Le lauréat 2024 du Prix International d’Architecture Bois sera proclamé le jeudi 4 avril au Centre Prouvé de Nancy, dans le cadre de la plénière Hommage et Prix du 13e Forum Bois Construction.
Le Prix International d’Architecture Bois a été créé en 2017 avec six revues spécialisées internationales pour mettre en avant chaque année une réalisation en bois faisant figure d’exemple international. Depuis la crise sanitaire, le cercle se compose de cinq revues européennes :
– Trä ! (Suède),
– PUU (Finlande),
– Séquences Bois (France),
– Mikado (Allemagne),
– et Lignum (Suisse).
Il n’existe pas beaucoup d’autres revues européennes de pays tiers spécialisées dans l’architecture bois.
Cederhusen à Stockholm. © Johan Delin
Les revues proposent trois projets récents de leur pays et partagent les informations, photos et documents graphiques. Ensuite, un premier vote a lieu : chaque rédaction choisit trois projets (autres que les siens) et leur attribue trois points, deux points et un point. L’addition de ces voix permet de laisser de côté les projets qui n’ont pas obtenu un seul vote. Cette année, sur les quinze projets présentés, sept ont passé le premier tour et entrent ainsi dans la catégorie des nominés.
Les nominés affichent le bois
La 6e édition du Prix International d'Architecture Bois départage donc deux projets finlandais, deux projets suédois, deux projets français et un projet suisse. Le domaine du logement, particulièrement présent sur la première liste de quinze réalisations, n’est plus représenté que par Cederhusen, un ensemble de 245 appartements en deux blocs de deux plots, à Stockholm en Suède. Il se distingue par sa hauteur de 12 étages, avec une façade en . Le red cedar a fait le tour de la planète en attendant l’ouverture du passage arctique. Il s’agit d’un bois conçu par la nature pour résister au feu. Dans le même esprit, le local de maintenance pour le stade Arbères à Meyrin, en Suisse, dispose d’une façade apparente en chêne liège.
Du chêne-liège en façade, c'est possible en Suisse. © Paola Corsini
On est donc loin de la situation française actuelle, où les sapeurs-pompiers de la préfecture de police de Paris souhaitent supprimer le bois en façade. Il en va de même pour le Pavillon du marché de Turku en Finlande. À vrai dire, il s’agit d’un bâtiment hybride, le lamellé-collé ne sert pas pour la structure, mais plutôt pour créer des effets de volume en façade. L’extension d’un musée de Stockholm, nouvelle prouesse technologique faisant intervenir notamment les ingénieurs de Blumer Lehmann, ose même associer à la structure en dôme des tuiles de bois.
Monio, l'art de la construction en fustes. © Anders Portman / Kuvatoimisto Kuvio Oy
Les Finlandais, artistes du bois
Quant à l’école secondaire Monio de Tuusula dans la banlieue d’Helsinki en Finlande, il s’agit de l’institution scolaire qui suit la crèche lauréate l’an dernier dans le cadre du Forum Bois Construction de Lille. Monio a déjà décroché le prix national finlandais de la construction bois par sa façon de faire revivre la tradition de la construction en fustes. Les fustes sont une amélioration de la construction en rondins et ont constitué l’une des techniques dominantes européennes pour la construction de chalets. L’évolution des réglementations énergétiques les a marginalisées, mais elles reviennent au goût du jour car elles réduisent le coût carbone de la transformation du bois.
Le lamellé-collé devient un élément de décor de façade.© Tuomas Uusheimo / Ludvig Holtenäs
Les Finlandais ont construit des chalets en fustes dans toute l’Europe depuis la guerre, notamment sous l’égide de la marque Honka. Depuis, ce pays se révèle comme un acteur particulièrement inventif en matière de construction bois, toutes techniques confondues. Cela tient aussi, notamment, dans le cas de la crèche primée l’an dernier au Forum Bois Construction de Lille, à leur habitude de construire sous chapiteau. Ainsi, l’assemblage sur site devient de la marqueterie.
Atelier du Rouget dans son élément soigne la Maison de la Nature. © Benoît Alazard / Théophile Picard
La France de l’architecture bas carbone
Cette année, la France est bien représentée parmi les nominés. L’Atelier du Rouget, qui compte parmi les agences françaises les plus réputées en architecture bois, a livré une Maison du Parc naturel régional des Causses du Quercy. C’est le seul ouvrage nominé construit en bois-paille. De fait, nulle part comme en France, la construction en bois-paille se répand et séduit les architectes du bois les plus réputés, au même titre que la terre crue.
La réhabilitation, reine de l'architecture. © Charles-Bouchaib
Si l’Atelier du Rouget est aux commandes dans le Quercy, à St Méen-le-Grand, en Bretagne, on assiste notamment au travail du tandem Raum (architecture) et Leicht France (Ingénierie). Ces experts internationaux n’ont pas dédaigné se pencher sur la réhabilitation d’une piscine rurale. De fait, le Prix International d'Architecture Bois accueille ici son seul projet de réhabilitation, un domaine qui devient la panacée des agences. Réhabiliter réduit en principe le coût carbone des projets, permet de les adapter à la crise climatique et interpelle les agences dans leur capacité à dialoguer avec l’existant.
Le lauréat 2024 du Prix International d’Architecture Bois sera proclamé le jeudi 4 avril au Centre Prouvé de Nancy, dans le cadre de la plénière Hommage et Prix du 13e Forum Bois Construction.
Source : batirama.com / Jonas Tophoven