Quatre ans après la terrible catastrophe de la tempête Alex, 21 personnes sont placées en garde à vue dans le cadre d'une enquête sur de possibles malversations durant la reconstruction.
Après la terrible tempête Alex, entre le 30 septembre et le 3 octobre 2020, le bilan est particulièrement lourd et les dégâts sémelfactifs : 11 morts (dix dans les Alpes-Maritimes, un dans le Finistère et huit disparus dans les Alpes-Maritimes), des dizaines de routes coupées, des maisons détruites (en particulier dans les vallées de la Vésubie, de la Tinée et de la Roya). En sus, 100 000 foyers sont privés d'électricité en Bretagne (au paroxysme de la tempête) quand près de 15 000 foyers le sont plus durablement.
Quatre ans après la terrible catastrophe, vingt-et-une personnes sont placées en garde à vue dans le cadre d'une enquête sur de possibles malversations dans le cadre de la reconstruction après le passage de la tempête Alex, a annoncé vendredi le parquet de Marseille.
Christian Estrosi saisit le parquet de Nice
Une information judiciaire a été ouverte en février 2024 par la JIRS (Juridiction Interrégionale Spécialisée) de Marseille, suite à une enquête préliminaire du parquet de Nice, lui-même saisi en février 2023 par Christian Estrosi, le président de la métropole et maire de Nice.
Ce dernier dénonçait de graves manquements dans le cadre des opérations de reconstruction suite au passage de la tempête Alex, qui avait dévasté l'arrière-pays niçois, ainsi que celui de Menton, pour, outre les pertes humaines, des ravages chiffrés à un milliard d'euros en octobre 2020.
Les ravages de la tempête Alex, chiffrés à un milliard d'euros en octobre 2020. © Valerie Hache/AFP
Des travaux de reconstruction possiblement fantômes
Ce mardi 12 mars, le parquet de Marseille a précisé dans un communiqué que 21 personnes "dont plusieurs entrepreneurs, cadres et techniciens de la métropole Nice Côte d'Azur" ont été placés en garde à vue dans le cadre de cette enquête ouverte pour "favoritisme, escroquerie en bande organisée, détournement de fonds publics, faux et usage de faux, blanchiment en bande organisée, prise illégale d'intérêts et recel". Le parquet ajoute que "Au cours de cette opération [...], les enquêteurs ont procédé à des saisies bancaires pour un montant avoisinant 6 500 000 euros et à la saisie de plusieurs véhicules de luxe valorisés à 640 000 euros". L'enquête "porte sur les conditions dans lesquelles ont été ordonnées, réalisées puis payées les opérations de reconstruction des vallées de La Tinée et de la Vésubie" suite à la tempête Alex. Les investigations déjà menées ont "permis d'émettre des doutes sérieux sur la réalité ou la nature des travaux réalisés puis payés sur fonds publics", révèle encore le parquet.
Dans le cadre de cette affaire, des perquisitions avaient été menées en avril 2023, en particulier dans des locaux de la métropole Nice Côte d'Azur. Des sources au fait du dossier et de l'enquête avaient à l'époque indiqué à l'AFP que 17 agents avaient été suspendus par la métropole. Olivier Baratelli, l'avocat de cette dernière, a indiqué de son côté que la Métropole allait "se constituer partie civile" au vu de "ces informations qui paraissent donner crédit au signalement" effectué l'an dernier.
Tous "les mis en cause ont été remis en liberté à l'issue de leurs garde à vue (et) les investigations se poursuivent en vue de déterminer les responsabilités des différents protagonistes", rapporte encore le communiqué du parquet de Marseille.
Source : batirama.com / AFP / Laure Pophillat