Dans le cadre de la conférence environnementale, François Hollande souhaite une révision des aides au développement des ENR, suscitant des inquiétudes chez les professionnels du secteur.
"Les tarifs de rachat garantis ne permettent pas toujours de réguler au mieux et d'orienter correctement la production. On a même pu constater parfois qu'il y avait eu des effets d'aubaines, des gâchis des deniers publics et des comportements spéculatifs", a déclaré le chef de l'exécutif, dans son discours d'ouverture de la 2e conférence environnementale.
"Il ne serait pas logique que l'argent public, que ce soit des subventions ou de la fiscalité, puisse être au service d'une politique qui ne donne pas de résultats. Donc je souhaite que les modes de soutien aux énergies renouvelables soient revisités, de façon à ce que chaque euro prélevé sur la facture des consommateurs soit le plus efficace possible et favorise la création de champions énergétiques nationaux", a-t-il ajouté.
Le développement des énergies renouvelables est encouragé en France via plusieurs mécanismes dont le plus important est un système de tarifs de rachat bonifiés par EDF de l'électricité produite à partir des éoliennes, panneaux solaires, et d'autres énergies nouvelles.
Ces tarifs garantis sont financés par la Contribution au service public de l'électricité (CSPE), une taxe prélevée sur les factures de courant et dont le montant a explosé ces dernières années.
Les tarifs d'achat de l'électricité photovoltaïque ont déjà été fortement abaissés depuis deux ans, après un moratoire qui avait été imposé sur les installations de panneaux sur fond de flambée des aides versées au secteur.
M. Hollande a cependant donné des gages au secteur, en soulignant que les énergies renouvelables devaient représenter plus du quart de la consommation d'énergie à l'horizon 2020. Et il a aussi annoncé le lancement "la semaine prochaine" d'un appel à projets attendu depuis des mois pour des parcs d'hydroliennes pilotes.
Mais le président a souligné dans la foulée que pour les autres filières comme l'éolien terrestre et le solaire, tout devait être fait pour diminuer les coûts de production.Ces déclarations ont suscité des craintes parmi les professionnels des énergies renouvelables.
"Les acteurs de la filière éolienne espèrent (...) que les règles du jeu ne seront pas totalement révisées et que la filière sera toujours soutenue dans cette phase critique de développement", a ainsi réagi la fédération France Energie Eolienne.
De son côté, le Syndicat des énergies renouvelables (SER), principale organisation professionnelle du secteur, a défendu le principe des tarifs de rachat, et a réclamé de nouveau des mesures de relance urgentes de la filière.
"Les tarifs d'achat ont joué tout leur rôle dans la montée en puissance des énergies renouvelables électriques et offrent aujourd'hui encore une sécurité et une visibilité aux acteurs", a fait valoir dans un communiqué Jean-Louis Bal, président du SER.
"Le président de la république a annoncé une révision de ces mécanismes", mais "avant toute chose, et dans l'attente de la loi de programmation sur la transition énergétique qui devrait être publiée fin 2014, l'urgence est au redressement des filières au travers de mesures réglementaires immédiates", a-t-il ajouté. De son côté, le ministre de l'Ecologie et de l'Energie a justifié lors d'une conférence de presse la position du président.
"Bien évidemment, nous ne pouvons pas pousser les feux sur les énergies renouvelables pour qu'elles atteignent le niveau que nous souhaitons sans nous intéresser au cadre réglementaire", et "nous avons pu être échaudés parfois par des mécanismes qui ont pu aboutir à des bulles spéculatives ou en tout cas à une politique qui a été celle du précédent gouvernement de stop and go sur le photovoltaïque", a dit M. Martin.
Dans la foulée il a indiqué que les questions lies au cadre réglementaire des énergies renouvelables pourraient abordées par le nouveau Conseil national de la transition énergétique, avant même le projet de loi de transition énergétique.
Source : batirama.com / AFP