Concrete Association) et France Ciment organisaient une conférence exceptionnelle dans le cadre de la programmation officielle pré–forum, avec les interventions de Karen Scrivener, professeure à l’EPFL, et de Thomas Guillot, délégué général GCCA, ainsi que des témoignages d’experts industriels. Cette conférence, rassemblant plus de 80 participants, a permis de revenir sur le rôle des ciments et bétons dans le déploiement à grande échelle de bâtiments durables, décarbonés et résilients.

France Ciment, c'est l’organisation professionnelle regroupant les industriels producteurs de clinker et de liants hydrauliques (ciments, chaux hydrauliques et liants routiers), dont Heidelberg Materials, Imerys SA/Imerys Group, Lafarge France (groupe Holcim), Eqiom/CRH Company et Vica. Présentes en France au travers d'une quarantaine de sites industriels, ces entreprises, regroupées au sein de France Ciment, emploient près de 4 500 personnes et génèrent un chiffre d’affaires annuel de 2,4 milliards d’euros.

Thomas Guillot, le délégué général de la GCCA a rappelé, lors de son intervention : "Notre industrie a ouvert la voie de la décarbonation en se dotant d’une feuille de route pour un béton zéro carbone à horizon 2050. Le ciment et le béton vont contribuer de manière centrale à l’avènement de bâtiments plus durables et décarbonés, notamment grâce aux propriétés intrinsèques au béton en matière de résilience et de résistance à tous les chocs liés au changement climatique : la chaleur, le vent, les feux et les inondations. Notre feuille de route est claire : nous nous engageons à complètement décarboner ce matériau essentiel. Architectes, ingénieurs et acteurs de la chaîne de la construction ont aussi leur rôle à jouer pour utiliser ce matériau de manière plus efficiente. En intégrant la notion de recyclage et de réemploi dans leur façon de mettre en œuvre le béton, ils réduisent l’empreinte carbone de leurs ouvrages."

Quant à Bruno Pillon, le président de France Ciment, il souligne que "la France et le monde entier auront besoin du ciment et du béton pour construire les futures infrastructures, et rappelons que trois quarts des infrastructures dont le monde aura besoin en 2050 doivent encore être construites. Il est essentiel que les acteurs de l’industrie du ciment et du béton, les gouvernements, et l’ensemble des acteurs de la chaîne de la construction travaillent main dans la main pour parvenir à atteindre notre objectif de neutralité carbone. En France, l’industrie du ciment a publié en mai dernier sa feuille de route de décarbonation avec un objectif de réduire de moitié ses émissions dès 2030 par rapport à 2015."

 

Portrait de Bruno Pillon, président de France Ciment. © France Ciment

 

 

 

Et pour conclure, Karen Scrivener, professeur à l’École Polytechnique Fédérale de Lausanne et récemment nommée parmi le "Groupe des 10 Hauts Représentants" au groupe des Nations Unies pour le Développement Durable, a précisé : "En fin de compte, nous sommes limités par les matériaux dont nous disposons sur terre. Il n’est pas possible de remplacer du jour au lendemain le ciment et le béton à l'échelle des besoins de notre monde en matière de construction et d'infrastructures. C'est pourquoi nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour décarboner le ciment, en prenant en compte toutes les réalités des territoires d’où provient la plus grande demande, afin d’améliorer la vie des gens sur toute la planète, y compris dans les pays du Sud. "

 

 

 

 


Source : batirama.com / Laure Pophillat

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