Le secteur européen de la construction a connu une "année désastreuse" en 2024, fragilisé par des taux d'intérêts élevés couplés à l'inflation, mais une amélioration semble en vue à partir de 2025.
Selon un rapport du cabinet de conseil Bain & Company publié ce jeudi 09 janvier 2025, le secteur européen de la construction a connu une "année désastreuse" en 2024, fragilisé par des taux d'intérêts élevés couplés à l'inflation, mais une amélioration semble en vue à partir de 2025.
Constructions dans l'immobilier résidentiel : le Royaume-Uni s'en tire bien
Le cabinet de conseil dépeint dans ce rapport une situation morose à travers l'Europe pour la construction, tout comme en France. "C'est une combinaison inédite de ralentissements à la fois du côté de l'offre et du côté de la demande", a expliqué à l'AFP Adrien Bron, l'associé chargé de la construction et auteur principal du rapport.
Par exemple, l'activité des nouvelles constructions dans l'immobilier résidentiel (qui ont le plus souffert) a fortement décliné en 2023-2024, toujours selon les estimations de Bain & Company, chutant de :
– de 19 à 21 % en France ;
– de 17 à 19 % en Allemagne ;
– entre - 6,5 et - 8,5 % en Italie ;
– et entre - 2,5 à - 4,5 % au Royaume-Uni.
Mais le cabinet estime que "la lumière est au bout du tunnel", hormis pour l'Italie et la construction dans le résidentiel neuf.
La construction dans le résidentiel neuf devrait reprendre dans la plupart des pays, sauf en Italie (ici, le lac de Garde). © Laure Pophillat
La construction de bureaux devrait elle être encouragée dans tous les pays par les investissements liés aux critères ESG (les enjeux environnementaux, sociaux et de gouvernance d'entreprise).
Enfin, la construction d'infrastructures "devrait rester une valeur sûre, compte tenu des engagements budgétaires importants des pays" face à des infrastructures existantes qui vieillissent, ainsi que le souligne le cabinet dans son rapport.
Quel pays le premier verra le bout du tunnel ?
Les premiers à voir le bout du tunnel devraient être les pays nordiques et le Royaume-Uni. Pour ce dernier, impacté par la crise dans une moindre mesure, une reprise modérée du marché est attendue dès début 2025, grâce notamment à une baisse des pressions inflationnistes.
En France, des facteurs "légèrement positifs" sont prévus, comme des réglementations favorables à la rénovation.
Bain & Company table sur une amélioration du marché courant 2025, en particulier stimulée par le résidentiel, alors que les besoins en nouveaux logements (estimés à 400 000 maisons par an) sont supérieurs à l'offre.
Les incertitudes politiques pourraient freiner la reprise allemande et française
Pour l'Allemagne, le rapport anticipe une reprise plus tardive de l'activité, fin 2025 ou début 2026, surtout grâce aux infrastructures. Toutefois, en France, dirigée par un tout nouveau gouvernement, et en Allemagne (des élections fédérales sont prévues le 23 février), l'incertitude politique pourrait retarder la sortie de crise.
En Allemagne, les élections fédérales prévues le 23 février 2025 pourraient retarder la sortie de crise (ici, Fribourg-en-Brisgau). © Laure Pophillat
"Il y aura des retards des investissements du secteur industriel jusqu'à ce que la situation politique soit résolue et que la politique commerciale devienne planifiable à beaucoup plus long terme", a relevé Adrien Bron.
Source : batirama.com / AFP / Laure Pophillat