Voilà, c'est fait : les députés de l'Assemblée nationale ont adopté la motion de censure contre le gouvernement Barnier, déposée par la gauche, et ce au terme d'une journée historique.
Voilà, c'est fait : mercredi 04 décembre 2024, 331 députés de l'Assemblée nationale ont adopté la motion de censure contre le gouvernement Barnier, déposée par LFI (La France Insoumise), et ce au terme d'une journée historique, une adoption rendue possible grâce au soutien du Rassemblement national.
De fait, à 20h26 précisément, Yaël Braun-Pivet, la présidente de l'Assemblée nationale, a annoncé l'adoption de la motion de censure : "Conformément à l'article 50 de la Constitution, le premier ministre doit remettre au président de la République la démission du gouvernement."
Retour sur une journée épique, qui ouvre la voie à de fortes turbulences politiques et financières.
La deuxième motion de censure de l'histoire de la Ve République
En fin d'après-midi du mercredi 04 décembre 2024, Éric Coquerel, député LFI de Seine-Saint-Denis, et Marine Le Pen ont pris la parole à la tribune afin de justifier leur choix. Michel Barnier a ensuite averti une ultime fois les députés des conséquences de leur vote.
Cette motion de censure est seulement la deuxième de l'histoire de la Ve République et fait de Michel Barnier l'étoile filante de Matignon, autrement dit le Premier ministre le plus éphémère de la Ve République (trois mois). Il devra remettre sa démission à Emmanuel Macron, tout juste de retour d'une visite d'État en Arabie-Saoudite, dans la matinée de ce jeudi 05 décembre 2024.
Le chef de l'État prendra la parole à 20h ce jeudi soir.
"Une triste journée pour la France" (Valérie Pécresse)
La présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, a déclaré sur son compte X : "Je salue le courage et l'engagement de Michel Barnier, un républicain qu a toujours exercé ses responsabilités avec dignité et sérieux", ajoutant que son parcours "témoigne d'un attachement sincère à nos institutions et aux valeurs qui fondent notre République".
Du côté du ministre de l'Économie, et toujours sur X, Antoine Armand trouve que "dans un acte à l'opposé du patriotisme, le RN et NFP ont mêlé leurs voix pour déstabiliser le pays", tandis que la porte-parole du gouvernement, Maud Bregeon, dénonce un "front antirépublicain inédit".
Sur son compte X, Valérie Pécresse s'attriste, écrivant qu'il s'agit "d'une triste journée pour la France. Michel Barnier avait tenté de remettre le pays sur les rails. Il s'était donné comme objectif de remettre de l'ordre dans les comptes, à nos frontières", et ne décolère pas contre cette "alliance contre nature" entre le Rassemblement national et La France Insoumise, qui a déjà "soumis toute la gauche à ses diktats, joue la politique du pire pour le pays et nos compatriotes".
"La censure du gouvernement renforce le désordre politique et affaiblit notre pays [...]. Nous sommes au bout du gouffre." a écrit l'ancien Premier ministre Edouard Philippe sur son compte X, tout en adressant à Michel Barnier un salut "amical et reconnaissant". © Ludovic Martin / AFP
"Protéger les Français", selon Marine Le Pen
Quelques minutes après la chute du gouvernement Barnier, Marine Le Pen s'est exprimée dans le journal de 20 heures, sur TF1, arguant qu'il n'y "avait pas d'autre solution" tout en ajoutant "je n'ai pas de vertige et je ne considère pas que ce soit une victoire. Nous avions un choix à faire et le choix que nous avons fait, c'est de protéger les Français."
Marine Le Pen n'a cessé de déplorer avoir dû faire ce choix, et surtout ce vote aux côtés de la France Insoumise : "Nous ne l'avons pas fait de gaieté de cœur". Elle a expliqué ensuite vouloir laisser "travailler" le prochain gouvernement et "co-construire" un budget "acceptable pour tous".
Emmanuel Macron, véritable cible de la gauche
Le président de la République a tout de suite été aux centres des attentions de la France Insoumise, et ce dès l'annonce de la censure. La cheffe des députés LFI, Mathilde Panot, réclame des "présidentielles anticipées" et précise que le "gouvernement Barnier aura eu le déshonneur et la censure. Par la censure de ce gouvernement, c'est toute la politique d'Emmanuel Macron qui est battue. Nous demandons à Emmanuel Macron de s'en aller."
"Même avec un Barnier tous les trois mois, Macron ne tiendra pas trois ans", a estimé Jean-Luc Mélenchon (ici en photo durant un discours le 11 novembre 2024 à Gentioux-Pigerolles, dans la Creuse) sur son compte X. © Romain Costaseca / Hans Lucas / AFP
Du côté du PS, Olivier Faure, le Premier secrétaire, a appelé sur France 2 à "accepter un Premier ministre de gauche", après la censure du gouvernement Barnier, comme à créer "les conditions d'un nouveau départ, d'une nouvelle méthode, et pas simplement de censurer et considérer que le travail est fait."
Pour la députée écologiste Sandrine Rousseau, il n'y a "pas de crise majeure. [...] C'est juste l'avancée de la démocratie face à un président de la République qui se refuse à la réalité, qui fait un déni de réalité : la réalité, c'est qu'il a perdu".
Le secrétaire national du PCF, Fabien Roussel, assure que son parti avait "voté la censure pour protéger les Français d'un des pires budgets, dur pour les salariés, les services publics, l'industrie, les communes".
"L'heure est grave !" a encore déclaré Fabien Roussel, faisant preuve de lucidité ... et sans doute faut-il lui laisser (momentanément) ce mot de la fin.
Source : batirama.com / Laure Pophillat