Prix national de la construction Bois 2024 : point d’étape

12e remise de prix pour les lauréats du PNCB IDF le 20 juin au pavillon de l’Arsenal, remise des prix nationaux prévus le 3 octobre.

Valeur sûre du travail des interprofessions régionales depuis douze ans, le PNCB (Prix national de la construction Bois 2024) manque cependant de visibilité. C’est particulièrement le cas depuis l’année dernière, à cause des problèmes rencontrés avec les photographes d’architecture. Plus de catalogue récapitulatif en vue, base de données complète Panoramabois en maintenance. Cela vient s’ajouter aux défauts assumés de ce prix, une dizaine de lauréats par région, plus une dizaine de lauréats nationaux, ce qui est beaucoup, chaque année. Des remises dispersées et peu communiquées, une remise nationale décalée après l’été. En fin de compte, les acteurs du marché tirent profit eux-mêmes de ces distinctions dans leur communication, et la remise des prix donne lieu à des soirées agréables et utiles pour le réseautage. Que demander de plus ?

 

 

 

 

Une mécanique inébranlée

Malgré l’offensive des photographes, la dynamique du PNCB n’a pas été perturbée : 717 réalisations présentées pour 2024. Dix régions sur douze proposent des prix régionaux cette année, cinq remises régionales ont déjà eu lieu. Pour l’heure, seule celle des Hauts-de-France, du 11 juin, est documentée sur le site FiBois régional, d’ailleurs avec des vidéos pour chaque lauréat, et une brochure consultable en ligne qui donne une idée sur les compétiteurs. De même pour le Prix PNCB IDF, sur le site de FiBois IDF.

 

La médiathèque d'Etouvie telle quelle était rêvée et telle qu'elle redeviendra après une reconstruction partielle suite à des incendies malveillants. Architecte : Béal&Blanckaert. © Béal&Blanckaert

 

 

 

Chaque prix régional reprend en principe la nomenclature nationale, d’autant que certains projets régionaux concourent pour le challenge régional et national. Les catégories sont les suivantes :

– travailler – accueillir ;

– Apprendre – se divertir ;

– Habiter ensemble ;

– Habiter une maison ;

– Réhabiliter un équipement ;

– Réhabiliter un logement ;

– Aménager l’intérieur ;

– Aménager l’extérieur.

 

S’ajoute des prix régionaux particuliers comme le sympathique prix des écoles en IDF, où les enfants distinguent eux-mêmes une école, ou des mentions spéciales comme celle décernée à l’Arsenal pour la charpente du centre aquatique olympique.

 

 

Réhabilitation de la ferme Guilhembaqué - Laroin (Pyrénées-Atlantiques), l'un des 717 projets en lice, exemple de la tendance vers l'utilisatison des feuillus dans la construction (bardeaux de châtaignier). © Agpl64

 

Des Hauts-de-France qui s’inscrivent dans la tendance

Dans les Hauts-de-France, la nomenclature conservée se résume à Habiter ensemble (logements collectifs Bizet à Wervicq), Réhabiliter un équipement (école de musique Madagascar à Guise). Il y a un premier prix, un second prix, un prix spécial maison individuelle. L’extension du groupe scolaire Adrien Bonnel, prix coup de cœur du jury, coche toutes les cases de la construction vertueuse actuelle : extension respectant le bâti initial et son contexte, structure bois-paille, avec du peuplier en intérieur et du châtaignier en extérieur, et une architecte de renom, Amélie Fontaine. On peut lui comparer l’école du Bourget en conception-réalisation par Tectoniques, Ajeance, Méha avec mise en groupe par Stéphane Cochet de A003 Architecte, école plébiscitée par les enfants pour l’abondance des matériaux biosourcés, qui atteint 117 kg au m2.

 

La caserne de pompiers de Fabienne Bulle ne cesse de surprendre par sa synergie entre la construction biosourcée et les besoins des sapeurs-pompiers. © Jonas Tophoven

 

 

 

Premier prix, la médiathèque d’Etouvie est signé de l’illustre agence lilloise Béal&Blanckaert. La vidéo prend en compte la destruction partielle de la médiathèque à peine livrée dans le contexte des rixes de juin 2023 et cherche à en tirer le meilleur, l’ouvrage ayant montré sa résistance au feu. La médiathèque, illustration de la frugalité heureuse et créative, a été conçu dans l’agence par la représentante régionale de ce mouvement, Florine Wallyn.

 

 

Exemple de la tendance frugalité, le groupe scolaire Anita Conti, le Taillan-Médoc, Gironde. Par les Nancéens de Mil Lieux. © Catherine Duret

 

 

Le second prix, Howel, coche également toutes les cases et va même plus loin, dans une catégorie plus élitaire, avec des bardages en bois brûlé, des poteaux en chêne piqué de la forêt de Chantilly, des meubles et aménagements de réemploi, la construction de l’espace de autour d’un bel arbre. Dans cette année 2024 qui constitue un couronnement des bureaux en bois, Howel (Aventim, CAAU, AIDA, Goudalle) est sans doute le parangon. S’ajoute LFB une unité de valorisation à Bailleul-Sir-Berthoult pour les bâtiments industriels, et la maison individuelle Z à Zegerscappel, qui prolonge le bardage en Douglas brûlé Noir de Bois en couverture et élimine la dalle béton au profit de dalle bois sur Technopieux, sans doute une réalisation avant la RE2020.

 

 

 

 

Île-de-France, des projets hors norme

Le palmarès des Hauts-de-France s’inscrit pleinement dans la révolution en cours révélée notamment par les derniers Forum Bois Construction : la construction biogéosourcée avec un bonus pour les feuillus, le recours à des bois attaqués, et le réemploi. Celui de l’Île-de-France y ajoute une pointe particulière à cause des acteurs architectes ou ingénieurs et des projets inhabituels. Les logements collectifs Lathuille de l’atelier d’Architecture RamDam ou le Petit Musc de Mir Architectes sont finalement de petites opérations urbaines mais montrent bien, tout comme la surélévation de la place de la Nation, les Piaules, que l’enjeu d’habitation est là.

 

Le PNCB IDF met en exergue la prouesse de la couverture du centre aquatique olympique, développée par Schlaich Bergemann et mise en oeuvre par Mathis. © Jonas Tophoven

 

 

 

Le centre Teilhard de Chardin par Jean-Marie Duthilleul, le bâtiment E3 du Village des Athlètes par DREAM, la caserne des pompiers de Bourg-la-Reine de Fabienne Bulle et le prix spécial attribué à la couverture en bois du centre aquatique olympique, tout comme la communale de Koz/Kozto. La cité Nollez de Déchelette architecture préfigure avec sa façade en pisé le projet Quatre Cheminées qui sera livré dans les jours qui viennent, avec un recours impressionnant au pisé préfabriqué pour constituer l’intégralité de la façade R+4.

 

Exemple d'ITE, e premier projet important en paille hachée par IELO, le restaurant universitaire Champlain, CROUS de Poitiers. © Agence Duclos Riboulet Kester Architectes

 

 

Les catalogues du PNCB, la base de donnée Panoramabois étaient une mine d'information et une base de travail qui a poussé la contruction bois française pendant plus de dix ans. Devoir s'en passer serait une véritable régression.


Source : batirama.com/Jonas Tophoven © Jonas Tophoven

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