Située à Saint-Ouen, l’ex-distillerie Ricqlès va devenir le siège Île-de-France de la branche Construction d’Eiffage, avec une conception bas carbone de l’ouvrage ayant permis de réaliser un gain carbone de plus de 30 %.
Située à Saint-Ouen-sur-Seine au 97-101 boulevard Victor Hugo, l’ancienne distillerie Ricqlès deviendra bientôt le siège Île-de-France de la branche Construction d’Eiffage et accueillera, à terme, 630 collaborateurs d’Eiffage Construction, Eiffage Immobilier et Eiffage Aménagement. Ce futur siège s’inscrit dans une démarche bas carbone comme de sobriété énergétique du groupe Eiffage via cinq thématiques principales et essentielles :
– la frugalité ;
– L’énergie ;
– Le réemploi et le surcyclage ;
– Le choix des matériaux ;
– Le design bas carbone, sachant que la conception bas carbone de l’ouvrage a permis de réaliser un gain carbone de plus de 30 % par rapport aux émissions liées à la construction traditionnelle, correspondant à 429g eq CO2/m2 économisés, soit l’équivalent de 6 000 000 Kgeq CO2 économisés.
Le site du futur siège des équipes d’Île-de-France d’Eiffage Construction occupe ainsi une place de choix "dans une ville qui se réinvente : Saint-Ouen-sur-Seine", au cœur d'un pôle tertiaire en plein développement et au carrefour des Docks, du quartier Victor Hugo et de Clichy-Batignolles. Le quartier bénéficie d'une desserte en transports en commun optimale (ligne 14, RER C, tramway T1, nombreuses lignes de bus, etc.). "Avec le projet de « la Distillerie » à Saint-Ouen-sur-Seine, Saguez&Partners participe à dessiner le visage du futur Île-de-France d’Eiffage Construction : ouvert sur son quartier comme sur le monde. L’enjeu est de faire comprendre aux usagers (collaborateurs, clients, élus, partenaires…) du futur siège Île-de-France, la dimension fédératrice d’Eiffage sur l’ensemble des métiers de l’immobilier et de la construction." a déclaré Thibault Saguez, le directeur Général de Saguez&Partners. © Eiffage Construction
La façade de briques rouges de 1938, héritage du patrimoine industriel et architectural audonien, conservée
Le projet, d’une surface de plancher totale de 14 000 m2 environ, se compose de deux bâtiments reliés par un rez-de-jardin. Seule la façade en briques rouges de 1938 sur le boulevard Victor Hugo a été conservée.
"Notre projet s’inscrit dans l’héritage du patrimoine industriel et architectural audonien tout en se tournant vers une architecture emprunte de modernité. La Distillerie est un immeuble tertiaire contemporain, confortable, résolument tourné vers les nouveaux usages et les nouvelles formes de travail. Témoin de l’histoire du lieu, la façade en briques située boulevard Victor Hugo a été conservée et intégrée au nouveau projet. La mise en valeur de cette façade patrimoniale existante et son extension respectueuse ont été travaillées dans un langage industriel fait de métal et de verre. Elles apportent une lumière généreuse aux plateaux de bureaux. Point de repère sur le boulevard Victor Hugo, jalon dans le paysage urbain de Saint-Ouen, l’immeuble se démarque ainsi des constructions environnantes. Le projet s’inscrit dans une démarche bas carbone exemplaire." explique Frédéric Bourstin, le président de B&B Architectes. © B&B Architectes
Pour le reste, le bâtiment comporte :
– 1 500 m² de terrasses et espaces verts accessibles dont un rooftop de 800 m² en cœur d’îlot ;
– 13 580 m² de SUBL (Surface Utile Brute Locative) ;
– 100 places de parking électriques ;
– 100 places réservées aux vélos et 20 aux trottinettes ;
– De grands plateaux supérieurs de 2 000 m² entièrement modulables ;
– Des espaces propices à la collaboration et à la créativité avec une diminution des bureaux individuels, la multiplication des espaces alternatifs et collaboratifs (3 000 m2) ;
– Un auditorium, également modulable, réalisé avec les anciens fauteuils du Palais de Chaillot ;
– Une bibliothèque ; trois offres de restaurations différentes ; des espaces paysagers intérieurs et extérieurs ;
– Un rooftop.
Le rooftop sera accessible et connecté au Wifi, tandis que l'auditorium, également modulable, a été réalisé avec les anciens fauteuils du Palais de Chaillot. © B&B Architectes
L’économie de la matière
Parce que la première économie de carbone est l’économie de matière, une attention accrue a été portée au choix du juste matériau placé au bon endroit.
Ainsi, il a été mis en place des stores manuels mais également un équarrissage raisonné du béton (avec une part maximale de béton bas carbone, dont du béton sans clinker) et le parti pris de ne pas faire de faux planchers, et ce dans l'optique de réduire le poids du bâtiment et le pas d’étage.
Il a également été décidé de passer à une expérience bureautique , afin d'économiser 70 kms de câbles sur l’ensemble du bâtiment. Privilégier un plafond rayonnant permettra un bilan carbone inférieur de 40 % par rapport à un plafond rayonnant traditionnel et le choix d'un aménagement preneur valorisant le réemploi, avec des benchs de bureaux surcyclés et des cloisons de sanitaires composées à plus de 80 % de matériaux réemployés a été acté. De fait, le lieu intègre 30 à 40 % de surcyclage du mobilier et le savoir-faire des artisans de Plaine Commune a été valorisé en posant des meubles d'antiquaire dans les espaces communs : canapés de tisanières, chaises de bistrot parisien, tabourets de bar, etc.
Une production et une consommation d’énergie vertueuses
Cette volonté d'économies vertueuses se poursuit au niveau énergétique, avec un champ de 23 sondes forées à 150 mètres de profondeur afin d'alimenter un circuit fermé : 80 % des apports chauds et froids seront réalisés par cette géothermie, une stratégie permettant une réduction des consommations d’énergie pour le chaud et le froid de l'ordre de 41 % par rapport au chauffage urbain. Une thermo-frigo-pompe répond de façon simultanée aux besoins en chaud et en froid et son surplus d'énergie sera restitué au sol, contribuant à lutter contre les îlots de chaleur urbains. Des pompes à chaleur (PAC) air-eau en toiture complètent le système de production d'énergie et la température de l'eau circulant dans les panneaux rayonnants sera régulée en fonction de la température du sol (géocooling).
Trois leviers du réemploi actionnés
Le réemploi
90 % du poids initial du bâtiment a pu être réemployé et/ou recyclé grâce à une déconstruction sélective réalisée en partie avec l’association Réavie dédiée au réemploi. Tous les matériaux susceptibles d'être réutilisés ont été sélectionnés sur site et hors site.
Le recyclage
Les matériaux non réemployables ont été recyclés dans des filières spécialisées. Quant à la majorité des matériaux issus de la démolition ont été concassés et revalorisés dans une filière de recyclage pour être utilisés dans d'autres projets.
Le surcyclage
Eiffage Construction a fait le choix d'utiliser une partie de matériaux transformés et upcyclés, comme par exemple le parquet du hall d'entrée du futur siège, qui est issu d’un bois provenant de chênes centenaires français, victimes de tempêtes, ou bien les locaux de ménage, qui ont été entièrement construits avec des surplus de chantier. Il est à noter qu'en la matière, les façades des sanitaires représentent une première en France en matière de réemploi puisque seuls les parements extérieurs sont neufs (les matériaux internes proviennent de chantiers précédents).
Source : batirama.com / Laure Pophillat