L'Europe veut accélérer la disparition des fluides frigorigènes actuels pour les remplacer par d'autres fluides dont l?impact sur l'effet de serre est plus faible.
Le jeu s'ordonne autour de la révision du règlement européen F-Gaz qui organise l'emploi des fluides frigorigènes dans les Etats membres et mobilise de nombreux acteurs.
Les industriels, tout d'abord, sont représentés en France par leurs associations comme l'AFF (Association Française du Froid) et l'AFCE (Alliance Froid Climatisation Environnement), en Europe par EPEE (European Partnership for Energy and the Environment). La Commission Européenne, ensuite a présenté à l'automne 2012 un projet de révision du règlement F-Gaz.
Le Parlement Européen, à son tour, s'est emparé de cette question et, le 19 juin 2013, sa commission ENVI (Environnement) a adopté des amendements à la proposition de la Commission. Le texte amendé viendra en première lecture devant le Parlement à l'automne 2013.
En attendant, le Conseil des Etats Membres, qui rassemble les gouvernements de 28 membres de l'Union Européenne, tente de parvenir à une position commune sur cette question. Le fond de l'affaire est que tout le monde est d'accord pour améliorer le règlement F-Gaz et évoluer vers de nouveaux fluides, mais pas au même rythme.
En majorité, les industriels de la climatisation, des pompes à chaleur et de la réfrigération demandent un calendrier de retrait échelonné (phase-down) des fluides actuels, plutôt qu'un échéancier d'interdiction d'emploi (phase-out) brutal fluide par fluide. Mais surtout, ils aimeraient être fixés.
Car l'incertitude les empêche de développer de nouvelles offres. Peuvent-ils perfectionner leurs systèmes utilisant les fluides d'aujourd'hui ? Faut-il tout de suite s'engager dans une rupture technologique en adoptant les futurs fluides, mais alors lesquels ?
Le Ururu Sarara au R32 chez Daikin
Sans attendre et sans doute lassé par l'incertitude persistante, Daikin rompt ce front apparemment uni en annonçant la commercialisation en Europe de ses premiers climatiseurs réversibles utilisant le R32 comme fluide frigorigène.
Il s'agit de la gamme Ururu Sarara (Humidification Déshumidification en japonais), des climatiseurs réversibles sophistiqués, mono- et multisplits avec des unités intérieures murales et la faculté d'assurer la déshumidification de l'air intérieur en mode froid et son humidification en mode chauffage.
L'humidification ne requiert pas de réservoir d'eau qu'il faudrait régulièrement recharger. L'unité extérieure condense l'humidité de l'air et l'achemine vers les unités intérieures qui le demandent.
Le R32 ou Difluorométhane CH2F2) est un un méthane dont deux atomes d’hydrogène ont été remplacés par deux atomes de chlore. Il fait partie de la famille des HFC. Sa contribution à la dégradation de la couche d'ozone est nulle (ODP = 0, ODP : Ozone Depletion Potential).
Sa contribution à l'effet de serre est exprimée par un GWP de 675 (GWP : Global Warming Power). Cela signifie qu'un kg de R32 s'échappant dans l'atmosphère a autant d'influence sur l'effet de serre que la production de 675 kg de CO2. Cela paraît beaucoup, mais les fluides aujourd'hui courants sont bien pires.
Le R410A affiche un GWP de 2088, celui du R134a atteint 1430, 1610 pour le R407C et jusqu'à 3922 pour le R404A utilisé dans certaines pompes à chaleur haute température. Le R32 est un fluide pur et non un cocktail de plusieurs fluides.
Ce qui signifie qu'il ne risque pas de se décomposer en ses composants de base dans le circuit thermodynamique d'une pompe à chaleur ou d'un climatiseur. Ce qui nuit à la performance.
L'emploi du R32 permet aux systèmes Ururu Sarara de Daikin d'atteindre des performances élevées : SEER (Seasonal Energy Efficiency Ratio, calcul de la performance saisonnière en mode froid) de 9,54 et SCOP (Seasonal Coefficient Of Performance, coefficient de performance saisonnier en mode chauffage) de 5,9.
Le SEER et le SCOP ont été introduits pour mieux traduire les performances réelles des climatiseurs et des pompes à chaleur durant toute la période d'utilisation. L'EER et le COP étaient en effet calculés à puissance nominale, sans tenir compte du fait que les machines fonctionnent très rarement à puissance nominale, mais le plus souvent à puissance partielle.
Le SEER et le SCOP sont les moyennes pondérées des rendements à divers pourcentages de puissance de fonctionnement. Le R32 présente tout de même un inconvénient : il est rangé dans la classe d'inflammabilité 2L. Mélangé à l'air dans les proportions adéquates, il peut donc s'enflammer en présence d'une étincelle, par exemple.
Mais sa vitesse de combustion, inférieure à 10 cm/seconde ne lui permet pas d'engendrer une explosion. Au Japon, Daikin commercialise des systèmes de climatisation résidentiels au R32 depuis l'automne 2012.
Source : batirama.com / Pascal Poggi