La transformation de bureaux en logements n’est pas toujours facile. L’exemple de la Poste Magenta à Paris montre à quelles conditions c’est possible : un gros-œuvre qui s’y prête et un emplacement idéal !
La Poste Immobilier, filiale immobilière du groupe La Poste, a dirigé en tant que maître d’ouvrage, la transformation de la Poste Magenta au 107 ter rue du Faubourg Saint-Denis, un peu en retrait du boulevard Magenta dans le Xe arrondissement de Paris, tout près de la gare du Nord et de la gare de l’Est, en un nouvel ensemble de :
– 83 logements,
– 1240 m2 de coworking sur trois niveaux (RDC, R+1 et R+2) ,
– avec recréation d’un bureau de poste de 450 m2 au rez-de-chaussée avec mezzanine,
– 650 m2 d’agriculture urbaine en terrasse,
– 1 000 m2 de logistique urbaine au sous-sol, avec bornes de recharge pour véhicules électriques et 46 places de parking pour les habitants du bâtiment.
Le bâtiment se prêtait de manière idéale à sa transformation
Premièrement, la Poste Magenta se trouve dans un quartier central de Paris, à quelques centaines de mètres des gares du Nord et de l’Est, à proximité immédiate de plusieurs lignes de métro et de bus et tout près des commerces du marché couvert Saint-Quentin comme de la rue Lafayette. Le bâtiment se dresse devant un square et un aménagement de jeux pour enfants. Bref, le bâtiment est vraiment bien situé. Il ne s’agit absolument pas d’un bâtiment de bureaux dans une zone d’activité mal desservie, à proximité d’aucun commerce, ni équipement public.
Deuxièmement, la Poste Magenta a été conçue par l’architecte Jean-Baptiste Mathon, Grand Prix de Rome, et livrée en 1965. C’était un bâtiment industriel qui abritait un important tri postal. Les trois niveaux intermédiaires du bâtiment étaient calculés en termes de résistance de sol afin d'accueillir d’énormes machines de tri postal, avec un pas d’étage de 5,60 sur ces trois niveaux. Résultat, les architectes Elizabeth Naud (associée) et Luc Poux (associé) du cabinet Naud & Poux Architectes, installé dans le XIIIe arrondissement de Paris, ont pu sans difficulté technique créer un niveau supplémentaire au-dessus de ces planchers industriels. Les solives de planchers industriels ont été supprimés pour gagner un peu de hauteur. Les trois planchers originaux ont été légèrement rehaussés pour atteindre les niveaux de confort acoustique attendus en logement aujourd’hui.
Trois dalles intermédiaires ont été coulées. Ce qui donne des hauteurs sous plafonds ≥ 2,50 m, sauf dans quelques circulations des deux derniers niveaux où l’on atteint 2,40 m sous plafond. Aucun renfort de structure n’a été nécessaire. © PP
Au-dessus des trois niveaux de tri, deux étages de logements pour postiers existaient déjà, desservis par des coursives extérieures à chaque niveau. Ils ont fait l’objet d’une rénovation. © PP
Au rez-de-chaussée, un vaste local à vélo a été créé. © PP
22 millions d’euros de travaux
La Poste Immobilier ou la Poste Immo, comme le dit Camille Gehin, directrice générale adjointe de l’entreprise, est le bras armé de la Poste et possède deux missions principales. Elle veille déjà à ce que la Poste ait à sa disposition tous les locaux dont elle a besoin pour la collecte, le tri et la distribution du courrier. Ce sont avant tout des locaux industriels, des locaux logistiques et des bureaux. Ensuite, la Poste Immo est une foncière qui gère l’immobilier de la Poste et valorise les locaux qui ne correspondent plus aux attentes de la Poste. Par ailleurs, la Poste possède La Poste Habitat, une filiale de logements sociaux. Le montant total de travaux s'élève à 22 millions d'euros, soit environ 2 200€/m2.
Les opérations menées par la Poste Immo doivent être financièrement équilibrées. En l’espèce, le site de la Poste Magenta, dans le cadre du PLU Parisien, permettait la création d’un petit bâtiment de logements. Ce qui a contribué à la rentabilité du projet. © PP
Ce bâtiment neuf en R+4 est en structure béton. Sa façade arrière est en structure bois non-porteuse qui joue le rôle de bardage ventilé devant la laine de roche utilisée pour l’isolation thermique par l’extérieur. Ce bâtiment est labélisé BBC Effinergie 2017. © PP
La façade avant, face au bâtiment existant de la Poste Magenta, et la façade latérale, face au square, sont recouvertes d’un moucharabieh en briques. Ce qui protège contre le soleil, ce sont les façades sud et ouest, et empêche la vue directe vers l’intérieur des logements. © PP
Les 83 logements créés – 35 logements sociaux gérés par Toit et Joie, filiale HLM de Poste Habitat, et 48 logements en accession vendus en VEFA (Vente en État Futur d’Achèvement) à CDC Investissement Immobilier, filiale de la Caisse des Dépôts et Consignation, qui les mettra en location sur le marché libre – sont tous traversants est-ouest ou nord-sud. © PP
Chauffage urbain, ventilation simple flux mais avec récupération de chaleur
Les deux bâtiments sont raccordés au réseau de chauffage urbain de Paris. Il n’est pas prévu de rafraîchissement. Tous les logements sont équipés de protection solaire, y compris de BSO (Brise-Soleil Orientable) sur les loggias des deux derniers étages de la façade sud.
Les logements sont chauffés par des radiateurs équipés de robinets thermostatiques. Un thermostat programmable dans chaque logement est raccordé à la vanne d’alimentation du réseau de chauffage du logement, placée dans la gaine palière à l’extérieure. Cette solution permet la commande et la programmation centralisée du chauffage, mais pas la programmation pièce par pièce. © PP
La ventilation des bâtiments est assurée par une VMC simple flux. Les extracteurs centralisés, un par cage d’escalier, alimentent chacun une Soraya de France-Air. Ce sont des pompes à chaleur air/eau, couplée avec un caisson d’extraction de VMC C4 France Air. Soraya s’installe en extérieur ou, comme ici, dans un local technique. Soraya est compatible avec les modes de ventilation autoréglable et hygroréglable A et B. Le caisson d’extraction VMC est classé 400 °C coupe-feu 1/2 heure. La pac assure le préchauffage de l’ECS à une température de 35 à 55 °C. Le complément est apporté ici par l’échangeur de chauffage urbain. Soraya atteint des COP de 3,9 à 4,65 et peut réduire de 75 % la consommation d’énergie liée à la production d’ECS. Soraya embarque une charge de 2,8 kg (7,5 kW) ou de 4,5 kg (15 kW) de R407C. © PP
En terrasse, 650 m2 de terre accueilleront un potager géré par l’association Cultures en Ville, lauréate de l’appel à projet Parisculteurs. © PP
Cette opération de transformation a reçu le Prix International de la transformation de bureaux en logements en 2021. Son permis de construire date de 2019. Elle sera livrée début janvier 2025, après deux ans et demi de travaux. Les 1 240 m2 de coworking, gérés par MitWi, filiale de la Poste Immobilier, seront ouverts mi-2025.
Source : batirama.com / Pascal Poggi