Charpentiers et couvreurs qualifiés rendent à la toiture du Collège des Bernardins son aspect et sa majesté d?origine.
Du Collège des Bernardins, un ensemble ecclésiastique d’architecture gothique cistercienne fondé dans la seconde moitié du XIIIe siècle, il ne reste que le grand logis et la sacristie. Cette propriété du Diocèse de Paris, nichée dans le Ve arrondissement de la capitale totalise une surface de 5?000?m². Sa restauration, par une trentaine d’entreprises différentes, aura duré 5?ans, pour un montant de 50?M€. Les travaux, menés par Hervé Baptiste, architecte en chef des Monuments historiques, et par Jean-Michel Wilmotte, architecte, pour la partie contemporaine, auront mobilisé des centaines de professionnels au savoir-faire reconnu. Au fil des siècles, incidents et transformations avaient affaibli le bâtiment.
Retour à la toiture originale
Pour ce qui concerne le toit, le grand comble médiéval a été détruit et remplacé par un toit plat à l’italienne en 1844. Les travaux de restauration ont permis la restitution de la toiture originale, plus haute et plus pentue. Les différents corps de métier se sont rigoureusement coordonnés : les couvreurs œuvraient tandis que les équipes de charpentiers avançaient tout au long des 80 m du bâtiment. Une charpente métallique, aux poutres alvéolaires, a permis de dégager un important volume intérieur, tout en accueillant les réseaux de ventilation, climatisation, électricité, plomberie, désenfumage, etc. Vissée sur celle-ci, une sur-charpente en chêne crée des points d’ancrage nécessaires pour clouer les liteaux. Le liteaunage, en chêne, respecte la mise en œuvre d’époque mais sa pose est délicate : très dur et lourd, le chêne se tord et se fend.
110 000 tuiles en 5 couleurs
Chaque pièce a dû être sélectionnée et fixée avec soin. La toiture est recouverte de près de 110 000 tuiles, réalisées pour l’occasion, en 5?couleurs différentes et 2 formats, qui permettent un rendu un peu irrégulier, tant dans sa ligne que dans ses nuances. Le comble abrite aujourd’hui deux auditoriums accueillant cours, conférences, séances de cinéma et concerts. Alliant le charme ineffable de ses murs séculaires aux technologies les plus avancées, le Collège des Bernardins a retrouvé en septembre 2008 sa vocation première : un lieu de recherche et de débat pour l’Église et la société, sur la question de l’homme et de son avenir, ouvert à tous.
Source: batirama.com / E. J.
FICHE CHANTIER
- Lot couverture : UTB (Union technique du Bâtiment, Pantin, 93), entreprise qualifiée Monuments historiques. Pendant 6 mois, 15 couvreurs sur le Grand Logis : 2 500 m2, 2 versants, 80 m de long. Puis 2 mois sur la sacristie : 300 m2, empilage de 3 bâtiments à 4 pans coupés par des arrêtiers.
- Coût du lot couverture : 800 000 € HT
- Tuilerie Aléonard à Pontigny (89)
atteint 12 m de hauteur sous plafond.
Au 1er plan, l’ancienne toiture ardoise.
5 - Les tuiles rectangulaires “vieux Paris” Aléonard
(24 x 30 ou 24?x 31 cm), créées pour ce chantier, possèdent 2?tenons
pour plus de stabilité. La pente de 56° impose
le vissage d’1 sur 3 (vis inox A2).
6 - Soudure d’un tuyau de descente pluviale, en cuivre, comme tous les éléments de raccordement
et d’étanchéité de la toiture.
7 - Le scellement des faîtages
et des arêtiers est réalisé
au mortier de chaux et sable jaune.
8 - Cloué au chevronnage, un écran sous toiture HPV
(haute perméabilité à la vapeur) garantit l’étanchéité de la toiture durant les travaux et dans le temps. Les liteaux en chêne, de 27 x?40?mm de section,
sont cloués au clou inox A2.
9 - Le campanile, tout en chêne, sera habillé de plomb avant d’être hissé grâce à une grue. Le lanternon, créé par UTB, a un rôle d’extracteur de fumées. Sa girouette en cuivre est montée sur roulement à billes.
1 0 - La toiture à différents stades :
la charpente métallique, la charpente chêne et la couverture de tuiles.
11 - Entre chaque lucarne, des chatières passe-corde décoratives favorisent l’entrée d’air en partie basse pour une bonne ventilation de la toiture.
1 2 - Les lucarnes possèdent des jouées et fronton en châtaignier.
Le voligeage est classique, en sapin.
Le chéneau, en cuivre 8/10 mm d’épaisseur, est invisible de la rue
grâce à 3?rangées de tuiles scellées
en appui sur la corniche.