Photovoltaïque : les salariés de Photowatt toujours inquiets de la reprise par Carbon

EDF et Carbon sont parvenues à un accord concernant la cession de Photowatt. Toutefois, salariés et représentants syndicaux de Photowatt font part de leurs inquiétudes.

EDF Renouvelables est parvenue à un accord avec la start-upafin de lui céder Photowatt, l'un des derniers fabricants français de panneaux photovoltaïques, ainsi que les deux entreprises l'ont annoncé dans un communiqué conjoint. Toutefois, plusieurs dizaines de salariés et représentants syndicaux de Photowatt ont fait part de leurs inquiétudes lors d'une conférence de presse à Bourgoin-Jallieu (Isère).

 

 

 

 

Carbon et EDF Renouvelables prônent le maintien des emplois sur le site de Bourgoin-Jallieu ...

"Carbon et EDF Renouvelables sont parvenus à un projet d'accord portant sur la cession de l'entreprise Photowatt, acteur industriel historique dans la fabrication de panneaux photovoltaïques", ont indiqué les deux entreprises, assurant que le projet prévoyait "de maintenir les emplois sur le site de Bourgoin-Jallieu et de porter leur nombre à 200 à horizon 2026", contre 170 aujourd'hui.

Le projet prévoit un plan d'investissement de 40 millions d'euros "avec la création d'une unité de production de modules photovoltaïques d'une capacité de 500 MWc, soit l'équivalent d'un million de panneaux solaires par an", pour une mise en service "avant la fin de l'année 2025", selon Carbon et EDF Renouvelables.

 

"Nous allons investir pour transformer l'outil industriel existant, situé à Bourgoin-Jallieu, et l'inscrire durablement dans l'activité de Carbon", a déclaré Nicolas Chandellier, ici en photo, le directeur général de la start-up basée à Fos-sur-mer, cité dans le communiqué. Le Groupe EDF "s'engage" pour sa part "sur un accord de fourniture de panneaux photovoltaïques afin de soutenir cette nouvelle production made in France", indique le communiqué. © Carbon

 

 

Photowatt souffre depuis longtemps de la concurrence chinoise. EDF Renouvelables avait repris l'entreprise, en redressement judiciaire, en 2012. Cette dernière a progressivement fermé des ateliers pour se concentrer sur les plaquettes de silicium à la base des cellules de panneaux solaires.

Le projet d'accord prévoit donc le maintien des 170 emplois pendant 24 mois, a indiqué Carbon à l'AFP. Selon une source proche du dossier, EDF Renouvelables doit assurer le paiement des salaires pendant douze mois et Carbon prendra le relais les douze mois suivants.

 

 

 

 


… mais les salariés de Photowatt (EDF) demeurent inquiets

Toutefois, pour les syndicats, il n'y a pas de garanties : selon eux, la reprise de Photowatt se fait pour un euro symbolique, et en échange, EDF Renouvelables assure la couverture de certains frais pendant un an après la reprise.

"Carbon annonce des ventes en hausse, alors qu'une crise du solaire se profile", dénonce Barbara Bazer-Bachi, secrétaire CFE-CGC du CSE, arguant que "les prix de l'électricité vont baisser en 2025, donc les Français vont installer moins de panneaux solaires".

L'intersyndicale de Photowatt avait déjà jugé peu crédible ce projet de gigafactory, craignant un plan social "maquillé", malgré les belles promesses de Nicolas Chandellier.

Perplexe quant à la "solidité" du projet, un élu syndical de Photowatt précise que le projet n'est pas adossé à de potentielles aides de l'État dans le cadre du NZIA (Net Zero Industry Act), un plan européen destiné à aider les industries vertes. Sans cela, le business plan présenté par Carbon "n'a pas de sens", selon cet élu. "C'est une start-up, ils n'ont aucune connaissance du métier", surenchérit un technicien de production âgé de 53 ans, dont 17 ans chez Photowatt, pour qui la cession à Carbon n'est qu'un "licenciement caché".

 

 

 

Le sénateur écologiste Guillaume Gontard a appelé lors de la conférence de presse à "ralentir ce projet fait à la va-vite", et demandé "des garanties financières de l'État pour structurer une filière française du photovoltaïque".

Le CSE de Photowatt doit donner son avis consultatif sur le projet le 21 novembre, date à laquelle la reprise doit être actée.



Source : batirama.com / AFP / Laure Pophillat

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