Le Grand Prix national de l'architecture 2024 a été attribué par le ministère de la Culture à l'Atelier Architecture Perraudin. Ce dernier récompense une agence implantée en France pour l’ensemble de son œuvre.
Le Grand Prix national de l'architecture 2024 a été attribué par le ministère de la Culture à l'Atelier Architecture Perraudin. Christophe Millet, président du Conseil national de l'Ordre des architectes, participait au comité de sélection pour l'attribution du titre de lauréat. Le GPNA (Grand Prix National de l’Architecture) récompense une agence implantée en France pour l’ensemble de son œuvre.
En 2022, c'est Philippe Prost, dont les réalisations témoignent de l'alliance entre patrimoine et architecture contemporaine, qui avait été lauréat dudit prestigieux prix.
Sept agences présélectionnés
Depuis l’édition 2022, le GPNA s’est adapté à l’évolution de la pratique architecturale, en introduisant déjà une meilleure parité parmi les finalistes, mais également en sélectionnant des agences d’architecture plutôt que des individus et en introduisant plus de parité parmi les finalistes. Les six autres agences présélectionnées étaient les suivantes : BQ+A – Architecte et associés, Bruther, Encore Heureux, Jean et Aline Harari architectes, Muoto et, enfin, Corinne Vezzoni et associés.
Quant aux critères de sélection des lauréats étaient définis comme suit :
– la richesse du parcours professionnel et la qualité de l’œuvre bâtie ;
– La posture de l’agence vis-à-vis du rôle sociétal de l’architecture et de l’architecte ;
– La capacité à diffuser ou transmettre, en France et à l’international ;
– La capacité à innover et ouvrir des perspectives pour les nouvelles générations.
À propos de l’Atelier Architecture Perraudin
Au cours de sa formation en ingéniérie, puis à l'École d'Architecture de Lyon (1977), Gilles Perraudin n'a jamais dissocié la relation entre penser et construire. Fasciné par l'architecture vernaculaire et la relation homme/climat/habitat, il vit une expérience déterminante dans l'atelier d'André Ravereau (grand prix d'architecture de l'Agha Khan) qui vit et travaille dans la région du M'zab, en Algérie.
En 1980, il est lauréat du premier Concours Européen d'énergie solaire passive, grâce à une maison qui contient déjà tous les grands principes qui trouveront leurs applications dans ses futures réalisations, notamment celui de "l'enveloppe microclimatique". Engagé dans la mouvance qui rejette le modèle consumériste occidental, Gilles Perraudin définit les bases d'une ", réalisant des maisons utilisant le pisé, le bois et matériaux issus de la construction de hangars standardisés. De fait, l'agence poursuit une "recherche patiente" basée sur le respect et l'économie des ressources, l'emploi des matériaux naturels, limitant ainsi la dépense énergétique, qui va devenir un leitmotiv récurrent de cette attitude.
C'est avec la construction du Chai de Vauvert (30), en 1998, que Gilles Perraudin remet en œuvre un matériau naturel des plus communs : la pierre, qui va prendre une place de plus en plus importante dans ses dernières réalisations. Montée à sec et simplement réglée par calage, la construction s’est déroulée dans des conditions de grande rapidité : un mois seulement pour aller des fondations à la toiture ! Elle fut l’occasion d’expérimenter la validité économique de la réutilisation de la pierre massive comme matériau de construction d’une architecture contemporaine. La pierre utilisée est celle du Pont du Gard, qui fut utilisée pour construire le célèbre aqueduc. ©11H45 et © Atelier Architecture Perraudin
Découvrant au fil de son utilisation les vertus environnementales indiscutables de ce matériau, la pierre va devenir le véritable inspirateur d'une expression architecturale qui rassemble tout ce que Perraudin Architectes recherche dans son travail :
– une sobriété expressive ;
– L'effacement de "l'architecte devenant simple médiateur entre la matière et les désirs humains" ;
– La "possibilité pour les sociétés de retrouver une identité en relation avec leur lieu de vie" ;
– Et, enfin, la "primauté du spirituel de l'homme/architecte sur la technostructure ingéniériale dévouée aux valeurs matérialistes".
Ici, le musée du vin et le jardin ampélographique, dans la commune de Patrimonio (Haute-Corse), témoigne de cette frugalité architecturale : les soubassements qui s'appuient sur le terrain sont en béton "cyclopéen", chaque pavillon est ceint de murs en pierres massives blanches de 60 cm d'épaisseur qui reste brute de sciage. Les pierres calcaires proviennent pour la moitié de Corse et l'autre du Lubéron. La toiture en poutres de pin Larriccciu (essence locale) supporte une toiture plantée. ©11H45 et © Atelier Architecture Perraudin
Le pavillon d’accueil de la carrière de Fontvieille (13) illustre parfaitement la "primauté du spirituel de l'homme/architecte sur la technostructure ingéniériale dévouée aux valeurs matérialistes" : la lumière éclaboussée, le parfum minéral et le bruissement de l’eau nous transportent vers un lieu originel, celui d’un jardin du paradis. "Là où se situe l’origine du monde, celui des enfants et de celle qui les engendra, Eve. [...]. Des murs se dressent pour enclore ce paradis. Des murs démontables où chaque pierre se superpose aux autres par la seule vertu de l’équilibre. Toutes les pierres sont sur le même module composant des figures auto-stables qui produisent un langage nouveau et intemporel." ©11H45 et © Atelier Architecture Perraudin
Source : batirama.com / Laure Pophillat