Le gouvernement princier a lancé un appel à candidatures dans le cadre du projet "Brasca", qui concerne la réalisation d'une liaison expresse souterraine entre le Rocher et Èze.
C'est parce qu'à Monaco tout le monde ne roule pas à vélo (ni en Audi e-tron GT, en Bugatti W16 Mistral, ou encore en Delage D12) qu'un projet de métro, lancé par la Principauté, a été sérieusement évoqué. Il pourrait même devenir réalité dès 2031, ce qui ferait de Monaco le plus petit État du monde doté d'un métro.
En effet, le gouvernement princier a publié, le 11 octobre dernier, un appel à candidatures pour "la conception, la construction, le financement, l’exploitation et la maintenance d’un système de transport". Ledit appel évoque un parking au lieu-dit "La Brasca", situé sur les communes d’Èze et de La Turbie, ainsi qu'une liaison expresse souterraine entre ce dernier et Monaco. Alors, qui veut candidater ?
Une idée de la Principauté
Tout en étant l'un des états avec la densité de voitures de luxe au mètre carré la plus impressionnante, Monaco rêve d'un métro car la Principauté souhaite désengorger l’accès à son territoire. Il existe évidemment une ligne de TER, exploitée par la SNCF sur l’axe Grasse-Cannes-Nice-Monaco-Vintimille, mais elle est souvent saturée, sans compter les retards réguliers de la SNCF et les embouteillages conséquents. La gare de Monaco est l’une des plus importantes sur la Côte d’Azur, juste derrière celle de Nice : en 2023, elle a enregistré plus de 8 millions de voyageurs. La plupart des monégasques, comme des touristes, voyageurs d'affaires et Français travaillant dans la Principauté (400 000, il faut le rappeler) continuent à favoriser la voiture. Surtout qu'entre une Bentley Flying Spur et un TER de la SNCF, il n'y a pas photo !
Le département de l’Équipement, de l’Environnement et de l’Urbanisme du Gouvernement Princier a donc fait savoir qu’un appel à candidatures (au Journal Officiel de Monaco, en date du vendredi 11 octobre 2024) pour la "conception, la construction, le financement, l’exploitation et la maintenance d’un système de transport composé notamment d’un parking au lieu-dit La Brasca sur les communes d’Èze et de La Turbie ainsi que d’une liaison expresse souterraine entre ce dernier et Monaco est ouvert".
Le terrain de la Brasca, d'une superficie de 20 hectares, appartenait initialement à la commune d'Èze. Mais la Principauté l'a racheté en 2017, pour la somme de 20 millions d'euros. Il est notamment utilisé par l'Automobile Club de Monaco pour le Grand Prix ou le Rallye du Monte Carlo. Cette immense aire permet aujourd'hui d'entreposer du matériel logistique dans le cadre de ces rendez-vous internationaux. © Cyril Dodergny / Monaco-Matin
Quel trajet, pour ce métro ?
Le métro relierait un méga parking de 3 500 places, aux confins de la Principauté, jusqu'au centre, et ce dans l'optique de réduire significativement la circulation en ville. Le parking serait donc construit sur le lieu-dit "La Brasca". Il intègrerait :
– la gare voyageurs, d’une capacité de 2 400 passagers par heure et par sens dans un premier temps (la capacité pourrait ensuite être portée à 3 600 voyageurs) ;
– Un centre de remisage comme de maintenance des futurs trains ;
– Une zone de distribution logistique (stockage, groupage-dégroupage et massification des livraisons) ;
– Et une liaison souterraine permettant de relier le site de "La Brasca" à Monaco et disposant, a minima, de la gare souterraine de voyageurs située dans Monaco, à créer entre l’îlot Charles III et la Place d’Armes (seule gare prévue à ce jour de manière certaine au sein du territoire monégasque).
La future ligne de métro comprendrait dans un premier temps une unique gare en centre ville. Les autorités songent à la situer entre la Place d’Armes, près du marché de La Condamine, et l’îlot Charles III. Ce dernier, en lisière de Cap-d’Ail, à l’ouest de la Principauté, est la dernière vaste surface foncière à construire de la principauté. La vidéo permet de se rendre mieux compte de la densité de constructions comme de population (19 000 habitants au kilomètre carré) du Rocher.
Un métro qui pourrait aller jusqu'en Italie
Une prolongation de la ligne et/ou la création d’autres stations au sein du territoire monégasque pourront être proposées par les candidats dans le cadre de la négociation. En tout état, les candidats devront s’assurer que le matériel choisi et le dimensionnement des infrastructures et des équipements permettent une extension ultérieure, en particulier avec la possibilité d’étendre cette ligne de métro aussi bien vers Menton et Vintimille, en Italie, que plus à l’ouest en France. Ces prolongements pourraient également inclure d’autres stations à Monaco.
Enfin, une "attention particulière sera portée à l’insertion du projet dans l’environnement et au respect du voisinage, des sites et paysages ainsi qu’à la gestion durable de l’énergie et des déchets, tant durant les phases de réalisation qu’en exploitation" précise l'appel. Dans ce contexte, la mise en œuvre du projet sera soumise à la signature préalable d’une convention bilatérale entre la France et Monaco. "Les différentes composantes et attentes relatives à cette mission seront détaillées dans un dossier de consultation qui sera remis, après sélection des candidatures, aux candidats invités à déposer une offre, avant négociation."
Comment candidater ?
Les dossiers de candidature devront être expédiés par courrier recommandé avec accusé de réception ou remis contre récépissé, avant le 28 février 2025 à 12h00, à l’adresse suivante : département de l’Équipement, de l’Environnement et de l’Urbanisme, Ministère d’État, Place de la Visitation – BP 522, MC 98015 Monaco Cedex. Pour plus d’informations, il est recommandé de contacter M. Sébastien Corbon, par téléphone (+ 377 98 98 95 36) ou par mail (brasca@gouv.mc).
Les candidats ont jusqu’à février 2025 pour déposer leur dossier. L’investissement prévu est de 1,2 milliard d’euros, avec un objectif de 6 à 8 ans entre la signature du contrat avec le futur concessionnaire et la mise en service.
En attendant cette date, la SNCF a amélioré la fréquence de ses trains depuis le 15 décembre 2024, avec des rames toutes les 15 minutes entre Cannes et Menton, ce qui inclut de fait Nice et Monaco. Cela représente 20 000 places supplémentaires par jour.
Source : batirama.com / Laure Pophillat