Jean-Philippe Guillon, le directeur du Mondial du Bâtiment, présente un rendez-vous devenu incontournable : "Faire l'impasse sur le Mondial du Bâtiment est une décision contre-productive".
Jean-Philippe Guillon est le directeur de la division Construction de RX France, qui regroupe les salons du Mondial du bâtiment : Batimat rejoint par Équipbaie-Métalexpo en 2024, Interclima, et Idéobain, ainsi que Renodays, le nouveau forum dédié à la rénovation énergétique des logements qui ouvrira ses portes le mardi 12 septembre, et les plateformes digitales Batiradio et Batiadvisor.
Après voir débuté sa carrière chez Renault au développement commercial à l’international, Jean-Philippe Guillon a pris la responsabilité de BASF Coatings Chine avant d’évoluer à la direction européenne de BASF Construction Chemicals, leader de la chimie de la Construction en Europe, afin de développer le marché de produits tels que les mortiers de réparation, scellement & calage, colle-carrelage, produits de façades, etc.
Il est diplômé en économie (Université de Reading, Grande-Bretagne) et en commerce (Université Paris Sorbonne, France).
Pour Batirama, il présente les enjeux et les principales nouveautés de l'édition 2024 de Batimat, qui se tiendra du 30 septembre au 3 octobre 2024, à Paris Expo Porte de Versailles, tout comme il nous raconte pourquoi cet événement est devenu un rendez-vous incontournable, aujourd’hui plus que jamais dans un contexte difficile pour le monde de la construction.
Laure Pophillat / Batirama : quels sont le(s) mot(s) d'ordre de cette édition 2024 ?
Jean-Philippe Guillon : Cette édition 2024 va explorer quatre thématiques phare : Adaptation, pour évoluer dans un monde qui change en permanence ; Innovation, afin d'améliorer la qualité des bâtiments et rendre les entreprises plus performantes ; Territoires, pour répondre aux enjeux globaux via des solutions locales ; et enfin Femmes et Hommes du bâtiment, afin de transmettre les savoir-faire, accompagner la montée en compétence et donner sa chance à la nouvelle génération. L'objectif est également de donner des idées, de chercher ensemble des solutions, des opportunités de marché afin de survivre à la crise. Autrement dit, à la fois des solutions concrètes et du contenu qui viendraient nous éclairer et nous permettre de nous projeter.
L. P / Batirama : Quel est le profil des visiteurs et d'où viennent-ils ?
Jean-Philippe Guillon : C'est un visitorat très élargi (industriels, grands patrons, architectes, prescripteurs, fédérations, etc.), qui vient pour s'informer et développer son réseau. Quant à l'artisan, il est plutôt visiteur. On pourrait dégrouper les chiffres ainsi : 40 % de visiteurs d'Île-de-France, 40 % de la province et 20 % de l'international. De fait, en 2022, 1 720 exposants avaient été présents pour plus de 110 000 visiteurs. À quelques mois de l'ouverture, les excellents chiffres de l'édition 2024 ne démentaient pas cette tendance puisque le taux de remplissage était de 95 % de la surface d'exposition initialement prévue, qu'il a fallu réajuster afin d'implanter davantage de zones (notamment liées à la rénovation énergétique du logement). Ce taux de 95 % correspond à une progression de 12 % par rapport à l’édition 2022, qui avait déjà été boostée par le contexte post-Covid et le retour du salon à la porte de Versailles à Paris. 1 800 exposants, dont 50 % d’internationaux, et 120 000 visiteurs sont a minima attendus pour cette nouvelle édition, et ce sur 150 000 m2 d'exposition (la totalité des sept halls de la Porte de Versailles), ce qui fait du Mondial du Bâtiment le salon le plus volumineux en surface, devant même le salon de l'Agriculture et la Foire de Paris. Enfin, concernant les innovations, nous avons reçu 30 % de candidatures supplémentaires. C'est d'ailleurs en Europe le salon où il y en a le plus.
L. P : Que nous réserve l'édition 2024 de Batimat ? Quelles sont les nouveautés ?
J-P G. : Outre le fait que le salon soit revenu à la Porte de Versailles, ce qui optimise le visitorat, cette année nous avons décidé d'intégrer Équipbaie/Métalexpo afin de créer l'événement le plus important du secteur de la mensuiserie et de la métallerie tout en élargissant le visitorat. Au total, 44 000 m2 sont dédiés à Équipbaie/Métalexpo, couvrant neuf secteurs : Menuiserie, Fermeture, Vérandas & Pergolas, Métalexpo, Quincaillerie, Protection Solaire, Produits verriers, Domotique et systèmes de contrôle, Machines & Outillages. L'autre innovation, c'est l'intégration de Renodays au sein de Batimat, qui a connu un beau succès en 2023. Chaque pavillon aura ses espaces Renodays, consacrés donc à la rénovation énergétique et performante des logements. Enfin, une grande tournée, baptisée Renovation Tour by Batimat, a eu lieu durant quatre mois (à partir du mois de mai) dans plusieurs pays européens et en Afrique afin de mieux faire découvrir l'évènement avant son ouverture, en réponse au fort rayonnement du Mondial du Bâtiment à l'étranger.
L. P : Qu'avez-vous prévu comme intéractions avec le public ?
J-P G. : Tous les acteurs du bâtiment, mais également des personnalités diverses et inspirantes venant d’autres univers, interviendront sur les problématiques du secteur. On trouvera des conférences rassemblant des acteurs d'horizons variés pour discuter des sujets phares de la construction (Batitalks, Renotalks, Architalks et colloques), des ateliers animés par des experts (Experts' corner, Matinées Campus, Renodays, Hors-Site ...) et aussi des présentations et démonstrations d'innovations technologiques pour améliorer le quotidien de vos métiers (Construction Tech® et son espace start-up). Il y aura en tout plus de 400 prises de parole.
L. P : "Batimat s'engage sur une trajectoire de long terme qui vise à réduire au maximum son impact sur le climat, l'environnement et la biodiversité" avez-vous déclaré : pouvez-vous développer ? Quelles seront les actions concrètement mises en place ?
J-P G. : Quelques exemples concrêts ? La réduction de l'empreinte carbone, en ôtant la moquette (26 tonnes ont ainsi été enlevées), ou bien le fait de favoriser le co-voiturage, ou encore l'organisation de voyages de groupe par train au départ de grandes villes de province (près de 2 000 personnes pourront bénéficier de ce service). À cela s'ajoutent une foultitude de petites initiatives, comme le fait d''encourager à la circularité, au tri et au recyclage des déchets, ou bien l'utilisation ultra-réduite des plastiques et PET, ou encore le réemploi de toutes les zones dont on a la gestion à 100 %. Il est également à noter une réduction de la taille des stands, avec l'incitation à faire le choix de stand éco-conçus. Un engagement qui se traduit aussi dans les espaces de restauration, avec l'élaboration de repas préparés sur site via des produits locaux.
L. P : Comment s'organise un salon comme Batimat ? Votre mot de la fin ?
J-P G. : C'est un tavail de très longue haleine, puisqu'on commence à travailler dès la fin d'une édition pour la suivante, comme en 2022 pour 2024. On fait un bilan aux grands acteurs, pour qu'il soit diffusé, ainsi qu'une analyse détaillée. Cela permet d'affiner ce qui doit être reproduit, ou pas, comme de définir une identité à l'éidtion suivante. Puis, entre 16 et 18 mois avant, c'est la phase commercialisation. Ensuite, en février 2024, une conférence de presse a lieu. Enfin, les échanges avec la presse courent de mai à juillet. On ajuste perpétuellement en fonction du contexte comme de la conjoncture. Le mot de la fin ? Il n'y a pas un autre salon de cette envergure en France.
Source : batirama.com / propos recueillis par Laure Pophillat / © Jean-Philippe Guillon