Lafarge lance deux gammes de granulats recyclés pour les TP et le Bâtiment et complète son offre avec un ensemble de services dédiés au traitement des déchets inertes.
« Valoriser les déchets inertes de chantier est un enjeu majeur pour la filière du BTP. » Le secteur en produit 270 millions de tonnes par an (source UNPG, chiffres 2009), un volume « conséquent », selon Louis-Antoine Lauvergne, directeur des performances commerciales France chez Lafarge estimant que l’on peut voir cela comme « un problème ou une opportunité ».
L’industriel a choisi la seconde option. Grâce à son réseau de carrières, ports, dépôts et plateformes, Lafarge déploie pour ses clients aggneo, un ensemble de services de traitement des déchets inertes et deux gammes de produits recyclés, l’une pour les TP, l’autre pour le Bâtiment.
« Sur ces 270 millions de tonnes de déchets, 50 millions servent aujourd’hui au réaménagement des carrières, 15 millions sont effectivement recyclés et 110 sont traités sur place. Mais quid des 95 tonnes restantes ? »
Le cadre réglementaire incite les industriels à des pratiques vertueuses mais force est de constater qu’il existe encore beaucoup de décharges sauvages et ce, malgré la mise en place de plans départementaux d’élimination des déchets de chantiers dans toute la France.
« Triez plus, vous paierez moins ! »
Aujourd’hui, 83 sites Lafarge accueillent des déblais inertes et 11 d’entre eux assurent le recyclage des granulats. « Notre maillage sur tout le territoire nous permet d’apporter un véritable service de proximité, assure Louis-Antoine Lauvergne.
« Nous avons mis en place un accueil et une démarche commerciale envers les entreprises qui nous apportent leurs déchets. Nous vérifions la traçabilité des matériaux et apportons des solutions spécifiques avec les « bennes retour béton » qui permettent à un camion d’apporter des déchets sur nos sites et de repartir avec les produits recyclés dont il a besoin.
Enfin, Lafarge effectue les contrôles et le tri afin de s’assurer du caractère inertes des déchets réceptionnés afin de garantir une valorisation optimale (contrôles visuels, olfactifs voire plus poussés en cas de suspicion).
Un service qui se paie mais l’industriel a délibérément choisi de mettre en place une politique tarifaire incitative. « Le client qui nous apporte des déblais très mélangés paiera plus cher à la tonne que celui qui triera au maximum ses déchets avant de nous les amener. La différence de prix peut atteindre 30%, » précise Louis-Antoine Lauvergne.
Une alternative aux granulats naturels
Les matériaux inertes* sont issus des fouilles, terrassements, tranchées, démolition et déconstruction. Recyclés, ils offrent une solution alternative aux granulats naturels dont les ressources doivent être préservées.
Aggneo TP propose une gamme de produits pour répondre à chaque application TP et VRD (enrobés, réglages, formes, drainant, remblais…) et existent en plusieurs granulométrie.
L’entreprise SADE a pu prescrire aggneo pour l’installation d’un réseau de chauffage urbain dans le quartier Doulon à Nantes (44). « Avant, nous pouvions remblayer avec les matériaux extraits du site, confie Lionel Allais, directeur du centre de travaux de Nantes. Aujourd’hui, ce n’est plus possible et les exigences des maitres d’ouvrage sur la nature des remblais fait exploser les coûts.
Pour ce chantier, nous avons donc positionné notre offre à hauteur de 30% de granulats recyclés. C’est un bon produit qui se compacte très bien. Il est moins cher que le granulat naturel et nous économisons aussi sur le transport grâce à la proximité de la plateforme de recyclage des Pontreaux.
*liste des matériaux inertes :
bétons, briques, tuiles et céramiques (sauf celles comportant des substances dangereuses), terres et cailloux, mélange de béton, verre (non recyclable), mélange bitumineux (sans goudron), terres et pierres provenant uniquement des collectes municipales.
Source : batirama.com / Céline Jappé
Des applications plus contraignantes dans le Bâtiment
Les applications dans le Bâtiment demeurent encore faibles car les normes sont très contraignantes pour la construction neuve. « Nous n’en sommes pas encore au niveau de maturité et de process industriel assez élevé pour garantir les mêmes performances avec du béton recyclés qu’avec du naturel, précise Louis-Antoine Lauvergne.
Mais la recherche et le développement avancent à grands pas notamment grâce au programme Recybéton pour le recyclage complet du béton de déconstruction dans le béton. Un projet, fruit de l’implication de l’ensemble des acteurs de la filière (UNPG, Cimbéton, SNBPE…).
De son côté, le groupe Lafarge a pour ambition de produire 20% de béton contenant des matériaux recyclés ou réutilisés à l’horizon 2020. Autant dire demain !