RE2020 : au 1er janvier 2025, les exigences environnementales seront renforcées

La sévérisation de la RE2020 au 1er janvier 2025 porte seulement sur les aspects environnementaux. L’exigence de performance thermique reste inchangée.

La RE2020 est entrée en vigueur, peu à peu, depuis le 1er janvier 2022. Si elle s’applique déjà à tous les logements neufs, aux bureaux, aux locaux d’enseignement primaire et secondaire, la RE2020 ne couvre pas encore toute la construction neuve. Les centres commerciaux, les grands commerces, les locaux commerciaux, les locaux logistiques, l’hôtellerie, les locaux d’enseignement supérieur, … échappent toujours à la RE2020. Ce qui pose quelques difficultés.

Ainsi, dans le cas d’un immeuble collectif neuf avec parking enterré, supermarché au RDC, trois étages d’hôtel, puis des logements collectifs au-dessus : le supermarché et l’hôtel sont soumis à la RT2012 et les logements à la RE2020. Mais comment répartir l’empreinte environnementale du bâtiment, notamment celle du parking enterré ? Les règles demeurent floues.

 

Les industriels développent des matériaux bas carbone, béton, acier, aluminium, PVC, laine de verre contenant une part de plus en plus importante de matière recyclée, afin de réduire leur empreinte environnementale. © PP

 

 

 

La RE2020 contient sa propre révision

La RE2020, dès sa publication, contenait un calendrier de sévérisation. Rappelons que la RE2020 impose à la fois un calcul de performance thermique et un calcul d’empreinte environnementale. Tout cela se traduit par six indicateurs, dont il faut respecter les plafonds. Les indicateurs de performance énergétique – Bbio (en points), Cep (kWhep/(m2/an) et cep,nr (kWhep/(m2/an) – ne sont pas soumis à révision pour l’instant. Ni DH, l’indicateur d’inconfort d’été.

Voici les valeurs moyennes de Bbio, sachant qu’elles sont modulées selon la zone climatique et l’altitude.

 

 

Les valeurs du Bbio max en points

 

Maisons individuelles ou accolées

63

Logements collectifs

65

Bureaux

95

Enseignement primaire et secondaire

68

 

 

Voici les valeurs à ne pas dépasser des indicateurs Cep, Cep,nr en kWhep/(m2/an)

 

 

Cep,nr en kWhep/(m².an)

Cep en kWhep/(m².an)

Maisons individuelles ou accolées

55

75

Logements collectifs

70

85

Bureaux

75

85

Enseignement primaire

65

72

Enseignement secondaire

63

72

 

En revanche, deux indicateurs de l’empreinte environnementale sont modifiés au 1er janvier 2025 : Ic énergie en kg CO2/m2 et Ic construction en kg.eqCO2/m2. Voici leurs nouvelles valeurs :

 

 

Ic énergie en kg CO2/m2

 

 

2022 à 2024

2025 à 2027

À partir de 2028

Maisons individuelles ou accolées

160

160

160

Logements collectifs raccordés à un réseau de chaleur urbain

560

320

260

Logements collectifs autres cas

560

260

260

Bureaux raccordés à un réseau de chaleur urbain

280

200

200

Bureaux autres cas

200

200

200

Enseignement primaire ou secondaire raccordés à un réseau de chaleur urbain

240

200

140

Enseignement primaire ou secondaire autres cas

240

140

140

 

 

La baisse de cet indicateur en 2025 pour les bâtiments non-raccordés à un réseau de chauffage urbain vise clairement à écarter le gaz naturel et le gaz de pétrole liquéfié du marché de la construction neuve. Restent les solutions hybrides associant une chaufferie gaz et des pompes à chaleur, défendues par GrDF. Mais cela se traduit par un double abonnement et investissement, ainsi qu'un contrat de maintenance plus coûteux, pour un bénéfice d’exploitation annuel qui n’est pas vraiment avéré et dont on ne peut garantir la pérennité. Une chaufferie, même hybride, en tertiaire ou en logements collectifs vit 25 ans.

 

 

Ic construction en kg.eqCO2/m2

 

 

2022 à 2024

2024 à 2027

2028 à 20230

Après 2031

Maisons individuelles ou accolées

640

530

475

415

Logements collectifs

740

650

580

490

Bureaux

980

810

710

600

Enseignement primaire ou secondaire

900

770

680

590

 

Les trois coefficients – Cep, Cep,nr et Ic énergie – sont modulés pour tenir compte des contraintes propres à chaque bâtiment :

– zone géographique ;

– Présence de combles ;

– Surface moyenne des logements ;

– Surface du bâtiment ;

– Catégorie de contraintes extérieures.

 

Le bois se développe en structure : poteaux-poutres, CLT ou les deux à la fois, voire ossature bois. © PP

 

 

Le bois se développe également en ossature bois non porteuse sous forme de mur manteau accroché au gros œuvre, assurant étanchéité à l’air, à l’eau, isolation thermique et acoustique. © PP

 

 

Le bois en bardage connaît un regain de popularité, ainsi que les ouvrants – portes et fenêtres – en bois. Des producteurs français, comme André Menuiserie, par exemple, fabriquent des portes et fenêtres en bois certifiées Passivhaus, donc d’excellente qualité thermique. © PP

 

 

 

PEP et FDES

La baisse de l’indicateur Ic construction doit avant tout inciter les concepteurs à abandonner les DED ou Donnée Environnementale par Défaut au profit des PEP (Profil Environnemental Produit) et FDES (Fiche de Déclaration Environnementale et Sanitaire) portant sur des produits précis. En effet, les DED sont proposées par les pouvoirs publics pour que le calcul environnemental RE2020 puisse aboutir en l’absence de FDES et de PEP.

Il existe d’ailleurs dans la méthode RE2020 un autre indicateur dont le calcul est obligatoire, mais qui n’a pas de valeur réglementaire pour l’instant. Il s’agit de ICded, exprimé en kg eqCO2eq/m2 de SHAB en logement ou de SU en tertiaire. Cet indicateur traduit la part des données environnementales par défaut utilisées dans l’évaluation environnementale du bâtiment. Il suffirait qu’il soit assorti d’une valeur réglementaire pour pénaliser l’emploi des DED. Corollaire immédiat, les fabricants doivent immédiatement produire des PEP ou FDES pour leurs produits et systèmes. Ceux qui n’en ont pas ou se reposent sur les PEP et FDES collectifs produits par des syndicats d’industriels seront pénalisés par rapport aux industriels qui disposent de PEP et FDES individuels.

 

Pour les produits techniques, les PEP ou Profils Environnemental Produits sont l’équivalents des FDES qui couvrent plutôt les matériaux de construction. Toute l’installation électrique relève des PEP. © PP

 

 

 

Et le biosourcé

Autre conséquence immédiate, les produits biosourcés – le bois, la paille, la terre crue ou l’herbe – affichent des empreintes environnementales réduites. De plus, il existe encore un autre indicateur dont le calcul est obligatoire dans la RE2020, mais qui n’a pas non plus de valeur réglementaire pour l’instant : StockC ou Carbone biogénique Stocké, exprimé en kg C/m2 de SHAB ou de SU. C’est la quantité de carbone biogénique stockée dans l’ensemble des composants du bâtiments.

Les matériaux de construction biosourcés, notamment le bois, la paille et l’herbe, stockent du carbone et seraient nettement avantagés si une valeur réglementaire venait à être fixée pour StockC. Bref, PEP et FDES individuels, matériaux de construction biosourcés constituent l’avenir de la construction neuve.

 

La paille est de plus en plus utilisée en isolation thermique répartie, en ITE et même en structure porteuse pour des bâtiments de plain-pied ou en R+1. © PP


Source : batirama.com / Pascal Poggi

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