Coup de rabot dans MaPrimeRénov' et année morose : des artisans du bâtiment sous tension

La volonté du gouvernement de raboter en 2025 le budget de MaPrimeRénov', principale aide à la rénovation, a cueilli à froid les artisans du bâtiment, déjà plombés par une année morose.

La volonté du gouvernement de raboter en 2025 de 768 millions d'euros supplémentaires le budget de MaPrimeRénov', principale aide à la rénovation, a cueilli à froid ce mardi 21 janvier 2025 les artisans du bâtiment, déjà plombés par une année morose, lors du point presse de la Capeb.

 

 

 

Les difficultés des artisans du bâtiment se sont accentuées en 2024

Malgré des signaux encourageants, tels que le recul des taux d'intérêt moyens des nouveaux prêts immobiliers et le ralentissement de l'inflation à 1,3 % sur un an, les difficultés des artisans du bâtiment se sont accentuées en 2024, ainsi que l'a indiqué la Confédération de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment lors de son point presse.

L’artisanat du bâtiment signe, au 4e trimestre 2024, son septième trimestre de baisse consécutive. L’année s’achève avec un recul moyen de - 3,9 % du volume d’activité, avec une contribution largement négative de la construction neuve (- 8,5 % sur l’année en moyenne). L’entretien-amélioration ( (60 % du chiffre d’affaires des entreprises artisanales), pourtant plus résilient, recule également et termine l’année sur une tendance moyenne de - 1 %. Les travaux de performance énergétique ne permettent pas de redresser cette tendance générale : d’abord plus résistants que les travaux d’entretien-amélioration dans leur ensemble, ils ont finalement reculé au même rythme que ces derniers au 4e trimestre (- 1,5 %), enregistrant ainsi un repli de  -0,5 % en moyenne sur l’année 2024.

Par rapport au 4e trimestre 2023, le volume d’activité diminue de - 6 %, portant la tendance annuelle à une baisse de - 3,9 %. Ce ralentissement s’explique en grande partie par l’effondrement de la construction neuve, qui enregistre une chute de - 13 % au dernier trimestre et de - 8,5 % sur l’année, avec des autorisations et mises en chantiers toujours en déclin sur 12 mois.

La demande de travaux peine à se redresser malgré l’amélioration du pouvoir d’achat induite par le ralentissement de l’inflation et la reprise des crédits à l’habitat depuis mars 2024.

Les ventes de logements anciens cumulées sur 12 mois, qui sont génératrices de travaux, ont poursuivi leur repli et demeurent sous la barre des 800 000 logements vendus en octobre 2024.

Dans toutes les régions, hormis en Île-de-France, le recul de l'activité s'accentue au 4e trimestre. © Capeb

 

 

 

Tous les corps de métier impactés

Tous les corps de métier sont impactés, mais la maçonnerie et la menuiserie-serrurerie subissent les baisses les plus marquées, avec une contraction de 6,5 % au 4e trimestre. Les métiers de l’électricité et de la décoration-plâtrerie affichent une meilleure résistance, bien que leur activité décroisse de 5,5 %. Ces difficultés se retrouvent également à l’échelle régionale, où toutes les zones, à l’exception de l’Île-de-France, font face à une accélération du recul d’activité.

Les difficultés sur l’activité ont eu des conséquences directes sur la robustesse des entreprises : en 2024, chaque trimestre, plus d’une entreprise artisanale sur cinq a fait état de besoin de trésorerie. L’emploi salarié a également été impacté. Au 3e trimestre 2024, 21 200 salariés de moins qu’au 3e trimestre 2023 étaient recensés (- 2,5 %).

 

Cette orientation négative devrait se poursuivre sur la première partie de l’année 2025. En effet, 11 % des entreprises rapportaient envisager de licencier ou ne pas renouveler des contrats au premier semestre 2025, contre seulement 8 % envisageant de recruter. © Capeb

 

 

 

Une "erreur de prescription médicale" du gouvernement (dixit Jean-Christophe Repon)

Les carnets de commandes se stabilisent autour de 72 jours, "mais cette visibilité ne suffit pas à soutenir l'emploi dans un contexte d'incertitude politique et d'absence de budget qui alimente l'attentisme", observe encore le syndicat patronal.

Évoquant une "erreur de prescription médicale" du gouvernement, qui privilégie la relance de la construction neuve pour enrayer la crise du logement, le président de la Capeb Jean-Christophe Repon a martelé que l'Hexagone était sur une "bonne tendance" de constructions neuves "compte tenu de la pyramide des âges" prévue en 2050.

 

"Cette faute politique est inexcusable", a estimé Jean-Christophe Repon, ici en photo, évoquant une "mort lente de l'artisanat". Il a par ailleurs vivement critiqué la "volatilité du gouvernement" sur le front des aides à la rénovation, dont la principale d'entre elles, MaPrimeRénov'. © Émilie Wood

 

 

Un amendement gouvernemental examiné ce mardi 21 janvier 2025 au Sénat prévoit d'annuler 534 millions d'euros de crédits de paiement pour l'amélioration de l'habitat.

Le budget de MaPrimeRénov' avait déjà été ramené de 4 milliards à 2,3 milliards dans le précédent projet de budget prévu par le gouvernement Barnier. "Le gouvernement a une vision uniquement budgétaire du budget de la rénovation énergétique", a déploré Jean-Christophe Repon, évoquant "une forte exaspération de l'ensemble des artisans du bâtiment" et la "sensation que les arbitrages sont toujours défavorables aux PME et aux TPE".

 


Source : batirama.com / AFP / Laure Pophillat

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