À mi–parcours de leurs ateliers "Exception’ELLE", pensés et proposés afin d'inviter les femmes à découvrir et essayer les métiers du bâtiment et de la construction de façon immersive, ...
À mi–parcours de leurs ateliers "Exception’ELLE", pensés et proposés afin d'inviter les femmes à découvrir et essayer les métiers du bâtiment et de la construction de façon immersive, l'heure était venue pour la Fédération Compagnonnique lyonnaise de faire le bilan de leurs actions concrètes visant à lutter contre la désinformation et les stéréotypes de genre, mais également casser les préjugés sur l'intégration des femmes dans le BTP.
La soirée "Exception’ELLE" de ce mardi 30 avril 2024, au siège des Compagnons du Tour de France (Lyon 3), qui accueillait un public enthousiaste venu en nombre, avec William Lanvin et Romain Garçon comme maîtres de cérémonie, fut donc riche d'enseignements, d'échanges, d'émulations et d'espoirs.
Le siège de la Fédération Compagnonnique lyonnaise, Lyon 3. © Laure Pophillat
La genèse du projet "Exception’ELLE"
Les Compagnons du Tour de France comptent trois fédérations en région AURA (1 100 apprentis, 800 stagiaires en formation continue et 100 itinérants Tour de France) : Lyon, Grenoble et Annecy, dans lesquelles sont dispensées des formations diplômantes allant du CAP au BTS, et donc accessibles à partir de 15 ans, avec, au besoin, une individualisation des parcours.
Avec ce projet exceptionnel, la Fédération Compagnonnique lyonnaise souhaitait agir, réagir et interagir avec un public relativement absent du BTP : les femmes. En effet, celles–ci ne représentent encore que moins de 13 % des effectifs (et moins de 2 % sur les activités de chantiers). C'est peu, si peu, trop peu !
Ainsi, ces journées portes ouvertes aux femmes (mais non, messieurs, vous pouvez venir aussi, les Compagnons ne vous fermeront pas la porte au nez !) ont, avant toute chose, un objectif bien précis : renseigner un maximum de femmes (jeunes, moins jeunes, en reconversion, ...) sur les métiers du BTP en tordant le cou aux clichés comme aux stéréotypes qui ont la vie (et la peau) dure. Le but est donc d'apporter une information "juste" et "vraie" sur la réalité des métiers du bâtiment et de la construction, afin que ce public féminin puisse prendre une décision éclairée.
Les journées portes ouvertes tentent également de répondre aux besoins des métiers en tension du bâtiment et de la construction, ainsi qu'à la pénurie de main d'œuvre. © Laure Pophillat
À mi–parcours, le bilan du projet
Un an après les débuts du projet, les Compagnons du Tour de France peuvent donc s'enorgueillir d'avoir :
– organisé 17 journées portes ouvertes ;
– Renseigné 340 femmes ;
– Sensibilisé 25 salariés ;
– Organisé 3 visites de chantiers et entreprises ;
– Immergé 50 femmes en atelier, dont 35 %, suite à ces journées, se sont pré–inscrites.
C'est sans compter sur les conférences ou autres interventions auprès des jeunes, comme dans les collèges, par exemple.
Encourager le recrutement des femmes dans les métiers de la construction
Une table ronde a réuni quatre intervenants, autour, entre autres, d'une question cruciale : "Comment encourager le recrutement des femmes dans les métiers de la construction ?", dont Marine Deneuvis, entrepreneuse, carreleuse et ancienne apprentie chez les Compagnons, Cerise Steiner, anciennement dans la culture et l'événementiel à Paris et s'étant reconvertie en autodidacte comme peintre en bâtiment (et aujourd'hui directrice générale de Cooleurs Cerise, une entreprise inclusive spécialisée dans les travaux de peinture, mais aussi présidente fondatrice de l'association Les Fabricoleuses), Audrey Jacquetin, responsable RH et QHSE chez Blanchard et Blazquez et, enfin, Nicolas Charton, créateur de contenus et podcasteur de "6h du Bat'", le podcast (très) matinal qui traite de l’écosystème du BTP dans son ensemble.
Une table ronde a réuni quatre intervenants, dont (de gauche à droilte) : Marine Deneuvis, Cerise Steiner, Audrey Jacquetin et Nicolas Charton. © Laure Pophillat
"Chez nous, explique Cerise, on fait le contraire des autres entreprises : on embauche une grande majorité de femmes !". Elle ajoute qu'il "faut véhiculer que tout est possible, ne pas avoir de frein" mais également que "la féminisation passera par les hommes, il faut plus d'hommes qui travaillent à la féminisation". Cerise évoque sans fard son parcours de reconversion, qui a plus été un long chemin parsemé de clous que de pétales de roses, elle qui voulait se reconvertir à près de quarante ans en peintre en décor de cinéma et à qui on a proposé le bâtiment : "J'ai été piquée, raconte–t–elle, en commençant les chantiers".
Cerise Steiner, à droite, a fondé Les Fabricoleuses, la première plateforme qui rend visible toutes les professionnelles de la construction, du bâtiment et de la décoration en France, un "réseau associatif, inclusif et incubateur", qui "s'applique à féminiser le secteur du BTP tout en redonnant ses lettres de noblesse à nos métiers". © Laure Pophillat
Et la légimité, on en parle ? Sur la question, Audrey répond : "La légitimité est très vite arrivée, grâce à mes compétences techniques et opérationnelles".
Pour Nicolas, l'équation est simple : "plus de mixité = plus de performances". Il regrette que dans le gros œuvre, par exemple, les femmes doivent encore trop souvent "faire leurs preuves". Sur ses podcasts, Nicolas admet volontiers recevoir "beaucoup de femmes", car ce sont elles "qui ont le plus de choses à dire".
Qui sont les partenaires, participants et financeurs du projet Exception'ELLE ?
Tout d'abord, le CCCA-BTP, pour qui le "talent n'a pas de genre" et qui lutte pour que le "BTP se conjugue au plurielles", rappelant que les métiers du BTP possèdent de "solides arguments pour séduire les femmes", mais aussi France Travail, L'Auxiliaire du BTP, la Fondation du BTP, ou encore MIKSOA, qui accompagne et forme des femmes en insertion dans le secteur du BTP et promeut la mixité.
L'exposition photo Batimix
La surprise de la soirée, outre le débat passionnant sur ce sujet de l'intégration des femmes dans le BTP, bien sûr, a été l'exposition photo Batimix, intitulée "Portraits de Femmes du Bâtiment". Ces portraits de femmes, magnifiques, mais sans renier au réel, sont des photos de femmes de tout âge travaillant dans le BTP, exprimant passion et talent tout en explorant l'infinie richesse et variété des métiers de la construction et du bâtiment.
Les portraits de ces femmes du BTP sont l'œuvre du photographe Marc Roger. © Laure Pophillat
Batimix, c'est le réseau qui accompagne la mixité dans les entreprises du bâtiment pour recruter et fidéliser les femmes, une association portée par la Fédération Française du Bätiment de Loire–Atlantique. Il est prévu que l'exposition circule au sein des Fédérations des Compagnons du Tour de France Groupement Auvergne Rhône Alpes.
Dans ses portraits, on découvre Thérèse, métallière, ou bien Killiane, jointoyeuse, ou encore Aurélie, peintre, et Margot, carreleuse, mais aussi Cécile, apprentie maçonne, Caroline, charpentière, ... une vaste galerie de femmes qui, un jour, ont toutes été "piquées" !
Source : batirama.com / Laure Pophillat