Des énergéticiens appellent l'UE à freiner le soutien au développement des ENR, qu'ils accusent d'entraver les investissements et d'amoindrir la sécurité d'approvisionnement européenne.
Portes-paroles des énergéticiens, lesPDG de GDF Suez, Gérard Mestrallet, et d'ENI, Paolo Scaroni, sont venus présenter à Strasbourg, où siège en ce moment le Parlement européen, des "mesures concrètes pour rebâtir l'Europe de l'énergie", selon un communiqué commun à ces neuf énergéticiens. Leur intervention "avait pour objectif d'alerter sur les risques inhérents à la politique énergétique européenne actuelle.
En effet, les efforts des énergéticiens pour réaliser les indispensables investissements dans le secteur ont été entravés par l'incertitude sur la rentabilité de ces investissements en raison notamment de l'absence de cadre politique clair, prévisible et objectif, fondé sur une législation stable et prévisible", expliquent ces entreprises.
"La sécurité d'approvisionnement énergétique n'est plus assurée, les émissions de CO2 repartent à la hausse, les investissements dans le secteur diminuent drastiquement et les factures énergétiques sont en forte augmentation", reprochent-elles à l'UE.
En cause, selon ces énergéticiens : des subventions trop généreuses pour les énergies renouvelables, qui dissuaderaient les investissements dans les énergies traditionnelles et saperaient la rentabilité des centrales électriques conventionnelles, notamment à gaz, pourtant essentielles à la sécurité de l'approvisionnement énergétique du vieux continent.
"Nous devons réduire le rythme auquel l'Europe installe des parcs éoliens et des panneaux solaires. Actuellement, il est insoutenable", a notamment plaidé M. Mestrallet, selon des propos cités par le Financial Times. Ces entreprises avaient déjà interpellé en mai l'Union européenne sur ces sujets.
Outre le français GDF Suez et l'italien Eni, cette initiative assez rare dans un secteur soumis à une forte concurrence rassemble les dirigeants des colosses allemands EON et RWE, des espagnols Gas Natural Fenosa et Iberdrola, l'électricien italien Enel, le néerlandais Gas Terra et enfin le suédois Vattenfall, qui a rejoint la bande récemment.
Ces déclarations ont été vivement contestées par les promoteurs des énergies renouvelables."On ne peut opposer les énergies ainsi, les énergies renouvelables contre les autres comme le gaz, alors que les défis qui se présentent à nous n'ont jamais été aussi importants", a déclaré Nicolas Wolff, président de la fédération professionnelle France Energie Eolienne (FEE).
"L'éolien est une énergie compétitive par rapport à d'autres sources plus classiques, dont la source est inépuisable et qui contribue elle aussi à la sécurité de l'approvisionnement énergétique", a-t-il plaidé, mettant les difficultés des centrales à gaz sur le compte de la conjoncture générale. "Nous vivons une crise économique grave et le mix énergétique en est durement affecté", a-il-argumenté.
Enfin, M. Wolff a rejeté l'idée que le vent soit en train de tourner en Europe en défaveur des énergies renouvelables, alors que beaucoup d'Etats membres, après en avoir fait une priorité ont déjà revu leurs dispositifs de soutien à la baisse pour des raisons budgétaires.
"L'Europe a défini un objectif pour les énergies renouvelables", visant à porter leur part dans la consommation d'énergie à 20% en 2020, "et nous souhaitons qu'elle continue à les accompagner", a-t-il affirmé, rappelant qu'il s'agissait d'un impératif pour lutter contre le réchauffement climatique.
Source : batirama.com / AFP