Ce 5 mai 2024, un communiqué annonce le parachèvement des travaux de ferronnerie de la croix du chevet de Notre–Dame de Paris, corrélativement au bon avancement des travaux de couverture du chœur.
Ce 5 mai 2024, un communiqué annonçait le parachèvement des travaux de ferronnerie de la croix du chevet de Notre-Dame de Paris, corrélativement au bon avancement des travaux de couverture du chœur.
Pour cela, à l’automne 2022, l’établissement public Rebâtir Notre-Dame de Paris, maître d’ouvrage, avait retenu par appel d’offres mené avec l’aide des architectes en chef des monuments historiques, maîtres d’œuvre, le groupement formé par UTB (Seine-Saint-Denis), mandataire, Balas (Hauts-de-Seine), Bourgeois (Ain) et Coanus (Marne).
Dans les starting–blocks pour la fin de l'année
L’achèvement des travaux de ferronnerie de la croix du chevet illustre le bon avancement de la restitution de la couverture et des ornements de toiture du chœur, dont la pose a débuté sur les charpentes en février 2024.
Pour Philippe Jost, le président de l’établissement public Rebâtir Notre-Dame de Paris, "l’achèvement de la restauration de la croix du chevet, la réalisation des nouvelles crêtes de faîtage du chœur et leur retour prochain en haut de la charpente de la cathédrale sont de nouveaux défis techniques relevés haut la main par les entreprises et artisans d’art du chantier. C’est aussi un nouveau jalon symbolique qui nous rapproche encore de la réouverture en décembre 2024. C’est enfin une nouvelle démonstration des savoir-faire exceptionnels des couvreurs-ornemanistes et des ferronniers d’art mobilisés pour le relèvement de Notre-Dame de Paris que je veux, avec Philippe Villeneuve et les architectes, maîtres d’oeuvre, remercier chaleureusement."
Philippe Jost, président de l’établissement public Rebâtir Notre-Dame de Paris, Philippe Villeneuve, architecte en chef des monuments historiques, et Mgr Ribadeau-Dumas, recteurarchiprêtre de la Cathédrale, en vistite à l’atelier Fer Art Forge, sous-traitant de l’entreprise UTB, où la croix du chevet a été restaurée. Romaric Toussaint © Rebâtir Notre-Dame de Paris.
La croix du chevet
La croix du chevet est l'unique élément de la couverture du chœur ayant survécu aux flammes, bien qu'elle ait été endommagée pendant sa chute durant l’incendie.
La croix du chevet (ici, entourée en rouge) est le seul élément de la couverture du chœur à avoir survécu aux flammes. © David Bordes / Rebâtir Notre-Dame de Paris
Dessinée par Viollet-le-Duc, la croix du chevet représente un chef-d’œuvre de ferronnerie, d’une envergure de 12 m de hauteur pour un poids d’1,5 tonne, en ornant le faîte du grand comble d’une crête ornementale de type néogothique. Elle est ancrée à une quarantaine de mètres du sol, au sommet de l’abside de la charpente du chœur.
La plupart des gargouilles et des chimères qui surplombent l'enceinte de Notre-Dame sont également l'œuvre de l'architecte Viollet-le-Duc et du sculpteur Victor Pyanet (19e siècle). Faisant partie des éléments les plus célèbres de la cathédrale, ces formes monstrueuses reflètent la vision de la nature humaine au 19e siècle. © Dea / Album
À partir d’une réplique en bois de la tête de l’abside de la charpente, les ferronniers de la ferronnerie d’art Fer Art Forge (Calvados) ont redressé et ajusté l’ensemble des fers qui "enracinent" la croix dans la charpente et conditionnent sa stabilité, afin de les faire correspondre à nouveau à la charpente restaurée. Ils ont également restauré les feuillages et grelots composant la tête de croix.
Les ornemanistes ont aussi travaillé à la restauration et restitution des ornements en plomb de la croix, dont le dragon entourant le pied du mât de la croix, cette dernière mobilisant un large spectre de techniques de mise en forme, dont :
– la forge,
– le martelage,
– le repoussage,
– le tournage,
– et l'embouti.
Ces techniques sont appliquées à la grande variété des métaux (acier, plomb, laiton, cuivre) qui composent la croix du chevet.
Après avoir reçu ses dorures, la croix du chevet sera acheminée vers la cathédrale et remplacera dans les prochaines semaines le bouquet posé par les charpentiers le 12 janvier dernier pour marquer la fin de la reconstruction de la charpente du chœur. © David Bordes / Rebâtir Notre-Dame de Paris
Les crêtes de faîtage du chœur
La reconstitution des crêtes de faîtage du chœur sont menées en parallèle, en atelier. Chacune de ces crêtes est composée d’un fleuron d’1 m sur plus d’1,10 m de large pour un poids de près de 370 kg, ainsi que d’un épi.
Les fleurons sont ciselés en atelier avant d’être déposés au sommet du toit de la charpente du chœur. © David Bordes / Rebâtir Notre-Dame de Paris
Des pièces qui ont bénéficié de l'association inédite du savoir-faire des couvreurs-ornemanistes du groupement et de l’expertise des ingénieurs de la fonderie Lemer (Loire-Atlantique), ainsi que de leur outil de production. À partir d’un modèle original, la fonderie a déployé des techniques de pointe (modélisation 3D, prototypage, usinage) pour la conception et la réalisation de moules sur mesure. Les pièces ainsi coulées sont ensuite travaillées par les ornemanistes afin de reproduire toute la subtilité du dessin original de Viollet-le-Duc. Dans quelques semaines, elles réintégreront progressivement leur place, sur le toit de la cathédrale.
Les cloches de la cathédrâle Notre-Dame de Paris sonneront bien le 8 décembre 2024
À l’occasion d’un déplacement, la maîtrise d’ouvrage et la maîtrise d’œuvre se sont rendues à la fonderie Cornille-Havard (Manche), chargée de réviser et restaurer les huit cloches de la tour nord de la cathédrale, cette dernière ayant été atteinte par les flammes. En juillet 2023, elles ont été déposées pour permettre au beffroi nord, situé à l’intérieur de la tour, d’être restauré (pour rappel, le beffroi est le nom donné à la partie de la charpente spécifique aux cloches, construite afin de supporter leur poids et leur mouvement).
Les huit cloches du beffroi nord ont été révisées puis nettoyées dans la fonderie Cornille-Havard. Les cloches composant la sonnerie de Notre-Dame sonnent les heures, mais également les moments clés de la vie de l’Église ou encore les temps forts de l’Histoire de Paris. © David Bordes / Rebâtir Notre-Dame de Paris
En 2013, la fonderie Cornille-Havard avait déjà réalisé neuf nouvelles cloches pour la cathédrale, à l’occasion de ses 850 ans : huit dans la tour nord, une dans la tour sud (restaurant au passage, quatre ans plus tard, le bourdon historique de 1681, une cloche de ... 13 320 kilos !), à l'initiative du recteur-archiprêtre de la Cathédrale de l'époque, Patrick Jacquin, qui souhaitait restaurer l'entièreté de la sonnerie historique (du Moyen-Âge jusqu'à la Révolution française). Environ deux millions d'euros avaient été récoltés par des donations privées afin de concrétiser ce projet.
Ainsi, depuis 2013, l'ensemble campanaire de Notre-Dame de Paris est composé de dix cloches, parrainées par des personnalités sollicitées par le cardinal André Vingt-Trois, alors archevêque de Paris : un nouveau bourdon, Marie, a rejoint le bourdon Emmanuel dans la tour sud de Notre-Dame et huit nouvelles cloches sont installées dans la tour nord (en remplacement des quatre cloches initiales).
Emmanuel, le bourdon principal, a été refondu au 17e siècle, elle pèse 13 tonnes et son battant seul pèse 500 kg. Pour la mise en place des cloches dans les tours, à une hauteur 54 mètres, il est utilisé un passage par des oculi existants dans les voûtes et planchers, très étroits et bouchés par une simple trappe. © Bertrand Rieger / Gtres
Les cloches sont en bronze (78 % de cuivre et 22 % d'étain), toutes issues de la fonderie Cornille-Havard, hormis le bourdon Marie, qui vient de la manufacture Royal Eijsbouts (Pays-Bas).
Virginie Bassetti, sculptrice campanaire, a réalisé les motifs des cloches.
Quant à la note émise par une cloche, elle dépend du diamètre de celle-ci, par rapport à son épaisseur.
Ainsi, théoriquement, le 8 décembre 2024, Gabriel devrait sonner le la dièse, Anne-Geneviève un si, Denis un do dièse, Marcel un ré dièse, ... pour que de la cathédrâle à toute la capitale, les cloches de Notre-Dame de Paris retentissent fièrement pour la réouverture.
Source : batirama.com / Laure Pophillat