Comment devient-on cordiste ? Immersion au centre de formation de Jarnias Sud

Juste après l'incendie de Notre-Dame, douze cordistes aguerris formés chez Jarnias intervenaient à temps plein sur le chantier. Comment forge-t-on cette élite ? À Valence, Jarnias prépare les cordistes de demain.

Juste après l'incendie de Notre-Dame de Paris, douze cordistes aguerris formés chez Jarnias intervenaient à temps plein sur le chantier. De fait, si on ne présente plus le groupe Jarnias, qu'en est-il de leurs centres de formation ? Comment forge-t-on cette élite ?

Fort de son expérience métier forgée par des années d'intervention dans les milieux les plus sensibles (industrie, bâtiment, nucléaire, génie civile, haute montagne, etc.), Jarnias a créé sa structure de formation exclusivement dédiées aux travaux en hauteur et d'accès difficiles.

À Portes-lès-Valence, dans la Drôme, Jarnias, reconnu pour ses formations qualitatives, prépare les cordistes de demain.

 

 

 

Jarnias Sud, l'un des trois centres de formation Jarnias

Chez Jarnias, le , on forme donc l'élite des cordistes de demain. Jarnias Sud, situé à Portes-lès-Valence (26), est donc l'un de ces trois centres de formation, le dernier-né, ouvert depuis le 11 juillet 2023. En quasiment un an, 40 cordistes ont été formés, dont 16 embauchés illico presto avant même le début de leur formation (les autres étant déjà en entreprise).

 

Jarnias compte huit formateurs-salariés, répartis sur les trois sites, celui de Portes-lès-Valence demeurant le seul centre avec autant de formateurs-salariés. © Benjamin Mouradian

 

 

Séance de debriefing avec le formateur (au centre, sur la photo), après l'entraînement, au centre de Jarnias Sud. © Laure Pophillat

 

 

 

À Portes-lès-Valence, la formation est plus orientée sur les activités de forage, l'héliportage, etc. Comme dans les deux autres centres,elle est axée sur une pratique intensive, en milieux naturels (les châteaux de la Drôme, par exemple), sur des sites clients (un puits de 7m de profondeur chez un particulier), ou encore via un partenariat avec les pompiers du Centre d'incendie et de secours de Saint-Marcel-lès-Valence afin de bénéficier de séances d'entraînement sur leur tour.

 

Entraînement des cordistes (groupe CQP métiers pour grande hauteur) du centre de formation de Jarnias Sud aux deux châteaux d'eaux du parc Jean Perdrix, à Valence. © Benjamin Mouradian

 

 

 

Un métier jeune et en constante évolution

Toutes les formations cordistes délivrent une qualification aux cordistes, aussi bien en matière de compétences techniques d’intervention sur cordes que de gestes professionnels et de sécurité. La formation aboutit à la délivrance d’un CQP, certification cordistes ou d’un CATC (Certificat d’Aptitude Technicien Cordiste) qui comportent un volet formation sécurité travail en hauteur et qui sont reconnues par France Travaux sur Cordes, le syndicat français des entreprises de travail en hauteur.

Tous les quatre ans, cela nécessite de refaire deux jours de formation continue afin de se remettre à niveau. Car "c'est un métier tout jeune, qui n'a que quarante ans, un métier qui évolue en permanence" souligne Benjamin Mouradian, le responsable du centre de formation, et en particulier sur les EPI (Equipement de Protection Individuel), ou encore le matériel, des nouveautés sortant chaque année, tel le kit mouflage automatique, par exemple.

Les formations cordistes délivrées par Jarnias vont du niveau TC01 au TC07 (Accès et positionnement sur cordes, niveau 2), comme ceci, par exemple :

– le CQP initial, pour le premier niveau, c'est la formation destinée à la préparation du Certificat de Qualification Professionnelle Cordiste permettant d’acquérir les compétences minimales requises pour accéder au métier de cordiste ;

– Le CQP confirmé, c'est la formation destinée à la préparation du Certificat de Qualification Professionnelle Technicien Cordiste, qui permet aux participants de valider les connaissances et les compétences des cordistes expérimentés ;

– Quant au CQP niveau trois ("Superviser les travaux sur cordes"), il prépare au Certificat de Qualification Professionnelle Superviser les travaux sur cordes et offre la possibilité d'acquérir les compétences liées à la gestion de la sécurité sur chantier.

 

Tout bon cordiste en formation devrait ne jamais se séparer de la "Bible" des cordistes : Le petit mémento du cordiste ! C'est l'ouvrage de référence des cordistes et de la profession, qui rappelle que "la branche professionnelle a défini ses règles de bonnes pratiques en adéquation avec le cadre règlementaire en vigueur". © Laure Pophillat

 

 

 

Pour les cordistes, après le CQP, le choix du parcours est triple : les travaux publics, l'industrie (et dans ce cas précis, il faut souvent rajouter une pléthore d'accréditations, surtout pour le nucléaire) et l'urbain (vers lequel se dirigent la majorité des 5 % de femmes cordistes, qui ne s'orientent pas nécessairement vers cette profession encore méconnue).

 

"Chez Jarnias, rappelle Benjamin Mouradian, la formation est complète car on oublie pas que la corde est l'une des compétences du cordiste : on les amène à une compétence cordiste et une compétence métier, s'ils ne l'ont pas déjà. On s'attache à la compétence associée au bout de la corde, car l'examen CQP ne suffit pas." © Benjamin Mouradian

 

 

 

Benjamin Mouradian, le responsable du centre de formation de Jarnias Sud, précise que le métier de cordiste ne doit pas se limiter au côté "fun". Il ne consiste pas à passer son temps à grimper, un paramètre fondamental à prendre en compte lorqu'on envisage ce métier qui, par ailleurs, nécessite une excellente condition physique. Autrement dit : la motivation, même si elle est essentielle, et le goût de la grimpe ne suffisent pas.

 

"Le cordiste n'est pas toujours en l'air ! Il n'y a pas que le côté fun ! Le cordiste est aussi sur pied, à faire la vigie, à sécuriser ceux qui vont intervenir, à préparer le matériel, ou encore à le charrier et le monter. C'est un métier avec de la contrainte physique." nous précise Benjamin Mouradian. © Benjamin Mouradian.

 

 

 

 

"On ne vend pas une formation, mais un job !"

"On fait 100 % d'embauches, financées à moitié par l'AURA. Tous ont déjà signés un CDD ou un CDI six mois minimum avant le début de la formation, explique Benjamin, "car on ne vend pas une formation, mais un job !".

De fait, un Job dating est organisé avant la formation, où apprenants et entreprises se rencontrent. Du côté des futurs cordistes, c'est une motivation supplémentaire que celle de savoir qu'un emploi les attend à l'issue de ladite formation. Quant aux entreprises, l'intérêt est double puisqu'elles recrutent directement en CDD ou en CDI et qui plus est un travailleur formé et opérationnel dès la fin de sa formation.

C'est le cas de Siam, un jeune valentinois de 18 ans qui, faisant un BP JEPS (Brevet Professionnel de la Jeunesse, de l’Éducation Populaire et du Sport) afin de se conformer à la volonté de ses parents, abandonne en cours de route par manque de motivation. Lui vient alors, par hasard et sur un enchaînement de circonstances, l'envie de devenir cordiste. Toutefois, il ne restait plus qu'une seule entreprise disponible : Alti City, les "alpinistes Brestois du bâtiment", en Bretagne. Qu'à cela ne tienne, Siam a envie de voir du pays ! Lors du Job dating, ça matche entre les deux partenaires, si bien que Siam s'engage sur une formation de cordiste parcours industrie, qu'il va achever le 14 juin. Trois jours plus tard, il commencera une nouvelle vie en Bretagne.

 

 

 

 

La formation pour les autres corps de métier

À Jarnias Sud, on forme également un large panel d'autres corps de métiers : ascensoristes, couvreurs, etc., aux techniques, qualifications et habiliations allant de celle de sauveteur-secouriste du travail, à celle d'électricien BT et HT en passant par celle d'évacuation d'un équipier en difficulté. Concrètement, tout ce qui regroupe le spectre des travaux difficiles et/ou en hauteur, comme de la sécurité en découlant.

 

Au centre de Jarnias, le toit d'entraînement permet aux couvreurs, par exemple, de se former comme d'apprendre à se mouvoir sur un toit en sécurité pour ainsi prévenir les chutes de hauteur, première cause de d'accidents graves et mortels dans le BTP. © Laure Pophillat

 

 

 

Benjamin Mouradian, "dompteur des Altitudes et des Apprentissages"

C'est ainsi que Benjamin aime se définir, comme un "dompteur des altitudes et des apprentissages". Tout comme Xavier Rodriguez, le président directeur général de Jarnias, dont il partage le tempérament volubile et la passion pour le métier de cordiste, il a un parcours atypique et bien rempli. VRP d'articles de sport pour magasins de ski, puis à son compte, conseiller de formation dans un centre concurrent de Jarnias, il finit par rencontrer Xavier, avec lequel il est sur la même longueur d'ondes. Rapidement, l'idée d'ouvrir un centre de formation sur Valence, une ville dont Benjamin, valentinois de naissance, admire le dynamisme et la position géographique, naît. Le plus ardu ? Trouver un local avec 8m de hauteur sous plafond ! Benjamin rapporte, non sans humour, que ce fut là le "vrai défi".

 

Benjamin Mouradian, le "dompteur des Altitudes et des Apprentissages", à la barre du centre de formation de Jarnias Sud, à Valence, dans la Drôme. © Laure Pophillat



Source : batirama.com / Laure Pophillat

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