Virginie Bassetti est l'unique femme parmi les trois sculpteurs sur cloches français, et la plus renommée au monde, en partie parce qu'elle a imaginé et décoré les cloches de Notre-Dame de Paris.
Virginie Bassetti est l'unique femme parmi les trois sculpteurs sur cloches français, élevée au rang de chevalière des Arts et Lettres (2015), et la plus renommée au monde, en partie parce qu'elle a imaginé et décoré les cloches de Notre-Dame de Paris.
Née à Caen, et donc normande, le conseil régional de Normandie lui a consacré il y a deux ans une exposition rétrospective à l’Abbaye aux Dames de Caen (Calvados) qui présentait, entre autres, son premier dessin, réalisé ... à l'âge de quatre ans !
Retour sur le parcours de cette artiste talentueuse et à la vocation précoce.
Une vocation précoce
Née le 20 juillet 1972 à Caen, Virginie Bassetti intègre dès 1978 un atelier d'arts plastiques expérimental à l'école municipale de dessin d'Avranches. Elle y reste jusqu'en 1991, lorsqu'elle entre ensuite tout naturellement aux Beaux-Arts de Rennes (Ille-et-Vilaine), où elle découvre l’art du métal en fusion lors d’une coulée dans l’atelier de Marcel Dinahet : "Mais je trouvais ça pas assez fin, alors mon professeur m’a redirigée vers la métallurgie." avait-elle expliqué à Ouest-France en 2022. Un stage à la fonderie de Villedieu-les-Poêles (Manche) scelle son destin : "C’est à ce moment-là que je me suis aperçue que les cloches étaient toutes les mêmes et ça m’a interpellée." avait-elle encore une fois confié à Ouest-France.
Lors d'une interview au Télégramme en 2013, virginie raconte comment elle a commencé la sculpture : "Adolescente, j'ai fait de la sculpture en argile mais c'est en 1995 que j'ai sculpté mon premier portail monumental pour l'entrée de l'entreprise Cornille-Havard. Ensuite, en 2000, j'ai rencontré Laëtitia Crahay-Tyl, dans le cadre de la fabrication d'un portail monumental en bronze sculpté sur les Noces de Cana à Saint-Cast-le-Guildo. Pour cette réalisation, j'ai mis au point un système de sculpture en bas-relief biface. Le portail en question est donc sculpté des deux côtés, côté mer et côté jardin. Un truc de dingue !"
Peu à peu, la jeune femme prend sa place dans l'atelier et finit par imposer son style, tout en sortant diplômée de l'École Européenne Supérieure d'Art de Bretagne (Rennes) et de l'École Supérieure d'Art et de Design du Havre-Rouen.
Les commandes de cloches passaient régulièrement à la fonderie : cloches de bateaux, cloches de prestige, laïques ou religieuses, etc. Jusqu'au jour le père François Cassigneul, chapelain à Notre-Dame de Grâce, à Honfleur (Calvados), et connu pour ses facultés à faire travailler et émerger les sculpteurs de cloches, passe une commande d'un carillon. En 1998, Virginie Bassetti réalise alors son premier grand projet : la cloche de carillon de la chapelle Notre-Dame de Grâce à Honfleur (Calvados).
Les sculpteurs campanaires, comme Virginie Bassetti, se comptent sur les doigts d'une main. © Jean-Yves Desfoux / Ouest-France
Une renommée internationale
Ensuite, pour Virginie, tout s'enchaîne très vite. Entre 2007 et 2008, elle réalise la cloche des 300 ans de la cathédrale des Invalides de Paris, puis le carillon de douze cloches de Deauville (Calvados), mais également la cloche des 1 300 ans du Mont-Saint-Michel (Manche).
Depuis 2009, elle expose ses sculptures à Ze Art Galerie à Paris et Dinard, ainsi qu'à travers le monde : Bruxelles, Gand, Moscou, Gand, Abu Dhabi ...
Depuis plus de vingt ans, c'est elle la spécialiste dans la conception et la création de décors de cloches contemporains : Notre-Dame de Paris, abbaye de Notre-Dame de Saint-Pierre-sur-Dives, église Saint-Pierre de Montsoreau, etc.
L'incroyable et minutieux travail de sculpture effectué par Virginie. © Caen Ma Ville
Notre-Dame de Paris : le plus gros projet de sa vie
Lors du jubilée de Notre-Dame de Paris, c’est la fonderie de Villedieu-les-Poêles qui obtient la commande des neuf cloches. Au début du projet, il est question de faire travailler tous les sculpteurs réunis sur cet ensemble campanaire. Or, rapidement, les personnalités contrastées des sculpteurs ne sonnent ni ne résonnent harmonieusement et le maître décide alors de procéder à un appel d’offre dans l’anonymat le plus total.
C'est Virginie qui remporte la commande (parmi quatre candidats, c'est son projet qui est choisi par Monseigneur Jacquin), qu'elle qualifie de "plus gros projet de sa vie", des quatre cloches en bronze, ensuite majorées au nombre de neuf, incluant le bourdon Marie, qui lui est coulé aux Pays-Bas. Plus de neuf tonnes de métal en fusion ont été utilisées pour concevoir ces huit cloches.
La jeune femme travaille sans relâche, dans une fosse creusée à cet effet dans l’atelier, à trois mètres de profondeur. Elle aligne ainsi 2 000 heures de travail afin de dessiner et sculpter à la cire d’abeille mêlée à de la paraffine les différents motifs de ciselure, chaque épaisseur ne devant pas dépasser les 3 et 4 mm, afin que les notes de chaque cloche s’accordent parfaitement au bourdon Emmanuel. Avant d'autoriser les ouvriers à couler les cloches, il faut vérifier les motifs gravés dans les moules en creux, et à l'envers.
Virginie Bassetti met la première main sur la coloration définitive des anses de la cloche Marcel (note Rè dièse, 1 925 kg) à la fonderie fonderie Cornille Havard, en novembre 2012. © Stéphane Compoint
Depuis, Virginie Bassetti s’attache à partager son savoir-faire. Elle enseigne l’art plastique dans un collège, accompagne un étudiant en CAP et continue d'expérimenter des modelages inédits tout en menant une recherche personnelle sur la symbolique et l'esthétique de la cloche.
Source : batirama.com / Laure Pophillat