Les salariés de Photowatt, un des derniers acteurs français du photovoltaïque, craignent un plan social "maquillé", alors que leur maison mère EDF envisage de céder l'entreprise à une start-up du sud de la France.
Photowatt, l'un des derniers fabricants de panneaux solaires en Europe, employant quelque 170 personnes à Bourgoin-Jallieu (Isère), connaît des difficultés de longue date, dans un marché rendu compliqué par une concurrence chinoise à bas prix.
Photowatt, qui produit notamment des "wafers", des plaquettes de silicium entrant dans la fabrication des cellules photovoltaïques, avait été repris par EDF en 2012, sous la pression du président Nicolas Sarkozy, en pleine campagne pour sa réélection. L'équipe du futur vainqueur François Hollande avait alors dénoncé un "coup médiatique".
La start-up Carbon, basée à Fos-sur-mer, est candidate à la reprise de cette société.
Un projet d'accord
Carbon et EDF Renouvelables, filiale à 100 % d'EDF, à qui appartient Photowatt "sont parvenus à un projet d'accord pour la cession de Photowatt", un projet qui "prévoit le maintien de l'emploi sur le site de Bourgoin-Jallieu", comme l'a indiqué Carbon à l'AFP, ajoutant que "L'objectif, c'est d'assurer la croissance de Photowatt sur le long terme et de pérenniser l'expertise". Carbon n'a pas souhaité donner plus de détails avant que les salariés ne soient informés.
De son côté, EDF Renouvelables n'a, pour des raisons identiques, pas souhaité donner de détails, mais a confirmé la tenue d'un CSE (Comité Social et Économique) le 19 septembre prochain, lors duquel les contours de cet accord devraient être détaillés.
Une giga-factory de panneaux solaires ?
Le projet de Carbon consisterait à "créer une giga-factory" de panneaux solaires, "avec un objectif de production de 20 GW d'ici 2030, un saut énorme, sachant que Photowatt est aujourd'hui sur une capacité de production de 250 MW", a indiqué à l'AFP Cédric Thuderoz, le coordinateur régional de la CGT Énergie. Selon lui, "il y a un peu le sentiment d'avoir affaire à un plan social maquillé, sous-traité", ce dernier demeurant dubitatif sur la capacité de la start-up à lever les fonds nécessaires, estimé autour de 1,4 milliard d'euros.
L'intersyndicale (CFDT/CFE-CGC/CGT/FO) de Photowatt, qui a organisé lundi un rassemblement des salariés inquiets, considère comme "minces" les chances de réussite de ce projet, ajoutant qu'EDF finance "en grande partie" l'opération de reprise pour adapter le site, "car Carbon n'en a pas les moyens".
Selon l'intersyndicale, les salariés estiment qu'EDF Renouvelables "cherche à soigner son image en déléguant la fermeture de Photowatt à un tiers".
Source : batirama.com / AFP / Laure Pophillat