À Amiens, le nouveau bâtiment de la BnF s'inscrit dans son histoire et son identité

La BnF a annoncé mardi (12 mars) un budget prévisionnel de presque 100 millions d'euros pour le futur site destiné à abriter ses collections de journaux à Amiens, qui doit ouvrir "fin 2029".

En novembre 2021, Amiens, l'ancienne capitale de la région Picardie, avait été choisie parmi 72 candidatures reçues pour ce projet de la Bibliothèque nationale de France, pour accueillir un nouveau Conservatoire national de la presse et un centre de conservation des immenses collections de presse de la BNF. Les bâtiments seront construits sur le site de l'ancien CHU.

Les architectes en charge de ce futur chantier de la BnF ont été révélés ce mercredi 13 mars : il s'agit de l'agence française TVK (Pierre Alain Trévelo et Antoine Viger-Kohler), associée au cabinet britannique Carmody Groarke. TVK est entre autres connu pour sa rénovation de la place de la République à Paris, laissant la part belle aux piétons et réduisant de façon drastique la circulation automobile. Pour la BnF, ce "projet s'est démarqué par une très grande qualité architecturale qui s'inscrit depuis toujours dans l'histoire et l'identité de la BnF". La présidente de la BnF, Laurence Engel, a salué dans un communiqué "une écriture architecturale ambitieuse, incarnée, recherchant l'harmonie avec son environnement urbain, répondant à toutes nos exigences techniques".

Quant au budget, il approche doucement les 100 millions d'euros (96,7 millions d'euros, très exactement). Le chantier, lui, devrait s'achever en 2029.

 

 

Un bâtiment inscrit dans l'histoire et l'identité de la BnF

Selon la BnF, le "futur pôle de conservation répondra aux problématiques de saturation des espaces au sein des bâtiments existants de la BnF, avec notamment la création de magasins de collections hautement technologiques, indispensables à la préservation des documents les plus fragiles". Ce bâtiment, prévu sur l'ancien site de l'Hôpital Nord, laissé libre par le CHU d'Amiens, d'une "très grande qualité architecturale", trônera sur une parcelle de 6,3 hectares, dont 30 000m² constructibles. Il devrait obtenir une certification HQE BD (Haute Qualité Environnementale Bâtiment durable).

Ces trente dernières années, la Bibliothèque nationale de Fance a mené deux chantiers d'envergure :

- La construction de la bibliothèque François-Mitterrand, dans le sud-est de Paris, inaugurée en 1995, pour un coût de 1,2 milliard ;

- Et la rénovation complète du cœur de la BnF, dans le centre de la capitale, le site Richelieu, achevée en 2021, pour un montant de 261 millions d'euros.

 

 

Un patrimoine inestimable dans deux bâtiments distincts

Le site devrait devenir le berceau d'un patrimoine inestimable d'une infinie richesse : près de 300 000 titres depuis La Gazette, le journal fondé en 1631 par Théophraste Renaudot. Ces journaux et périodiques sont aujourd'hui répartis sur les différents sites de la BnF, notamment à Bussy-Saint-Georges (Seine-et-Marne), ainsi qu'à Paris, stockés dans des conditions beaucoup moins favorables que celles prévues à Amiens.

Le projet prévoit "une surface utile d'environ 10 000 m2, répartis entre un bâtiment de conservation de 6 000 m2 offrant une capacité de 280 kilomètres linéaires, et près de 2 000 m2 d'espaces d'ateliers pour la restauration et la numérisation des collections".

 

Le projet prévoit "une surface utile d'environ 10 000 m2, répartis entre un bâtiment de conservation de 6 000 m2 offrant une capacité de 280 kilomètres linéaires, et près de 2 000 m2 d'espaces d'ateliers pour la restauration et la numérisation des collections". © TVK/Carmody-Groarke

 

 

Le premier bâtiment, d'une vingtaine de mètres de haut, aura donc à vocation de stocker ces quelques 300 000 titres de journaux et périodiques, tandis que le second, plus petit, sera le futur Conservatoire national de la Presse, qui "permettra de poursuivre la numérisation de ces documents souvent fragiles et de faciliter leur consultation et leur rayonnement", selon la BnF. Qui plus est, dans le premier bâtiment, "un nouveau magasin de collections hautement technologique, entièrement robotisé, et fonctionnant sous atmosphère à oxygène raréfié et sans climatisation active, favorisera la meilleure préservation des documents, notamment les plus fragiles". Conçu de manière entièrement étanche, afin de protéger ces centaines de milliers de journaux, livres, photos de presse qui vont y dormir et qui sont parfois doublement, voire triplement, centenaires, et donc extrêmement fragiles, ce bâtiment à oxygène raréfié est une première en France (mais pas en Europe). Avec un taux d'oxygène a minima et une lumière très basse, les risques d'incendie ou d'humidité seront quasi inexistants.

Le deuxième bâtiment comportera trois étages et permettra aux agents de la BnF qui viendront travailler sur site de continuer la numérisation de ces documents, ainsi que de faciliter leur consultation.

 

Ce bâtiment blanc, à oxygène raréfié, est une première en France (mais pas en Europe). Avec un taux d'oxygène a minima et une lumière très basse, les risques d'incendie ou d'humidité seront quasi inexistants. © TVK/Carmody-Groarke

 

 

 

Mise en service prévue fin 2029

Les travaux doivent débuter au printemps 2026, pour une mise en service prévue au mieux fin 2029. La région Hauts-de-France prend à sa cahrge 37 millions d'euros sur le budget total. Un projet "rare pour la ville d'Amiens et dont nous sommes fiers", se félicite Brigitte Fouré, la maire d'Amiens.

La BnF, l'État et les collectivités locales signent ce jeudi 14 mars une convention de partenariat en vue d'événements culturels dans les Hauts-de-France. Le premier, du 27 mai au 1er octobre, sera une exposition à Amiens autour du manuscrit de Vingt mille lieues sous les mers de Jules Verne.

 


Source : batirama.com / Laure Pophillat

 

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